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EAN : 9782246812371
128 pages
Grasset (09/01/2019)
3.41/5   106 notes
Résumé :
Dans un village et un temps reculé, un monstre croque la joue et l’épaule d’un bébé laissé quelques instants seul par sa mère, puis repart tranquillement vers la forêt. Il est bientôt rattrapé par une horde d’hommes décidés à le tuer, mais dans le monde des hommes, la justice, comme la mort, se rendent au tribunal. Même si le monstre en question est un cochon qui n’a ni conscience ni parole pour se défendre. Peut-on se faire entendre sans mots ? Les gendarmes l’em... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (33) Voir plus Ajouter une critique
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Originalité et questionnements rythment ce roman d'un auteur que j'ai découvert grâce à son roman Octobre que j'avais beaucoup apprécié. Ici, nous rentrons en scène dans l'absurdité la plus brute, il y est question du procès d'un cochon accusé du meurtre d'un nouveau-né. Certes absurde, cette coutume de juger des animaux était monnaie courante au moyen-âge.
Dans notre société moderne, juger un cochon paraît ancestral et relève à travers l’allégorie de la frontière entre réalité et surréalisme.
Sous les traits d'une pièce de théâtre, on retrouve les quatre actes : le crime - le procès - la sentence - le supplice.

C'est un roman à la plume très agréable, fluide et limpide relevant à partir de l'allégorie du cochon les questions élémentaires de la responsabilité, du jugement. Certains actes peuvent ils être absurdes selon le protagoniste derrière l'acte ? Quelle est la frontière entre la réalité et le surréalisme ?
En conclusion, un roman que j'ai beaucoup apprécié et qui m'a fait tantôt sourire tantôt réfléchir.
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A l'heure de #balancetonporc et du nouvel an chinois, le cochon c'est tendance.
Pourtant ce nouveau roman d'Oscar Coop-Phane ne joue pas sur l'actualité, a priori, puisqu'il s'inspire d'un phénomène révolu : les procès d'animaux.

Révolu, mais pas moyenâgeux non plus, car en Europe c'est jusqu'au milieu du XVIIIème siècle qu'à l'instar des hommes, les animaux de tous poils (hu hu) pouvaient être déférés devant les instances judiciaires, voire ecclésiastiques, puis jugés et lynchés en bonne et due forme.
Etonnant non ?

Je ne sais pas vous, mais moi pour ma part j'ignorais tout de cette pratique insolite.

Oscar Coop-Phane a choisi de l'illustrer ici à travers le sort funeste d'un malheureux goret mangeur de bébés. Oui, bon, croquer la joue d'un nouveau-né ça fait pas franchement dans le réglementaire, mais ce qui de nos jours serait qualifié d'effroyable accident, relève ici de l'accusation de meurtre prémédité dont le responsable doit être impitoyablement châtié.

Du crime en lui-même à l'abjecte exécution du "coupable", en passant par le procès proprement dit, voilà une courte chronique kafkaïenne ramassée en cinq chapitres concis, quatre actes d'une tragédie absurde, suivis de leur épilogue. On y savoure l'écriture toujours singulière et percutante d'un jeune auteur que je me faisais une joie de retrouver.

Pourtant, c'est assez nauséeuse que j'ai terminé cette lecture, bien plus sordide que divertissante à mon sens, et les réflexions qu'elle sous-tend quant à la fonction de la justice ou à l'autorité du langage n'ont pas suffi à me séduire totalement (sans doute aussi à cause de Porcinet que j'ai trop pris en pitié je crois, mon amour des bêtes me perdra).

Chance et prospérité pour cette année du cochon, il parait. Soit, mais là c'est plutôt sale temps pour les gorets.


Ҩ


Une découverte que toutefois je ne regrette pas. Un grand merci donc à Babelio et aux Editions Grasset d'avoir exaucé mon souhait.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Dans une maison à l'orée d'un bois, un bébé est victime d'un crime atroce. Un individu l'a affreusement mutilé, mordu aux joues et à l'épaule. L'enfant ne survivra pas, et le criminel sera vite rattrapé et jugé.

