Les Leçons du mal

Gâté par le sort, je n'ai pas su voir les ténèbres ni ce qu'elles dissimulaient. Jusqu'au moment fatidique le mal s'est tenu à distance, circonscrit à des simples notes de cours sur les crimes perpétrés par des armées, des foules et des individus sanguinaires, auteurs d'actes abominables que j'exposais avec passion à mon auditoire d'élèves captifs.

La jeunesse, comme on dit, est un autre pays.

La jeunesse est faite pour être gaspillée.

Je trouve que le coeur est meilleur lecteur que l'esprit (...)

S'habituer à souffrir, c'est l'étoffe dont est faite la vie.

Mais si le passé, une fois passé, est d'une approche facile, c'est à l'aveuglette que nous nous enfonçons dans l'avenir, par petits pas et faux pas, travaillant toujours dans l'ombre.

Nous travaillons dans l'ombre - nous faisons ce que nous pouvons - nous donnons ce que nous avons.
Le doute est notre passion, et la passion est notre devoir. Le reste est folie de l'art.

Henry James, Les années médianes

La réponse à une question qui vient du fond de ton cœur (…) le brise toujours.

Autrefois, c’était une ville typique du Sud, avec sa place du tribunal bordée de boutiques construites avec le bois débité et raboté à la scierie locale. À présent, c’est une ville « américaine », plus ou moins semblable à n’importe quelle autre. Les anciens magasins ont cédé la place à des marques franchisées qui vendent les mêmes produits à Providence ou à San Diego. Notre « artisanat régional » est fabriqué en Chine. À la fin de la journée, les citadins font la queue dans des voitures japonaises pour recevoir leur pitance dans des sacs en papier que leur tendent des adolescents coiffés d’une casquette de papier. Leurs enfants sont obèses, incultes et, pour la plupart, inexpérimentés. Ils regardent des films sur des iPods et ne lisent pour ainsi dire jamais. Le plus beau de tout, du point de vue d’un vieil homme, est qu’on leur a appris que l’amour pouvait être offert sans discernement, et que, par conséquent, ils grandissent étrangers à tout sentiment de honte. (p.237)

Quand on vous enlève un père, on vous enlève une jambe.