Malgré leur fortune, ils vivaient dans une vieille bâtisse lugubre et sombre, semblable à un manoir hanté. Comme je la détestais ! Tout était vieux, triste, branlant, glissant et ça puait l’encens à longueur de journée. Une odeur identique à celle du dimanche matin, lorsque monsieur le curé allumait son encensoir, à l’église. J’étais transparente, inexistante. Je devais frotter, astiquer, servir à table. Laver les couloirs, les escaliers, la salle à manger. Savonner, rincer, repasser. Madame ordonnait et moi, je disposais. Certes, j’étais payée pour ce labeur.
Vingt shillings et une petite valise verte, voilà tout ce que je possédais. Sans argent, je ne pouvais rien contre l’humiliation. Sans argent, je subissais les remontrances des riches, je devais me contenter de recevoir des ordres et de les exécuter. Il faisait froid et humide, je devais absolument trouver un nouvel endroit où loger, mais je préférais encore mourir que de retourner chez les bonnes sœurs !
Je veux simplement passer un moment agréable en votre compagnie. Les femmes comme vous n’ont qu’un rôle dans la vie : assouvir nos besoins, répondre aux attentes des mâles dominants.