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EAN : 978B001CBPVQY
342 pages
A. Lemerre (30/11/-1)
3/5   3 notes
Résumé :
relie
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Le nom de François Coppée (1842-1908) n'a pas été complètement oublié. Mais qui connaît vraiment son oeuvre aujourd'hui ? Presque personne, je pense. Moi-même, jusqu'ici je n'avais jamais rien lu de lui. J'ai découvert très récemment quelques-unes de ses poésies: des textes tout simples, souvent empreints de (trop) bons sentiments, sans aucune sophistication, sans aucun génie. Coppée mérite sa réputation de poète des humbles, mais, pour ma part, je n'ai pas été séduit. J'ai remarqué quelques pièces qui ont une particularité, celle d'avoir été écrites pendant le siège de Paris (1870). Je mets en citation un extrait qui me semble caractéristique.
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Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Écrit pendant le siège – Lettre d’un mobile breton

Maman, et toi, vieux père, et toi, ma sœur mignonne,
Ce soir, en attendant que le couvre-feu sonne,
Je mets la plume en main pour vous dire comment
Je pense tous les jours à vous très-tendrement,
Très-tristement aussi, malgré toute espérance ;
Car, bien qu’ayant juré de mourir pour la France
Et certain d’accomplir jusqu’au bout mon devoir,
Je ne puis las songer au pays sans revoir
La maison, le buffet et ses vaisselles peintes,
La table, le poiré qui mousse dans les pintes,
La soupière de choux qui fume et qui sent bon
Entre les vastes plats de noix et de jambon,
La sœur et la maman priant, les deux mains jointes,
Avec leurs bonnets blancs et leurs fichus à pointes,
Et papa qui, pensant que je manque au souper,
Fait sa croix sur le pain avant de le couper.
Laissons cela. D’ailleurs je reviendrai peut-être.
Donc nous sommes campés sous le fort de Bicêtre
Avec Monsieur le Comte et tous ceux de chez nous.
Je vous écris ceci, mon sac sur les genoux,
Sous la tente, et le vent fait trembler ma chandelle.
Bicêtre est une sombre et forte citadelle,
Où des Bretons marins, de rudes compagnons,
Dorment dans le caban auprès de leurs canons,
Tout comme sur un brick à l’ancre dans la rade.
Aussi j’ai trouvé là plus d’un bon camarade
Parti depuis longtemps entre le ciel et l’eau,
Car Saint-Servan n’est pas bien loin de Saint-Malo,
Et nous avons vidé quelquefois un plein verre.
Mon bataillon était de la dernière affaire,
A preuve que Noël, le cadet du sonneur,
Comme on dit à Paris, est mort au champ d’honneur.
Il avait un éclat de bombe dans la cuisse.
Il saignait, il criait. Je ne crois pas qu’on puisse
Voir cela sans horreur, et chacun étouffait ;
Mais nos vieux officiers prétendent qu’on s’y fait.
On nous a portés tous à l’ordre de l’armée.
Moi, j’ai tiré des coups de feu dans la fumée
Et j’ai marché toujours en avant, sans rien voir.
Enfin on a sonné la retraite, et, le soir,
Un vieux, au képi d’or, qui tordait sa barbiche
Et qui de compliments paraît être assez chiche,
Nous a dit : « Nom de nom ! mes enfants, c’est très-bien ! »
Et quoiqu’il blasphémât, c’est vrai, comme un païen,
Et qu’il lançât sur nous un regard diabolique,
Nous avons tous crié : « Vive la République ! »
– Ce mot-là, c’est toujours du français, n’est-ce pas ? –
Quelques-uns d’entre nous se plaignent bien tout bas
Et sont, avec raison, mécontents qu’on ricane
De notre vieil abbé qui trousse sa soutane,
Marche à côté de nous droit au-devant du feu
Et parle à nos blessés du pays et de Dieu ;
Mais aux mauvais railleurs nous faisons la promesse
De bien montrer comment on meurt, après la messe.
– Nous avons traversé Paris. Il m’a fait peur.
Puis nous l’avons trouvé dans la grande stupeur,
Sombre et lisant tout haut des journaux dans les rues.
Huit jours les habitants logèrent les recrues.
Nous étions, Pierre et moi, chez des bourgeois cossus,
Où nous fûmes assez honnêtement reçus.
Pourtant j’étais d’abord chez eux mal à mon aise
Et je restais assis sur le bord de ma chaise,
Confus de l’embarras où nous les avions mis.
Mais leurs petits enfants devinrent nos amis ;
Ils riaient avec nous, jouaient avec nos armes
Et couvraient, les démons ! de leurs joyeux vacarmes
Le bruit que nous faisions avec nos gros souliers,
Bref, nous sommes partis bien réconciliés
Et, les jours de congé, nous leur faisons visite.
– Allons ! il faut finir cette lettre au plus vite,
Car le clairon au loin jette ses sons cuivrés.
Je ne sais pas encor si vous la recevrez,
Mais je suis bien content d’avoir suivi l’école :
Grâce au savoir, qu’on raille au pays agricole,
Me voilà caporal avec un beau galon,
Et puis je vous écris ces mots par le ballon.
Maintenant, au revoir, chers parents, je l’espère.
Si je ne reviens pas, ô ma mère et mon père,
Songez que votre fils est mort en défenseur
De notre pauvre France ; et toi, mignonne sœur,
Quand tu rencontreras Yvonne à la fontaine,
Dis-lui bien que je l’aime et qu’elle soit certaine
Que dans ce grand Paris, effrayant et moqueur,
Je suis toujours le sien et lui garde mon cœur.
Baise ses cheveux blonds, fais-lui la confidence
Que j’ai peur du grand gars qui lui parle à la danse ;
Dis-lui qu’elle soit calme et garde le logis
Et que je ne veux pas trouver ses yeux rougis.
– Adieu. Voici pour vous ma tendresse suprême
Et je signe, en pleurant, « votre enfant qui vous aime. »

Paris, octobre 1870.
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LE CHIEN PERDU (Oct. 1870)
(…)
Souvent un chien perdu, tout crotté, morne, affreux,
Un vrai chien de faubourg, que son trop pauvre maître
Chassa d’un coup de pied en le pleurant peut-être,
Attache à vos talons obstinément son nez
Et vous lance un regard si vous vous retournez. (…)
Il semble dire: « Allons, emmène-moi, veux-tu ? »
On est ému, pourtant on manque de courage;
On est pauvre soi-même, on a peur de la rage,
Enfin, mauvais, on fait mine de lever
Sa canne, on dit au chien: « Veux-tu bien te sauver ? »
Et, tout penaud, il va faire son offre à d’autres.
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Poésie - Il a neigé la veille et tout le jour - François COPPÉE
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