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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
A l'heure de #balancetonporc et du nouvel an chinois, le cochon c'est tendance.
Pourtant ce nouveau roman d'Oscar Coop-Phane ne joue pas sur l'actualité, a priori, puisqu'il s'inspire d'un phénomène révolu : les procès d'animaux.

Révolu, mais pas moyenâgeux non plus, car en Europe c'est jusqu'au milieu du XVIIIème siècle qu'à l'instar des hommes, les animaux de tous poils (hu hu) pouvaient être déférés devant les instances judiciaires, voire ecclésiastiques, puis jugés et lynchés en bonne et due forme.
Etonnant non ?

Je ne sais pas vous, mais moi pour ma part j'ignorais tout de cette pratique insolite.

Oscar Coop-Phane a choisi de l'illustrer ici à travers le sort funeste d'un malheureux goret mangeur de bébés. Oui, bon, croquer la joue d'un nouveau-né ça fait pas franchement dans le réglementaire, mais ce qui de nos jours serait qualifié d'effroyable accident, relève ici de l'accusation de meurtre prémédité dont le responsable doit être impitoyablement châtié.

Du crime en lui-même à l'abjecte exécution du "coupable", en passant par le procès proprement dit, voilà une courte chronique kafkaïenne ramassée en cinq chapitres concis, quatre actes d'une tragédie absurde, suivis de leur épilogue. On y savoure l'écriture toujours singulière et percutante d'un jeune auteur que je me faisais une joie de retrouver.

Pourtant, c'est assez nauséeuse que j'ai terminé cette lecture, bien plus sordide que divertissante à mon sens, et les réflexions qu'elle sous-tend quant à la fonction de la justice ou à l'autorité du langage n'ont pas suffi à me séduire totalement (sans doute aussi à cause de Porcinet que j'ai trop pris en pitié je crois, mon amour des bêtes me perdra).

Chance et prospérité pour cette année du cochon, il parait. Soit, mais là c'est plutôt sale temps pour les gorets.


Ҩ


Une découverte que toutefois je ne regrette pas. Un grand merci donc à Babelio et aux Editions Grasset d'avoir exaucé mon souhait.


Lien : http://minimalyks.tumblr.com/
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Conte cruel et réflexion sur la justice et la culpabilité, le procès du cochon permet à Oscar Coop-Phane de remettre au goût du jour une pratique ancestrale oubliée: juger les animaux.

Pensionnaire de la Villa Médicis pour la littérature, on se souvient qu'Oscar Coop-Phane nous avait offert avec Mâcher la poussière un roman «italien», mettant en scène un baron condamné à rester cloîtré dans un palace après avoir tué un mafioso. S'il est toujours question de réclusion ici, elle est de toute autre sorte. Dans ce drame en quatre actes, on va juger l'auteur d'un crime abominable dont le récit ouvre le livre: « Là-bas, devant la porte, dans un couffin en osier, un bébé gazouillait à l'ombre. Il s'approcha. Il n'avait jamais vu d'aussi près un si jeune enfant. Il aperçut les joues roses, les bras nus et replets. Leurs regards se croisèrent. Au loin, on entendait quelques oiseaux piauler. le temps semblait se suspendre. Il se pencha sur le couffin, sentit la peau d'abord, le savon et les huiles, puis il mordit avec force, la joue, l'épaule. »
Après l'émoi suscité par cette sauvage agression, on part à la recherche de l'assassin. le rôdeur va finir par être débusqué. C'est un cochon. Mais qu'à cela ne tienne, il devra rendre des comptes. Dans Les Animaux célèbres, Michel Pastoureau raconte une histoire similaire survenue en 1386, à Falaise, en Normandie. On y jugea une truie qui avait dévoré le visage d'un nourrisson.
Avec malice, Oscar Coop-Phane s'inspire de cette pratique moyenâgeuse pour son conte. Il confie l'«affaire du croqueur de joues» au commissaire Stéphane Lapostrof. «Le croqueur avait croqué. Lapostrof jouerait son rôle. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il aurait l'air droit, fort et rassurant. Il pourrait compter sur sa silhouette. le tribunal se chargera d'apaiser les colères.» le procès est rondement mené puisque le suspect ne s'est pas défendu. Et s'il n'a pas davantage avoué son crime, il n'en est pas moins condamné.
En quelques pages, quelques questions essentielles viennent d'être soulevées. Quel est ce droit qui, faisant fi de la présomption d'innocence, condamne avant même d'avoir entendu les deux parties? Quel peut être la valeur d'un tel jugement? Les principes de la justice ne sont-ils pas bradés face à une opinion qui crie vengeance? Alors que commence l'attente jusqu'à l'exécution de la sentence, toutes ces questions ô combien actuelles sont offertes au lecteur. À l'heure où on propose à tout un chacun de «balancer son porc», ce court roman montre les limites de l'exercice. Au bout du compte, le monstre n'est peut-être pas celui que l'on croit.
Lien : https://collectiondelivres.w..
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Peut-on juger l'inhumain ? le sans conscience ? L'animal ?