Le procès du cochon est un court texte de fiction basé sur la pratique (anecdotique mais non moins réelle) du jugement des animaux homicides, en France, au moyen-âge notamment (on connaissait le porc régicide ayant changé l'Histoire de France, ici l'idée de départ vient d'un procès fait à une truie au XIVe pour avoir agressé un enfant).
Si le propos de cette pratique peut entraîner de long et intéressants débats, le texte présenté ici ne cherche pas à le faire, ni à nous informer sur le sujet. Il s'agit plutôt d'un exercice de style partant de cette idée. Un exercice qui fonctionne très bien avec une plume agréable, surtout une partie initiale où le suspect n'est pas nommé et où le doute plane quant à sa nature. J'avoue avoir trouvé cela bien réalisé et plaisant (homme ou animal ?). Malheureusement, le terre à terre revient rapidement et on ne retrouve rien de plus qu'un simulacre de procès, expédié, durant lequel l'accusé ne parle pas, et où les maladroites tentatives de défense ne font pas le poids face à la peine capitale... n'est pas Badinter qui veut.
Vient enfin l'exécution, qui s'articule autour de personnages "divers" (le bourreau, un maton, le légiste... exercice de style encore ?) pour un final sans surprise.
Exit la religion, pourtant souvent étroitement associée à ce type de pratiques et jugements. Dommage.

Le bilan est donc mitigé sur l'intérêt du texte. Beaucoup de bruit pour rien dirai-je. S'il est toujours intéressant de faire connaître une pratique certainement oubliée, mieux vaut aller voir du côté de Michel Pastoureau pour plus d'infos. le texte reste assez peu mémorable, très perfectible (on a du mal à se représenter le contexte, tant des éléments d'époques diverses se mêlent) mais d'une écriture toutefois plaisante.

Merci aux éditions Grasset et à Babelio pour cette Masse Critique (reçue tardivement ^^).
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Conte cruel et réflexion sur la justice et la culpabilité, le procès du cochon permet à Oscar Coop-Phane de remettre au goût du jour une pratique ancestrale oubliée: juger les animaux.

Pensionnaire de la Villa Médicis pour la littérature, on se souvient qu'Oscar Coop-Phane nous avait offert avec Mâcher la poussière un roman «italien», mettant en scène un baron condamné à rester cloîtré dans un palace après avoir tué un mafioso. S'il est toujours question de réclusion ici, elle est de toute autre sorte. Dans ce drame en quatre actes, on va juger l'auteur d'un crime abominable dont le récit ouvre le livre: « Là-bas, devant la porte, dans un couffin en osier, un bébé gazouillait à l'ombre. Il s'approcha. Il n'avait jamais vu d'aussi près un si jeune enfant. Il aperçut les joues roses, les bras nus et replets. Leurs regards se croisèrent. Au loin, on entendait quelques oiseaux piauler. le temps semblait se suspendre. Il se pencha sur le couffin, sentit la peau d'abord, le savon et les huiles, puis il mordit avec force, la joue, l'épaule. »
Après l'émoi suscité par cette sauvage agression, on part à la recherche de l'assassin. le rôdeur va finir par être débusqué. C'est un cochon. Mais qu'à cela ne tienne, il devra rendre des comptes. Dans Les Animaux célèbres, Michel Pastoureau raconte une histoire similaire survenue en 1386, à Falaise, en Normandie. On y jugea une truie qui avait dévoré le visage d'un nourrisson.
Avec malice, Oscar Coop-Phane s'inspire de cette pratique moyenâgeuse pour son conte. Il confie l'«affaire du croqueur de joues» au commissaire Stéphane Lapostrof. «Le croqueur avait croqué. Lapostrof jouerait son rôle. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il pourrait compter sur sa silhouette. le tribunal se chargera d'apaiser les colères.» le procès est rondement mené puisque le suspect ne s'est pas défendu. Et s'il n'a pas davantage avoué son crime, il n'en est pas moins condamné.
En quelques pages, quelques questions essentielles viennent d'être soulevées. Quel est ce droit qui, faisant fi de la présomption d'innocence, condamne avant même d'avoir entendu les deux parties? Quel peut être la valeur d'un tel jugement? Les principes de la justice ne sont-ils pas bradés face à une opinion qui crie vengeance? Alors que commence l'attente jusqu'à l'exécution de la sentence, toutes ces questions ô combien actuelles sont offertes au lecteur. À l'heure où on propose à tout un chacun de «balancer son porc», ce court roman montre les limites de l'exercice. Au bout du compte, le monstre n'est peut-être pas celui que l'on croit.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Peut-on juger l'inhumain ? le sans conscience ? L'animal ?

