Fenimore Cooper (1789-1851) est avec
Washington Irving un des pionniers historiques de la littérature américaine. Sa popularité en France fut immense.
Balzac, Hugo les plus grands écrivains du XIXème l'ont lu et admiré. Certains d'entre eux (
Balzac, Dumas,
Féval, Sue) s'en sont même inspirés. Il est l'écrivain de la toute première Amérique, celle de la guerre d'Indépendance, bien avant l'époque « western ». S'il fallait trouver un point de repère, ce serait
Chateaubriand avec ses romans « américains » «
Atala » et les « Natchez » : même souci de raconter une nature sauvage, où l'indien, le « bon sauvage » se fond dans le décor, même recherche de la simplicité originelle, même défiance envers la civilisation des hommes blancs. C'est essentiellement cet aspect de l'oeuvre qui a fait le succès de Cooper en France. Les autres ouvrages de l'auteur « L'Espion » (1821), «
le Pilote » (1824) ou «
le Corsaire rouge » (1828) ont un succès d'estime mais en rien comparable à la saga de Bas-de-cuir («
Les Pionniers – 1823 », «
le dernier des Mohicans – 1826 », «
La Prairie - 1827 », «
le lac Ontario – 1840 » et «
le Tueur de daims – 1841 »)
Dans l'ordre de parution, «
le dernier des mohicans » est le deuxième de la série. Dans l'ordre chronologique du récit, il est également le deuxième, le premier étant «
le Tueur de daims » (en fait le dernier paru).
L'action se passe vers 1757, au cours de la « Guerre de Conquête », qui opposait Français et Britanniques pour la possession des territoires de l'Amérique du Nord. D'un côté les Français, avec à leur tête le marquis de Montcalm, leurs alliés de la Nouvelle-France (Acadie, Canada et Louisane) et leurs alliés amérindiens (la plupart des tribus dont les Sioux et les Hurons). de l'autre les Britanniques, avec leurs alliés Américains (on est encore loin de la guerre d'Indépendance) et leurs alliés Iroquois (ennemis jurés des Hurons).
Cora et
Alice Munro, les filles du colonel
Munro qui commande les forces britanniques, s'efforcent de rejoindre leur père, en compagnie du major Duncan, du maître de musique David la Gamme, et d'un guide indien Magua, qui se révèlera un traître. Heureusement, en chemin, elles rencontrent le chasseur blanc
Oeil-de-Faucon, dit Bas de Cuir, dit Longue-Carabine, avec ses deux amis mohicans Chingachgook et Uncas, les « derniers des Mohicans ». Magua arrive à s'échapper mais il prépare une vengeance terrible contre le colonel Monro, sa famille et ses amis. le roman raconte les diverses aventures qui attendent nos héros, en butte aux tromperies des Français, aux manigances de Magua, aux cruautés de la guerre, autour du Fort-William-Henry assiégé.
Fenimore Cooper est un bon écrivain qui maintient un bon rythme de lecture et garde l'intérêt de son récit d'un bout à l'autre. le lecteur d'aujourd'hui regrettera sans doute certaines digressions descriptives, mais à l'époque c'était chose courante (chez nous aussi, voyez
Balzac), et somme toute, un mauvais moment (à condition qu'il soit mauvais) est vite passé. Cela dit, cela reste un très bon roman.
Fenimore Cooper a fait école : l'anglais
Mayne Reid, l'allemand Karl May (« Winnetou ») et les français
Gabriel Ferry et Gustave Aymard ont pris la relève au cours du XIXème siècle. Au XXème, avec l'avènement du genre « western », c'est toute une mythologie qui se met en place.