Avec ce huitième tome des « Annales de la Compagnie noire », nous retrouvons notre bande de mercenaires toujours embourbée au même endroit depuis maintenant près de quatre tomes. La lutte contre les Maîtres d'Ombres se poursuit et la compagnie en est toujours à tenter de déjouer les manigances de leurs trop nombreux ennemis. Il faut dire qu'entre Volesprit et les autres Asservis, les Maîtres d'Ombres dans leur citadelle, sans compter les dirigeants politiques et religieux locaux, certains peuples indigènes et j'en passe, il y a de quoi faire ! Plus les tomes défilent et plus on se rend compte que
Glen Cook a minutieusement tissé une toile d'une remarquable complexité et dont on ne distingue pourtant pas encore tous les fils. Cela en devient même parfois trop complexe, trop embrouillé : on ne sait plus où on en est, qui sont tous les acteurs et quels sont leur rôle, quels sont les enjeux... L'absence de carte commence également a devenir problématique à mesure que la compagnie multiplie les déplacements, à tel point qu'il devient difficile de se faire une idée précise de la configuration géographique de la région et de l'évolution de leur progression.
Cette fois encore c'est Murgen qui assume le rôle d'analyste pour la compagnie. Un rôle qui lui va d'ailleurs plutôt bien, même s'il lui est difficile de faire oublier le Toubib des premiers tomes. Et en ce qui concerne ce dernier, la transformation est bluffante. C'est à peine si l'on parvient à reconnaître le personnage attachant du début de la série, peu désireux d'assumer un poste de commandement et obnubilé par la Dame, aujourd'hui devenu chef de guerre sûr de lui et au tempérament peu amène. Madame se fait pour sa part beaucoup plus discrète dans ce tome-ci, voire un peu trop à mon goût (il faut dire aussi qu'il s'agit de mon personnage favori car de loin le plus ambivalent). En ce qui concerne l'intrigue, rien de bien nouveau non plus : le lecteur comme les protagonistes demeurent dans le flou les trois-quart du récit, jusqu'à ce que, dans les dernières pages, les rebondissements s'accélèrent. Malgré tout, on continue de suivre avec intérêt et curiosité les pérégrinations de cette tenace compagnie en quête de leurs origines à propos desquelles
Glen Cook se fait pour le moment toujours aussi sibyllin.
Un huitième tome dans la droite lignée des précédents et qui ne se révèle pas franchement déterminant pour la suite de l'histoire, même s'il ne faut pas oublier qu'il s'agit là uniquement de la première partie de « Elle est les ténèbres », un des rares volumes de la série à avoir fait l'objet d'un découpage. Qui sait, la suite se révélera peut-être plus riche en action et en révélation...