C'est son domaine de l'eau-forte.
173 planches gravées attestent que l'artiste a cherché, — parallèlement à son grand effort de maître peintre, durant cinquante années, depuis ses tout premiers essais d'étudiant, jusqu'à ces derniers mois passés à Rome, à la Villa Médicis — une autre orientation, jalonnée d'œuvres très différentes, marquées de son sceau personnel et dont quelques-unes sont parmi les plus belles qui soient dans tout le domaine de la gravure.
Tout de suite, et dès son premier contact avec le cuivre, bien avant de partir à Rome, en qualité de pensionnaire de l'Académie, — dont il est aujourd'hui le Directeur, — Besnard a traduit à l'eau-forte un sujet tragico-comique, dont la Mort a fait tous les frais. C'est le Pendu qui profile, en ombre chinoise, sa silhouette tressautante, que guette un vol de corbeaux. — œuvre de jeunesse et d'inexpérience qui marque, pourtant, une date et qui ouvre à l'artiste ces horizons du blanc et noir, d'où il découvrira, plus tard, des moyens d'expression fort adéquats à ses préoccupations et à ses dons d'artiste.
Cette probité de l'Art, dont parlait Mr. Ingres, se retrouve plus encore dans
une eau-forte que dans un dessin. Car l'artiste, déjà tenu en éveil par sa lutte contre le métal rebelle, doit aussi s'observer davantage, en songeant à la multiplication prochaine de la moindre erreur par le tirage de sa planche