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Critique de Zebra


C'est en 1997 que Robin Cook, maître du thriller médical, écrit « Invasion », un ouvrage de 382 pages dont la couverture vous donnera déjà une idée du contenu : du sang, des virus et quelques têtes de mort. Ambiance !

Tout commence par un mystérieux disque noir, lisse, présentant huit dômes minuscules à sa périphérie, fait d'une matière inconnue, gros comme une pièce d'un dollar, avec lequel Beau, un étudiant californien, se blesse au doigt alors qu'il l'examine. Ressentant des douleurs musculaires, pris d'une violente migraine et d'une fièvre carabinée, Beau est conduit aux urgences avec tous les symptômes d'une grippe foudroyante. Pendant son sommeil au CHU, le disque noir que Beau avait négligemment mis dans sa poche le bombarde d'ondes électromagnétiques : miracle, Beau se réveille rapidement, guéri. Il quitte le CHU. mais visiblement son comportement a changé. Ainsi, il prévient Cassy, sa meilleure amie, qu'il va y avoir dans les prochains jours une pluies de météorites, mais il est incapable de lui donner la source de son information ; puis, en promenant son index le long d'un aquarium, il réussit à faire « venir à lui » tous les poissons qu'il contient ; et la nuit, avec Cassy, Beau se révèle un amant idéal et passionné, celui dont toutes les femmes ont toujours rêvé. Devenu euphorique mais déroutant, Beau étonne d'abord puis il finit par inquiéter son entourage.

Dans « Invasion », Robin Cook ménage le suspense qui va en montant, crescendo. La modification du comportement de Beau proviendrait d'un virus, et ce virus propagé par ce disque noir ne serait pas d'origine terrestre. Diable ! L'épidémie se répand lentement, mais surement car les disques se multiplient. L'épidémie ne tue pas, en tous cas pas celles et ceux qui n'ont pas de pathologie sévère (diabète, insuffisance respiratoire chronique …), mais elle provoque une modification des comportements chez tous ceux qu'elle touche : ceux-ci, comme s'ils avaient subi un lavage de cerveau, s'agrègent progressivement au « Château », magnifique résidence appartenant au PDG de Cipher Software et située dans un paysage verdoyant. Sous la houlette bienveillante mais attentive de Beau, assistant personnel du PDG, cette communauté d'individualités récemment contaminées se réunit (page 186) en une sorte de secte prosélyte, organisé comme un réseau. Ce réseau autorégulé, qui partage les mêmes idées, la même vision du monde et sait ce qu'il a à faire, travaille avec docilité, discipline et enthousiasme pour une cause commune, attendant avec impatience la venue d'êtres venus d'ailleurs, bons et soucieux de ne plus gaspiller les ressources de la Terre, militant ainsi pour « un nouveau départ ». Les « inchangés » (entendez, ceux qui n'ont pas été contaminés) tentent de lutter pour se prémunir de toute contamination par le virus : la chasse à l'homme est lancée, impitoyable (page 220) …

« Invasion » tient autant du thriller que de la SF. Globalement bien construit, original, doté d'un scénario séduisant, le livre se lit facilement, présente quelques passages empreints d'une poésie accessible à des enfants de CM1 et met en oeuvre un suspense agréable. le livre pourra toutefois décevoir par son écriture qui « fait » amateur (tout est très visuel, les dialogues qui représentent 85% du texte sont à prendre au premier degré), par sa longueur excessive (le livre pourrait être raccourci de 50 à 80 pages), par son manque de tension (en fait, il n'y a de tension réelle qu'à partir de la page 241, au moment où Beau donne l'ordre à ses troupes de contaminer au plus vite tous les « inchangés » afin que le nouveau départ puisse avoir lieu), par ses personnages assez peu « travaillés » (le lecteur aura peut être l'impression de visionner un film de série B), entrant et sortant au fil des épisodes dans un fouillis dont seuls Beau et Cassy semblent se dégager, et par une fin toute à l'américaine, en ce sens que, évidemment, les vilains seront punis et les bons seront récompensés. Contrairement à d'autres lecteurs, je n'ai pas été choqué par l'emploi de termes médicaux ou techniques : chirurgien de formation, Robin Cook n'aura pas hésité à glisser quelques mots et expressions qui crédibilisent la thèse qu'il énonce (lire les pages 299 et 300 pour en savoir plus !). de plus, le lecteur pourra toujours zapper les explications médicales fournies par Robin Cook sans y perdre dans la compréhension globale du livre. J'ai regretté le peu d'humour et le manque de courage de l'auteur : s'agit-il d'un roman de SF qui pose la question de l'origine de la vie sur Terre, privilégiant la thèse d'une « assistance » extraterrestre, ou s'agit-il d'un roman qui milite contre la prolifération des sectes, aux États-Unis comme ailleurs ? L'auteur nous laisse le choix ; c'est parfait, mais d'autres options étaient tout aussi défendables.

En conclusion, vous avez entre les mains un livre assez intéressant si vous ne connaissez pas (bien) Robin Cook, un auteur facile dont les livres se lisent sur la plage, en quelques jours, sans risque de « prise de tête », avec un texte immédiatement compréhensible, des chapitres aérés permettant de faire des pauses et une fin heureuse, pleine d'optimisme, malgré quelques victimes.
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