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EAN : 9782228905008
346 pages
Payot et Rivages (03/02/2010)
3.88/5   4 notes
Résumé :
Comment être libre et indépendante à une époque où le carcan des traditions enrégimentait toute vie en société ? Tel fut le défi de Marguerite Durand (1864-1936), figure de proue du féminisme qui jamais ne renonça à la féminité et dont la biographie est aussi l'histoire de la Troisième République. Jeune actrice adulée à la Comédie-Française puis journaliste, égérie du boulangisme puis ardente dreyfusarde, elle devint la première patronne de presse de France en fonda... >Voir plus
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Une biographie lue, avec grand intérêt, il y a déjà un moment, mais malheureusement seulement empruntée...Parcours unique à l'époque d'une femme, journaliste et première patronne de presse. J'ai eu le plaisir, il y a de nombreuses années de faire un stage à la Bibliothèque Marguerite Durand, une caverne d'Ali-Baba pour tous les chercheurs et passionnés des engagements, créations, innovations, destins féminins exceptionnels à travers l'histoire ... Bibliothèque patrimoniale qui se situe dans le 13e parisien, intégrée au bâtiment de la médiathèque Melville...

Revenons au parcours exceptionnel de cette femme Marguerite Durand, et je laisse la parole à Thomas Wieder, qui avait fait un papier très intéressant , dans le Monde, le 6 mai 2010...


"Jusqu'à ses 33 ans, Marguerite Durand (1864-1936) n'eut guère que des admirateurs. A la Comédie-Française, où elle fit ses débuts, tout le monde la trouvait parfaite dans ses rôles d'ingénues. Plus tard, après son mariage avec le député boulangiste Georges Laguerre, elle devint l'une des femmes les plus courtisées de la capitale. C'était l'époque où il n'était pas rare de la voir, au théâtre, partager sa loge avec le fringuant Georges Clemenceau... Bref, la vie souriait à la jeune Marguerite, qui séduisait le Tout-Paris par sa beauté, son élégance et son esprit.

Et puis le vent tourna. Les éloges firent place aux moqueries. Et Marguerite, jadis tant aimée, devint bientôt la risée des bien-pensants. La raison ? Sa décision, en 1897, de lancer un quotidien "féministe" et "exclusivement réalisé par des femmes". En France, c'était une première. Et pour beaucoup d'hommes, note Elizabeth Coquart dans la belle biographie qu'elle consacre à la fondatrice de la Fronde, c'était tout bonnement inacceptable.
Que reprochait-on, au juste, à ces "chevalières en jupon", comme s'amusait à les qualifier La Petite République ? D'abord de faire de la concurrence déloyale. Ainsi, les "typos" étaient scandalisés à l'idée que leur profession s'ouvre aux "typotes". Ils ne pouvaient le dire aussi clairement, si bien qu'ils invoquèrent la loi progressiste de 1892, qui interdisait aux femmes le travail de nuit. Mais ce qu'ils craignaient, en fait, c'était l'espèce de "dumping" provoqué par l'arrivée d'une main-d'oeuvre non syndiquée et sous-payée.
A ces arguments corporatistes s'ajoutèrent d'autres, moraux ceux-là. La Paix, par exemple, s'inquiéta que des femmes honnêtes, pour les besoins d'un reportage, soient envoyées dans des lieux désertés par la vertu. "La pauvre femme qui devra se trouver à la gare de Lyon à 4 heures du matin ou attendre dans un café l'heure de la guillotine sera vraiment à plaindre. Pourvu que dans une razzia nocturne on ne la confonde pas avec les coureuses de nuit !"

Dans L'Evénement, c'est carrément la capacité des femmes à se plier aux exigences du journalisme qui fut mise en doute par un certain Georges Duval : "J'estime d'une impossibilité absolue d'obtenir d'un groupement de femmes de lettres l'unité dans les idées qui fait les véritables rédactions. Comment une personne qui change douze fois par an les fleurs de son chapeau demeurerait-elle fidèle à une opinion ?"

Dreyfusarde, républicaine, laïque et pacifiste, La Fronde ne parut que pendant six ans. Assistée de plusieurs collaboratrices de choc, comme Séverine (1855-1929), l'une des premières femmes, en France, à écrire des grands reportages (ce qu'elle appelait le "journalisme debout"), Marguerite Durand essaya plusieurs fois d'en relancer la parution. Sans grand succès. Parmi ses projets, en revanche, d'autres eurent plus de longévité. Comme l'ouverture, en 1899 à Asnières, du premier cimetière animalier du monde. A croire que la présence de milliers de cadavres de chiens et de chats aux portes de Paris dérangeait moins, à l'époque, que les femmes journalistes... "

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La frondeuse : Marguerite Durand, patronne de presse féministe, par Elizabeth Coquart.
Paris : Payot, 2010
Sacré parcours que celui de Marguerite ! Enfant née hors mariage en plein Second empire, elle sera successivement pensionnaire de la Comédie française abonnée au rôle de jeune première, patronne de « la Fronde », le premier journal entièrement écrit et fabriqué par des femmes ; puis dans un tout autre registre co-créatrice du cimetière pour chiens à Asnières. Ses derniers engagements la mènent vers le long et âpre combat pour le droit de vote des femmes.
Personnalité complexe et affranchie, elle est à fois féministe, féminine et séductrice, mondaine mais impliquée dans de nombreuses luttes syndicales, libre et présente aux côtés des partisans de Dreyfus. Sa trajectoire est marquée par l'engagement, une incroyable indépendance d'esprit et vitalité, non dénuée d'un sens indéfectible de l'amitié.
Elizabeth Coquart retrace avec verve ce destin hors du commun dans un documentaire qui, bien qu'extrêmement documenté, se lit comme un roman.
Notons aussi que Marguerite Durand a constitué une des plus importantes bibliothèques consacrée aux femmes, on lui dit merci.
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