Le Procès du cochon d'Oscar Coop-Phane est un conte ou plutôt, une fable sombre et immorale, s'appuyant sur les procès d'animaux qui subsistèrent en France jusqu'au XVIIe siècle.

Une tragédie en 4 actes + 1, qui voit notre cochon errant et affamé se rassasier d'un morceau d'humain trouvé sur son chemin. Horrible… Surtout lorsqu'il s'agit des joues d'un nourrisson dans son couffin, qui n'y survivra pas.

Peu importe l'animal, la justice des hommes se met en place et déroule sa procédure méthodique et implacable : arrestation, emprisonnement, enquête, interrogatoire, procès, sentence.

L'animal ne peut s'exprimer ? Et alors ? Il ne nie pas ; sa culpabilité est donc évidente.

C'est court, c'est subtil et porteur de profondes réflexions à peine cachées sur l'inadaptation de notre système judiciaire à juger – et au passage à écouter voire à comprendre – ceux qui sortent de son cadre. le tout devant le regard – ou l'aveuglement - complaisant et satisfait des citoyens binaires que nous sommes tous un peu.

Si la l'analogie de la fable fonctionne dès le début, elle finit cependant par être un peu convenue et donc attendue, atténuant la portée d'une réflexion qui aurait sans doute mérité quelques pages de plus. Reste quelques délicieux passages, comme celui de la sentence particulièrement sombre et grandiose.
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critiques presse (1)
Bibliobs
05 février 2019
Ecrit au cordeau, au scalpel et au sommet du mont Pincio, où Oscar Coop-Phane était pensionnaire de la Villa Médicis, cette fable cochonne est d'une épouvantable drôlerie et d'une édifiante actualité.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Citations et extraits (54) Voir plus Ajouter une citation
INCIPIT
Il marche toujours seul et sans y réfléchir. Il s’arrête parfois, pour grignoter une racine ou la chair d’un animal crevé là. Ses pieds connaissent bien les chemins de traverse, ces pistes rocailleuses où la poussière recouvre les herbes. On l’a battu, parfois ; on ne l’a jamais aimé. Il n’est pas vieux. Sa peau pourtant s’est durcie, une coque rose que la pluie lave quand il ne peut trouver d’abris. La chance et un instinct obstiné l’ont poussé à ne pas se laisser mourir dans les solitudes de l’hiver, dans le froid des forêts.
Il a de grandes dents sales et le regard clair. La tête s’allonge, les oreilles se dressent. Depuis combien de temps n’a-t-il pas croisé un homme? Aucune idée. Il ne compte pas les jours. Lorsqu’on rôde ainsi, sans foi et sans but, qu’on s’endort quand l’épuisement nous coupe les pattes, on ne se soucie ni de la compagnie ni des calendriers.
Personne ne le cherche. Il n’est pas en fuite. Les enfants, quand ils le croisent, lui lancent des cailloux. Il presse le pas et s’en va front baissé. Il s’est habitué aux petites cruautés. Son corps s’est fermé aux blessures. Qu’est-ce qu’une cicatrice supplémentaire si personne ne la regarde?
Son souffle pue la terre mouillée. Ses respirations sont courtes et saccadées. Il halète. C’est un contraste étrange : l’allure lente et tout cet air qui pantelle dans les bronches. Les rues des villes, s’il y traînait, n’auraient pas tardé à le couvrir de gris. La campagne l’habille de brun ou de vert, de ces couleurs pures quand elles ornent les arbres, les jardins ou les bois mais sordides et grasses lorsqu’elles abîment les corps. En ce sens, oui, il est sale – il sent, il tache.
