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Citations sur Les amours jaunes (99)

APRÈS LA PLUIE

J’aime la petite pluie
Qui s’essuie
D’un torchon de bleu troué !
J’aime l’amour et la brise,
Quand ça frise…
Et pas quand c’est secoué.

— Comme un parapluie en flèches,
Tu te sèches,
Ô grand soleil ! grand ouvert…
A bientôt l’ombrelle verte
Grand’ouverte !
Du printemps — été d’hiver. —

La passion c’est l’averse
Qui traverse !
Mais la femme n’est qu’un grain :
Grain de beauté, de folie
Ou de pluie…
Grain d’orage — ou de serein. —

Dans un clair rayon de boue,
Fait la roue,
La roue à grand appareil,
— Plume à queue — une Cocotte
Qui barbote ;
Vrai déjeuner de soleil !
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Pièce à carreaux

Ah ! si Vous avez à Tolède,
Un vitrier
Qui vous forge un vitrail plus raide
Qu’un bouclier !…

À Tolède j’irai ma flamme
Souffler, ce soir ;
À Tolède tremper la lame
De mon rasoir !

Si cela ne vous amadoue :
Vais aiguiser,
Contre tous les cuirs de Cordoue,
Mon dur baiser :

— Donc — À qui rompra : votre oreille,
Ou bien mes vers !
Ma corde-à-boyaux sans pareille,
Ou bien vos nerfs ?

— À qui fendra : ma castagnette,
Ou bien vos dents…
L’Idole en grès, ou le Squelette
Aux yeux dardants !

— À qui fondra : vous ou mes cierges,
Ô plombs croisés !…
En serez-vous beaucoup plus vierges,
Carreaux cassés ?

Et Vous qui faites la cornue,
Ange là-bas !…
En serez-vous un peu moins nue,
Les habits bas ?

— Ouvre ! fenêtre à guillotine :
C’est le bourreau !
— Ouvre donc porte de cuisine !
C’est Figaro.

… Je soupire, en vache espagnole,
Ton numéro
Qui n’est, en français, Vierge molle !
Qu’un grand ZÉRO.
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Se mourant en sommeil, il se vivait en rêve.
Son rêve était le flot qui montait sur la grève,
Le flot qui descendait ;
Quelquefois, vaguement, il se prenait attendre…
Attendre quoi… le flot monter -- le flot descendre --
Ou l'Absente... Qui sait ?

(Le poète contumace)
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Un pauvre petit diable aussi vaillant qu'un autre,
Quatrième et dernier à bord d'un petit côtre ...
Fier d'être matelot et de manger pour rien,
Il remplaçait le coq, le mousse et le chien ;
Et comptait, comme ça, quarante ans de service,
Sur le rôle toujours inscrit comme novice ! - ...
( extrait de la poésie intitulée "le bossu bitor")
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C'est à toi que je fis mes adieux à la vie,
A toi qui me pleuras, jusqu'à me faire envie
De rester me pleurer avec toi. Maintenant
C'est joué, je ne suis qu'un gâteux revenant,
En os et… (j'allais dire en chair). -- La chose est sûre
C'est bien moi, je suis là -- mais comme une rature.

(Le poète contumace)
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Petit mort pour rire.

Va vite, léger peigneur de comètes !
Les herbes au vent seront tes cheveux ;
De ton oeil béant jailliront les feux
Follets, prisonniers dans les pauvres têtes...
Les fleurs de tombeau qu'on nomme Amourettes
Foisonneront plein ton rire terreux...
Et les myosotis, ces fleurs d'oubliettes...
Ne fais pas le lourd ; cercueils de poètes
Pour les croque-morts sont de simples jeux,
Boîtes à violon qui sonnent le creux...
Ils te croiront mort-Les bourgeois sont bêtes-
Va vite, léger peigneur de comètes !
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[Bohême de chic]

Et je laisse la vie
Pleuvoir sans me mouiller,
En attendant l'envie
De me faire empailler.
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SOUS UN PORTRAIT DE CORBIERE
EN COULEURS FAIT PAR LUI ET DATÉ DE 1868


Jeune philosophe en dérive
Revenu sans avoir été,
Cœur de poète mal planté :
Pourquoi voulez-vous que je vive ?

L’amour !... je l’ai rêvé, mon cœur au grand ouvert
Bat comme un volet en pantenne
Habité par la froide haleine
Des plus bizarres courants d’air ;
Qui voudrait s’y jeter ?... pas moi si j’étais Elle !...
Va te coucher, mon cœur, et ne bats plus de l’aile.

J’aurais voulu souffrir et mourir d’une femme,
M’ouvrir du haut en bas et lui donner en flamme,
Comme un punch, ce cœur-là, chaud sous le chaud soleil...
Alors je chanterais (faux, comme de coutume)
Et j’irais me coucher seul dans la trouble brume
Éternité, néant, mort, sommeil, ou réveil.

Ah si j’étais un peu compris ! Si par pitié
Une femme pouvait me sourire à moitié,
Je lui dirais : oh viens, ange qui me consoles !...
. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .
... Et je la conduirais à l’hospice des folles.

On m’a manqué ma vie !... une vie à peu près ;
Savez-vous ce que c’est : regardez cette tête.
Dépareillé partout, très bon, plus mauvais, très
Fou, ne me souffrant... Encor si j’étais bête !

La mort... ah oui, je sais : cette femme est bien froide,
Coquette dans la vie ; après, sans passion.
Pour coucher avec elle il faut être trop roide...
Et puis, la mort n’est pas, c’est la négation.

Je voudrais être un point épousseté des masses,
Un point mort balayé dans la nuit des espaces,
...Et je ne le suis point !

Je voudrais être alors chien de femme publique,
Lécher un peu d’amour qui ne soit pas payé ;
Ou déesse à tous crins sur la côte d’Afrique,
Ou fou, mais réussi ; fou, mais pas à moitié.
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Je te disais ce que je savais écrire...
Et nous nous comprenions - Tu ne savais pas lire -
Mais ta philosophie était un puits profond
Où j'aimais à cracher, rêveur... Pour faire un rond.

("Le douanier", extrait)
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Sous les griffes d'un professeur
Ma muse reste emprisonnée
Mais elle paraîtra dans toute sa splendeur
Une fois sorti du Lycée.

(Poèmes retrouvés / Vers de jeunesse)
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