Citations sur Les Annales de la Compagnie Noire, Tome 3 : La rose b.. (17)
La plupart des dieux sont des névrosés mégalomanes et paranoïaques, à en croire ce qu'en disent leurs propres adorateurs.
"- J'ai peur, Stance. Quel que soit mon choix. C'est ce qui arrive quand on vieillit. Le changement effraie.
- 'pa...
- Je parle de la mort des rêves, fiston. De la fin des grandes aspirations échevelées qui te poussent de l'avant. Les rêves impossibles. Les joyeuses prétentions de ce genre sont mortes. En ce qui me concerne. Tout ce que je vois, c'est un chicot carié dans un sourire de tueur."
S'il faut en croire les menhirs - et ils ne mentent que par omission ou faux-fuyant -, la plaine de la Peur compte plus de quarante espèces douées d'intelligence. Parmi celles que je connais : les menhirs, les arbres marcheurs, les baleines de vent et les mantes, quelques poignées d'humains (des primitifs ou des ermites), deux espèces de lézards, des oiseaux de la famille du busard, des chauves-souris géantes blanches et une bestiole extrêmement rare qui ressemble à un chameau centaure assemblé à l'envers, c'est-à-dire dont le corps humainoide se trouve à l'arrière. La créature court vers ce qu'on aurait tendance à prendre pour son postérieur.
Pendant toutes ces années de fuite, les forces de la Dame nous avaient rattrapé en plusieurs occasions. Le Pont de la Reine avait été la pire. Une centaine de nos gars y avaient trouvé la mort et à ma grande honte j'y avais laissé les annales enterrées dans une berge de la rivière. Quatre cents ans de chroniques de la Compagnie abandonnées. Depuis, des bouffées de culpabilité me taraudaient régulièrement. Je dois répondre aux ombres des compagnons disparus. Ces annales sont la Compagnie noire. Tant qu'elles existent, la Compagnie survit.
Maudit temps assassin, je sens ton haleine glacée. J'entends tinter tes sabots ferrés.
" Chaque fois que je m'arrête devant un miroir je n'en reviens pas. Je me demande qui s'est emparé de mon enveloppe physique. Un vieux bouc repoussant, à ce que je peux en juger. De ceux que je raillais ouvertement quand j'avais vingt ans. Il me fait peur, Stance. Il a l'air à l'article de la mort. Je suis prisonnier de lui, et je ne me sens pas prêt à passer l'arme à gauche."
Le bloc de roche a gloussé à nouveau.
Il me surplombait du haut de ses presque quatre mètres. Celui-là était de taille moyenne. Ceux qui atteignent les cinq mètres bougent rarement.
J’avais des rêves, jadis, des rêves que je n’ai toujours pas oubliés. Dans mes mauvais jours, je les dépoussière et les caresse avec nostalgie, et avec un étonnement condescendant devant la naïveté de cette jeunesse qui les avait conçus.
-Les dieux existent-ils Toubib ?Je n’y ai jamais cru.
-Je ne sais pas dame.je n’ai vu que billevesées dans toutes les religions que j’ai pu rencontrer. La plupart des dieux sont des névrosés mégalomanes et paranoïaques , à en croire ce qu’en disent leurs propres adorateurs Je ne comprends pas comment ils pourraient survivre à leur propre folie.
La vie n’est qu’un cri éphémère dans les mâchoires de l’éternité.