Son esprit est absorbé par la marche. Il doit avancer – une force étrange l’y pousse. Les forêts se valent et les herbes se mélangent. Le vent, la pluie, partout, se ressemblent. Pourquoi ne pas trouver un coin paisible pour y rester un moment? Cela éviterait les impasses et les surprises. Oui, pourquoi ne pas se calmer ici, laisser les jambes se taire et le cœur reprendre? À chaque éveil, il part ailleurs, délaissant sa couche. Il pourrait s’organiser, déposer çà et là un peu de confort, mais il préfère reprendre la route. Il doit aimer cette violence faite à son existence, un éternel recommencement. On ne lui a jamais offert de fauteuil; il n’en a jamais cherché non plus. Est-ce une idée, s’asseoir? 
Le soleil narguait l’orage de la nuit passée. Il montait de la terre des effluves agréables. Les couleurs semblaient plus fortes qu’à l’ordinaire. Les pierres et le ciel s’étiraient en douceur.
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Regardez encore mon client. Regardez ses dents, ses oreilles. Oui, il pue. Non, il ne parle pas. Enfin bon, vous le voyez comme moi. Je vous mets au défi de trouver en lui de la responsabilité. Je vous mets au défi de le juger comme un homme.
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On s’appuie les uns sur les autres, non pour se soulever mais pour se crever lentement, comme on dégonfle un ballon. On contrarie déjà les solitudes. Si les hommes n’arrivent pas à marcher sur le même trottoir sans se bousculer, comment pourraient-ils vivre ensemble sans se battre ?
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Il arriva devant une petite maison blanche. Dans le jardin, l’herbe était longue et souple. Il s’allongea lentement. Il resta ainsi un bon moment, faisant briller ses paupières, le cuir de son ventre, aux rayons forts du soleil. Personne ne le chassa.
Il se calma peu à peu. Ses veines, alors si saillantes, vinrent s’enfouir sous la peau détendue. Il s’endormit un instant. Puis, entièrement délassé, il entreprit de faire le tour de la propriété. Une femme chantait à l’intérieur. Un air paisible, de ceux qu’on siffle en travaillant. Aucune silhouette en vue. Il poursuivit sa ronde.
Là-bas, devant la porte, dans un couffin en osier, un bébé gazouillait à l’ombre. Il s’approcha. Il n’avait jamais vu d’aussi près un si jeune enfant. Il aperçut les joues roses, les bras nus et replets. Leurs regards se croisèrent. Au loin, on entendait quelques oiseaux piauler. Le temps semblait se suspendre.
Il se pencha sur le couffin, sentit la peau d’abord, le savon et les huiles, puis il mordit avec force, la joue, l’épaule. 
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De tous les criminels qu’il avait rencontrés, celui-là était le plus atypique. Il grognait comme une bête et ne vous regardait jamais dans les yeux. Aussi mystérieux qu’insipide. C’était un mur.
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Vidéo de Oscar Coop-Phane
Dans cet épisode de L'Intention, c'est la fleur de la romance, de la passion. C'est aussi le signe de la mondialisation.
Dans Rose nuit, publié aux éditions Grasset, le romancier Oscar Coop-Phane raconte le destin de trois personnages à trois extrémités du monde et pourtant tous reliés par une chose : la rose. Reflet d'une époque absurde et d'une vérité obscure, cette fleur a su intriguer et inspirer Oscar Coop-Phane.
Dans ce podcast, il partage avec nous ces investigations et le travail littéraire qui l'ont mené à écrire son roman.
Concept éditorial : Hachette Digital en collaboration avec Lauren Malka Voix et interview : Laetitia Joubert et Shannon Humbert Ecriture: Lauren Malka Montage, musique originale : Maképrod Conception graphique : Lola Taunay Photo auteur : JF Paga Extrait musical: French 79 feat. Sarah Rebecca - Diamond Veins (2016) Album : Olympic Auteur : Henner Simon aka French79 Voix : Sarah Rebecca LABEL: Alter K - IN/EX
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