S'il y a bien un nom que l'on associe à la dark fantasy, c'est celui de
Glen Cook. Et par extension, celui de sa Compagnie Noire.
Cela faisait des années que ce beau pavé traînait dans ma PAL. Je me suis dit qu'il était temps de voir ce qu'il me réservait. Autant dire que l'aventure n'a pas été de tout repos !
Je pense qu'il y a des romans qui se méritent parfois, de par les difficultés qu'ils peuvent poser au lecteur. Ce n'est pas là un jugement de valeur, juste une constatation. le Trône de Fer en fait partie, à mon sens, de par la complexité de l'intrigue et la multiplicité des personnages et des points de vue, sans compter le niveau de langue utilisé pour la traduction française. En un sens, Les Annales de la Compagnie Noire en font partie aussi à mes yeux.
La raison en est simple : l'auteur prend le parti de raconter son histoire par les yeux de son personnage principal, Toubib, qui tient les annales de la compagnie de mercenaires. En d'autres termes, nous lisons ici une sorte de carnet de bord, subjectif et ne présentant finalement que des éléments d'intrigue. L'univers ? le contexte précis ? On le déduit à travers les annales. Ou pas. Il m'est arrivé de me sentir perdue. Sans compter qu'il n'y a pas de carte pour se retrouver, et que les noms des villes comme des personnages sont pour le moins particuliers, à base de noms communs. Difficile même de savoir s'il s'agit toujours de surnoms pour les personnages (c'est confirmé pour Chérie ou Corbeau, par exemple), ou si certains ont vraiment ces noms communs pour sobriquets.
Je ne vais pas mettre en doute la qualité du récit ou de l'écriture. On arrive à s'attacher follement à ces gredins qui n'ont rien de blancs chevaliers, au contraire. On est dans la crasse avec eux, on contemple tous leurs mauvais côtés. Mais les bons aussi. Et on s'y attache. On les apprécie. Et on souffre avec eux. J'ai particulièrement apprécié Corbeau, Toubib et la Dame. Gobelin et Qu'un-Oeil aussi, par la même occasion.
Pourtant, je dois avouer que j'ai eu du mal avec ma lecture, par moment. L'ensemble dégage parfois une indescriptible sensation de fouillis. Dans le premier tome, j'avais l'impression de suivre une intrigue tout en ignorant une grande partie de l'univers, des enjeux, des tenants et aboutissants. On en sait assez pour suivre, mais pas plus. Comme de bons soldats, ou des mercenaires payés pour agir et pas pour comprendre. Effet voulu par l'auteur ? C'est possible.
J'ai eu moins de mal avec le second tome de l'intégrale, qui est mon préféré, et que j'ai trouvé plus clair mais aussi oppressant, un peu dans une veine horrifique. Pour le dernier tome de l'intégrale, j'ai eu énormément de mal à entrer dans l'intrigue, jusqu'à la moitié du volume où le tout prend une tournure intéressante.
En bref, l'expérience a été mouvementée, mais il y a de belles qualités dans cette saga. Je comprends aisément qu'il y ait autant de fans. Néanmoins, je pense que ce n'est sans doute pas un récit à la portée de tous. Pour autant, il ne faut pas se priver de tenter l'expérience pour se faire sa propre idée !