Le Procès du cochon d'Oscar Coop-Phane est un conte ou plutôt, une fable sombre et immorale, s'appuyant sur les procès d'animaux qui subsistèrent en France jusqu'au XVIIe siècle.

Une tragédie en 4 actes + 1, qui voit notre cochon errant et affamé se rassasier d'un morceau d'humain trouvé sur son chemin. Horrible… Surtout lorsqu'il s'agit des joues d'un nourrisson dans son couffin, qui n'y survivra pas.

Peu importe l'animal, la justice des hommes se met en place et déroule sa procédure méthodique et implacable : arrestation, emprisonnement, enquête, interrogatoire, procès, sentence.

L'animal ne peut s'exprimer ? Et alors ? Il ne nie pas ; sa culpabilité est donc évidente.

C'est court, c'est subtil et porteur de profondes réflexions à peine cachées sur l'inadaptation de notre système judiciaire à juger – et au passage à écouter voire à comprendre – ceux qui sortent de son cadre. le tout devant le regard – ou l'aveuglement - complaisant et satisfait des citoyens binaires que nous sommes tous un peu.

Si la l'analogie de la fable fonctionne dès le début, elle finit cependant par être un peu convenue et donc attendue, atténuant la portée d'une réflexion qui aurait sans doute mérité quelques pages de plus. Reste quelques délicieux passages, comme celui de la sentence particulièrement sombre et grandiose.
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Quelle originalité que ce procès du cochon ! Faits qui existaient au moyen-âge. Ici, pas de date. Comment un accusé, qui ne peut pas s'exprimer, peut-il se défendre ? Ecriture travaillée, texte court. Trop peut-être. Une sensation de rester sur ma faim… Allez, je m'en vais m'en cuire une côte.
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Ce roman est très court, il se lit en une heure. Il a tous les éléments d'une fable. Une fable, à l'instar de « La ferme des animaux » de George Orwell, utilise les bêtes pour mettre en lumière les défauts du système humain. Oscar Coop-Phane décide de pousser le vice encore plus loin. Il place son histoire dans la réalité où seul l'acteur principal est un animal.

Dès lors, les événements sont chamboulés. le cochon est l'anomalie de l'affaire. En effet, son crime en soi n'est pas un dilemme. Il est reconnu et la société sait gérer ce genre d'affaires. Les procédures classiques sont engagées et elles suivent leur cours mécaniquement. Seulement voilà, le condamné n'est pas humain et ne répond pas aux mêmes appétences.

Tout au long du récit, on observe le traitement absurde des lois et des décisions pragmatiques, appliquées à des cas qui ne le sont pas. Comme dans l'étranger de Camus, on comprend que la différence n'est jamais comprise et qu'elle peut entraîner une justice aveugle. le fait de remplacer l'homme suspecté par un cochon dévoile toute la subjectivité des règles.

La plume d'Oscar Coop-Phane se révèle fluide et travaillée. J'ai passé un bon moment, c'est romanesque, sans temps morts, mais je n'ai jamais été surpris. le scénario se déroule simplement et toutes les péripéties sont prévisibles. Partant du fait que la justice des hommes ne s'applique qu'à eux et que le cas raconté est fantaisiste, je suis arrivé au bout de cette histoire en me disant « Et alors ? » « Quel était le but de l'auteur ? » « Quelle est la morale de l'histoire ? ». Et c'est bien là que le bas blesse… je n'ai pas trouvé la réponse à ces questions. Je n'ai pas percé la morale de ce bref roman qui reste tout de même une expérience littéraire originale !
Lien : http://leslivresdek79.com/20..
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Un conte philosophique très cruel qui soulève questions et réflexions sur la justice des hommes, sur la culpabilité, la notion de responsabilité pénale, la société et ses jugements.


« Si les hommes n'arrivent pas à marcher sur le même trottoir sans se bousculer, comment pourraient-ils vivre ensemble sans se battre ?».
.
Un roman original, rempli d'allégories, qui interpelle.


Dans un village, en des temps anciens, un cochon croque la joue et l'épaule d'un bébé, laissé quelques instants seul dans son couffin. Il repart ensuite dans la forêt. Un drame épouvantable.

