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Critique de lorettelaure


Un ouvrage « clef » à lire absolument !
Catherine Coquery-Vidrovitch nous fait découvrir ce que le programme scolaire a longtemps occulté. Notre société moderne a été construite sur les bases de l'esclavage ….
L'auteur nous enseigne que ce type d'asservissement existe depuis les grandes guerres de conquêtes. Or celles-ci sont à l'origine des richesses des « grandes civilisations »
Le mot « slave » signifie « esclave », et correspond à la population de l'Europe de l'Est. Les esclaves existent au moins depuis la civilisation sumérienne au 3ème millénaire avant JC. C'est leur exploitation qui a permis la grandeur de certaines sociétés (et la richesse de notre patrimoine actuel).
Dans les pays islamiques, les esclaves étaient des étrangers non musulmans, souvent blancs. Un islamiste ne pouvait, en théorie, pas devenir esclave. (Les juifs et les chrétiens s'auto-protégeaient de la même manière par des clauses d'interdiction de soumettre les coreligionnaires à l'esclavage) de nombreux pays africains ont de ce fait adopté les religions monothéistes pour tenter d'éviter l'esclavage (ce qui n'était pas toujours très efficace, à cause de la barrière de la langue et aussi surtout des intérêts particuliers).
Même le pape avait des esclaves !
En Afrique noire, la vraie richesse consistait à posséder des êtres humains arrachés à leurs pays d'origine. L'exploitation gratuite des étrangers extorqués à leurs familles étaient aussi le mode de fonctionnement des Grecs et des romains.
L'exploitation sexuelle fait bien-sûr partie de ce système.
Dans ce monde où prédominaient le rapport de force et l'enlèvement, les femmes de « bonnes familles » étaient cloitrées chez elles.
Au Maghreb, les esclaves servaient à tout : usage domestique et sexuel, main d'oeuvre dans les champs, les mines d'or, soldats….etc. Après la mise en place de l'Islam, toute personne non islamiste était susceptible d'être esclavagée ce qui encourageait les pays africains à adopter cette religion. Parmi les esclaves les deux tiers étaient des femmes (plus facile à soumettre). Elles étaient utilisées dans tous les domaines y compris l'armée. Les harems étaient constitués d'esclaves.
En Afrique noire l'esclavage était pratiqué à grande échelle comme ailleurs. Un cheval valait 15 à 20 esclaves. Malgré les différences au niveau des croyances, celle du culte des ancêtres prédominait dans tout le continent noir. Or, un être humain qui ne pouvait honorer ses aïeux devait non seulement s'attendre à ce que le sort s'abatte sur lui, mais aussi avoir honte de ne pas accomplir ce devoir. L'esclave, arraché à son milieu, n'était pas considéré comme victime, mais comme coupable, et honteux.
Le mot « esclave » était une injure. le mot « nègre » aussi car il faisait référence à cet état. Les travaux sales comme le nettoyage des villes étaient réalisés par cette main d'oeuvre gratuite. Ces gens inspiraient alors le dégoût et on pouvait le leur signifier en toute impunité.
S'il tentait de fuir, généralement très éloigné de chez lui, l'esclave était freiné au départ par la barrière des langues, puis par des intérêts (mariage …. Etc..). En fuyant, il prenait le risque de se faire capturer par son maître, puis torturer, ou de redevenir esclave ailleurs.
Certaines villes africaines étaient aussi développées qu'en Europe ou au Maghreb. du début du XVIème siècle à la date de la conquête marocaine (1591), Tombouctou fut l'un des plus grands centres universitaires du monde. D'autres empires de ce continent ont eu leurs années de gloire….

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