Le port de la lune, tome 1 : Rue Abbé de l'épée

On attend Maya au commissariat de la rue de l'Abbé de l'épée de Bordeaux pour le briefing quotidien. Maya est femme-flic et sourde. de son petit deux-pièces-cuisine, on l'accompagne dans sa courte promenade matinale jusqu'à son travail...le temps pour Maya d'expliquer au lecteur l'importance de l'Abbé de l'épée pour la communauté sourde au 18e siècle et l'historique de l'hôtel de police, "qui fût jusqu'en 1956, une école pour jeunes filles sourdes et muettes de la Gironde".

Entourée de ses cinq collègues masculins, Maya prend connaissance des affaires courantes : lettre anonyme avec menace, tapage nocturne avec délit de fuite...les équipes sont constitués...la journée peut commencer...

Dans ce premier tome l'intrigue n'est pas prépondérante. C'est à travers le travail d'équipe que la trame de l'histoire prend forme. L'accent est mis sur les rapports entre les flics et surtout sur le ressenti de Maya qui en tant que femme, sourde de surcroît, doit s'imposer dans ce milieu mâle et ses blagues salaces...
Parfois un peu susceptible, Maya sait réagir au quart de tour et on s'attache rapidement à cette jeune femme qui a du répondant.

Une BD d'un grand réalisme, aussi bien dans le récit (relations humaines, le quotidien des flics "ordinaires", les problèmes auxquels peut se heurter une personne sourde) que dans le cadrage et les dessins sobres et réalistes (des personnages bien sur, mais également des rues et bâtiments de Bordeaux).

Or, l'histoire se présente avant tout comme une enquête policière...le lecteur n'a pas oublié cette personne emprisonnée, au début du récit, qui se "dévoile" par des propos propres à la folie pure, sur des pages d'un noir abyssal...
Mais qui est-elle ?

Ce diptyque était assez intéressant à lire. En effet, le personnage principal est une jeune et belle fliquette qui a la particularité d'être sourde mais pas muette. Elle forme une équipe dont chaque membre jouera un rôle dans l'enquête.

Le ressort sera celui de la maladie psychologique. le cadre n'est pour une fois pas la capitale parisienne mais Bordeaux. Mise à part ces petits éléments, les ressorts de l'histoire sont assez conventionnels et donc sans grande surprise.

Il y aura assez peu d'action mais une enquête aux multiples ressorts en partant d'un simple tapage nocturne. J'ai bien aimé le trait assez réaliste avec des décors d'un Bordeaux magnifique.

Une histoire policière sympa grâce à son héroïne. Pour le reste, point d'originalité.

Voilà un premier tome prometteur. Ouverture très sombre, très inquiétante et d'autant plus, qu'en quatrième de couverture une phrase, rouge sang, augmente la pression :"Personne ne sort indemne de la confrontation avec l'univers psychiatrique". Brrrrrrr !
Et puis, commence une enquête de police suite à une lettre anonyme. Et là, tout devient - presque - banal.
Certes les personnages sont bien campés, certes il y a des surprises, certes il y a cette jeune inspectrice atypique puisque sourde de naissance, ce qui ne l'empêche pas de tenir sa place avec efficacité dans l'équipe du commissariat.
Heureusement, qu'il y a les pages sombres consacrées à un individu en plein cauchemar, ou en pleine crise.
D'accord, Bordeaux est bien "croqué", d'accord l'histoire de l'Abbé de l'Epée est bien racontée, mais s'il n'y avait pas eu cette intrigue inquiétante : victime, malade mental, enfermé dans une cellule ou oublié dans une cave (???), je ne suis pas certaine que j'aurais poursuivi la lecture.
Et comme j'ai attaqué dans la foulée, le second tome, je constate avoir bien aimé ce premier tome.