Le cochon, criminel traqué, sera arrêté et incarcéré.
« le croqueur ne respectait aucune règle d'hygiène. Sa cellule, on l'appelait maintenant la porcherie et le croqueur, le cochon ».

S'ensuivront le procès et la sentence.

- « La bête doit mourir comme elle a tué ! »

- « Est-il responsable ? Quand on ne prend pas la peine de comprendre, peut-on juger d'une responsabilité ? »
« Regardez-le. (…) Il erre nu sur les routes. On l'a frappé, on l'a chassé. (...) On l'a méprisé. On ne l'a jamais rendu digne – et maintenant, on l'estime digne d'être jugé !».

Satire et comparution au théâtre de l'absurde.

Une écriture tranchante pour décrire la colère, la peur, la cruauté, la peine…

Le porc se balancera t'il au bout d'une corde ?

Crime ou accident ? Y aura-t-il châtiment ?

Inspiré des pratiques du Moyen-âge, lorsque les animaux étaient traînés en justice et condamnés, au même titre que les hommes.

Conseillée par ma bibliothécaire, totale découverte.
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Un cochon présenté au tribunal, des sangsues condamnées par contumace, des limaces excommuniées... Saviez-vous que du XIIIe au XVIIIe siècle, les animaux pouvaient être traînés devant la justice et condamnés au même titre que les hommes ? Cette pratique absurde d'intenter des procès à des animaux comme s'il s'agissait d'êtres humains m'était totalement inconnue avant de lire le livre d'Oscar Coop-Phane, « le procès du cochon ».

Dans un village et un temps que l'on imagine reculé (mais rien n'est vraiment dit), un nourrisson se fait croquer la joue par un monstre errant. L'enfant ne survivra pas. le criminel est bien vite rattrapé. Il sera jugé. On comprend entre deux mots qu'il s'agit d'un cochon même s'il n'est jamais clairement identifié comme tel.

Ce court roman est une fable qui en interrogeant le lecteur sur de nombreux sujets comme la peine de mort, la justice, la moralité, la culpabilité pose la question de notre humanité : qui est l'animal et qui est l'être humain dans cette affaire ? qui est vraiment le monstre ?

Si le postulat de base original et l'écriture singulière m'ont vraiment emballé, j'avoue être restée sur ma faim car je n'ai finalement pas été surprise par le déroulé de l'histoire et les questions soulevées restent au final sans réponse.
Ce conte cruel est une découverte intéressante mais la frustration l'emporte.
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Drôle de "fable" que ce Procès du cochon. On navigue entre amusement face à l'absurdité de la situation et en même temps le malaise est présent tout au long de la lecture. Ces derniers instants d'un condamné pas si ordinaire touchent à plusieurs niveaux : réflexion sur l'Homme, sa vision d'une justice totale mais qui ne peut jamais véritablement panser les plaies, et réflexion également sur l'animal, sa place dans un monde de plus en plus humain et qui ne peut/veut accepter son altérité.
Le roman se lit aisément même si je regrette justement un style très modeste, il y a quelques phrases qui restent, qui trottent dans la mémoire, mais l'oeuvre n'a pas la portée (et peut être pas l'ambition) d'une oeuvre à thèse puissante et renversante.

PS : Difficile de passer chez le boucher après... !
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La quatrième de couverture annonce : "chacun reconnaîtra, dans ce texte allégorique, le porc qu'il voudra". Mais pour cela, il faudrait déjà que le texte tranche entre allégorie et histoire.

Dès que l'on parle de ce fameux cochon, justement, il devient désagréable de ne pas savoir s'il s'agit d'une image ou d'un cochon réel. Tous les autres personnages sont incarnés, identifiables... Lui ne parle pas, ne bouge pas. Ne pense pas? Il pourrait tout aussi bien être un "idiot du village" perdu dans les bois. Mais on ne saura pas si c'est un cochon habillé ou un homme sauvage. Et je trouve ça un peu facile.

Cela dit je pense que le problème vient d'une quatrième de couverture mal ficelée qui suggère d'une part une réflexion plus historique qu'elle ne l'est en réalité, et d'autre part un vague parallèle avec un fameux hashtag. Autant je suis d'accord avec l'expression jetée là d'un "théâtre de l'absurde", autant c'est justement ce côté théâtral et de fausse profondeur qui me dérange.

Ce n'est pas ce que j'aurais aimé trouver mais peut-être ai-je simplement été mal orientée. Je laisse donc à ce livre le bénéfice du doute, à son exemple malheureux.
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Quid de la justice et de la responsabilité pénale d'un animal ? Que valent les principes du droit appliqués à un animal ? Et lequel, du cochon ou de l'homme, est le criminel ? Conte original tiré de faits réels.
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