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Citations sur Les routes de l'esclavage (9)

La fuite devient le premier mode de résistance dans les colonies américaines. Il fallait pour ce faire beaucoup de courage et un élément déclencheur pour surmonter sa peur : par exemple le fait que le maître vendre une partie de la famille, la femme, le mari, les enfants, ou une injustice particulièrement intolérable. Fuite ou vengeance, comme l'assassinat du contremaître, interviennent à ce moment-là, quand cette petite sphère qu'on est arrivé à construire malgré tout et à laquelle on se raccroche dans cette vie si difficile est menacée. [...] Peu de troupes peuvent pourchasser les fuyards. La poursuite des fugitifs coûte cher, il faut armer des hommes, constituer des milices de colons, et même utiliser des esclaves pour partir à la recherche des marrons : certains le font avec la promesse d'être libérés s'ils capturent assez de marrons.

- La fuite et le marronnage -
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La croyance que "les Noirs vendaient leurs frères" est absurde. Les Africains ne vendaient pas leurs "frères", ils vendaient des étrangers à leur terroir, à leur société, à leur État, donc des ennemis potentiels ou réels dont la couleur - qui n'étonnait que les Blancs - importait peu voire pas du tout. Car sur un continent relativement immense où tout le monde était noir ou à peu près, la notion de couleur ne créait aucune affinité particulière. Le racisme anti-Noirs est né en Afrique du Nord (avant de s’exacerber dans l'Atlantique) à partir du moment où la traite a commencé à se préciser avec le sud, alors qu'auparavant la majorité des esclaves étaient blancs; c'est la traite qui a engendré le racisme, et non le contraire. La traite a aussi créé au fil des siècles des conditions d'insécurité généralisée dans la plupart des régions subsaharienne. Cela favorisa le manque de confiance de chacun envers chacun, une guerre de tous contre tous, pouvant entraver la mise en place d'institutions solides et générant une méfiance considérable des populations. Ce sont des mentalités qui sont restées durablement présentes sur le continent.

- Les fondamentaux : Les nombres -
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[...] quelle que soit dans le monde la société concernée, on ne doit pas uniformiser la condition de l'esclave ; d'une part, dans toutes les sociétés esclavagistes, il y en eut des formes variées, les unes particulières, les autres proches des esclavages que l'on trouve dans d'autres parties du monde. Ainsi, dans le monde arabo-musulman, la complexité des parcours est extrême : au Maghreb, ou Occident arabe, et au Machrek ou Proche-Orient, la réalité n'est pas la même. Être esclave en Andalousie, à Médine ou en Irak recouvre des situations diversifiées qu'on ne peut expliquer par une seule caractéristique, celle de l' "esclavage musulman". Partout aussi, le statut général recouvre des conditions de travail extrêmement diversifiées, depuis l'esclavage de base soumis aux plus durs travaux [...] jusqu'à des cas de "réussites" sociales et économiques incontestables [...].

- Les fondamentaux : La réaction des esclavisés -
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La République d'Haïti est proclamée indépendante le 1er janvier 1804. Une seule "race" est reconnue citoyenne en Haïti, c'est la "race noire", mais cette dénomination devient un terme générique synonyme d' "être humain", si bien qu'un Blanc une fois arrivé en Haïti peut être appelé, comme les autres, "nègre" : ce fut le cas de Billaud-Varenne, transfuge de la Révolution française qui, une fois arrivé en Haïti, est considéré comme un Noir.

- De Saint-Domingue à Haïti : la révolution noire -
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La société noire était aussi très diversifiée. La main d’œuvre était a priori divisée : les esclaves étaient arrivés de zones diverses d'Afrique, ne parlant pas la même langue ; le statut de l'esclave pouvait varier, depuis le contremaître voire le gérant de la plantation ou le personnel hiérarchisé de la maison du maître, jusqu'à la masse des coupeurs de canne, aussi bien hommes que femmes car, jusqu'au XVIIIe siècle au moins, les femmes (comme en Afrique) travaillaient aux champs autant que les hommes, et les enfants aussi, du lever au cocher du soleil.

- La Jamaïque -
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L'insularité va laisser sa marque particulièrement cruelle sur l'esclavage africain. Sur des espaces limités, où l'océan rend la fuite impossible, va se constituer un milieu concentrationnaire où de part et d'autre domine la peur : du côté africain, celle des mauvais traitements, du côté blanc celle des révoltes. [...] Les Antilles constituent le milieu par excellence de la violence, seule arme de résistance active possible pour les Noirs, et surtout recours systématique des Blancs contre l'inquiétante majorité que constitue pour eux la masse de leurs esclaves. Pour assurer leur soumission complète, ils entendent les terroriser. Cette violence est d'autant plus accentuée qu'elle se développe en vase clos en milieu insulaire, pendant longtemps sans contrôle de l'État.

- Les Antilles au XVIIe et au XVIIIe siècle -
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Après leur tentative infructueuse d'utiliser les Indiens autochtones, les Anglais firent d'abord appel à tous ceux dont ils voulaient se débarrasser en Grande-Bretagne ; les pauvres et les indigents, les criminels et les condamnés à la prison. Cromwell contribua massivement à cette tentative, notamment en déportant après la guerre à la Barbade beaucoup d'Irlandais : prisonniers politiques et prisonniers de guerre. [...] L'introduction de la canne à sucre changea la donne. Car l'ensemble de ces migrants blancs, volontaires ou non, ne suffisait pas à la tâche. Les planteurs se mirent à acheter des esclaves africains, d'abord aux Hollandais et aux Portugais.

- Les Britanniques dans les îles -
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Dès l'origine, le commerce atlantique avait impliqué de la part des Occidentaux la recherche de partenaires susceptibles de s'allier à eux pour conduire leurs affaires. Les Européens ne pénétraient pas à l'intérieur du pays. Ils devaient donc impérativement créer sur la côte des alliances et des accords commerciaux avec les responsables africains du négoce. Cela devint systématique avec la croissance du commerce esclavagiste.

- Le passage à la traite intensive XVIIe - XVIIIe siècle
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Bref la guerre de chiffres globaux incertains ne sert pas à grand-chose sinon à comparer l'incomparable, par exemple pour "démontrer" que la traite atlantique serait, selon les cas, supérieur ou inférieur à la traite arabe, ce qui a d'autant moins de sens que la première a duré quatre siècles et la deuxième au moins dix ou douze. La querelle a surtout servi à alimenter une mauvaise cause : tenter de minimiser l'une ou l'autre. On ne va pas établir ne hiérarchie dans l'horreur...

- Les fondamentaux : les nombres -
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