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EAN : 9782864323051
466 pages
Verdier (08/10/1999)
4.5/5   4 notes
Résumé :

Elaboré à l'occasion du millénaire d'Avicenne, cet ouvrage est d'abord l'édition et la traduction de trois " récits " avicenniens qui déploient la perspective mystique où se parachève l'oeuvre du grand penseur iranien. Henry Corbin (1903-1978) a procédé à cette édition en la soumettant à l'épreuve du commentaire. Il met en lumière, pour la première fois, l'angélologie d'Avicenne, où se transmue en termes mystiques la doctrine des Intelligences et des Ame... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Résumé très clair et lumineux même, de Corbin, sur les différentes positions, notamment celle d'Abû-l-Barakât en plus de celle d'Ibn Sîna, qui éclaire davantage l'opinion de Sohrawardî, sur l'union ou la relation de l'Âme céleste et son pendant terrestre. C'est que le Sheykh al-Ishraq a un style d'une concision qui frôle l'elliptique, le cher garçon, obligeant à se reporter à ses commentateurs (Ghiyat ad Dîn Shirazî et Mollah Sadra) mais qui eux-mêmes y ajoutent leur grain de sel. En fait on ne comprend bien Sohrawardî que lorsqu'on a saisi Ibn Sîna, c'est-à-dire d'où Sohrawardî reprend la route et d'où il s'éloigne du point de départ.

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Sur la méfiance de l'église catholique envers l'angélologie et le combat de l'avicennisme latin, qui de façon inattendue, trouve un renfort avec la révolution copernicienne, objection majeure de Corbin : le Ciel d'Occident en devient, du coup, mortellement emmerdant et dépeuplé :


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Ibn Hazm disait que derrière la prétendue objectivité des "rationnalistes" se cachait en vérité beaucoup de motifs psychologiques, subjectifs, circonstantiels inavoués. Ibn Sîna, lui, par sa philisophie illuministe, résoud la question, en quelque sorte : c'est par la raison et ses chemins détournée qu'il est mené à son moi profond :

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Citations et extraits (59) Voir plus Ajouter une citation
Cette sotériologie, la rencontre du Moi transcendant, à la fois même et autre que moi-même, est comme en synchronisme avec l'éveil de l'âme à sa conscience d'Etrangère. Oeuvres philosophiques, romans spirituels en prose ou poèmes mystiques, fournissent ici d'amples documents pour une phénoménologie de la conscience étrangère. (...)
Quel est le sens de "venir en ce monde" (être jeté au fond de la crypte cosmique)? (...)
"Venir en ce monde", c'est passer du monde de la réalité au sens vrai (haqiqât), au monde qui est sans doute réel pour la conscience commune, mais qui au sens vrai n'est que figure et métaphore (majâz); cette venue au monde veut dire que les réalités au sens vrai sont devenues douteuses et improbables, suspectes et ambigues. "Sortir de ce monde"", accéder au monde vrai, cela signifiera que cette Ténèbre et ces doutes sont enlevés de la conscience qui de l'état de petite enfance (hâl-etifûlîya) passe à l'âge de maturité. Parvenir à cette conscience vraie du Vrai réel, c'est eo ipso devenir étranger au monde de la métaphore, dont la conscience commune se satisfait comme d'un monde vrai. Quitter ce monde, ce n'est point "mourir" comme sont morts ceux dont on dit qu'ils "sont partis", car beaucoup de ceux qui sont ainsi partis, n'ont en fait jamais quitté ce monde. Leur départ aussi est métaphorique, car ce n'est point de cette manière que l'on sort, au sens vrai, de la crypte cosmique. Pour en sortir réellement, il faut être devenu, redevenu plutôt, l'Etranger, c'est-à-dire une âme régénrée dans la Source de Vie, qui a effectué le passage du retour de "Majâz" à "Haqîqat".(...)
L'idée de ce passage nous réfère alors à l'opération mentale la plus caractéristique de tous nos spirituels, néoplatoniciens, Ishrâqîyûn, soufis, théosophes ismaéliens: le ta'wil ou exégèse spirituelle.
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C'est l'épisode final du poème que l'on s'attachera à résumer simplement ici, non seulement parcequ'il achève triomphalement le Cycle de l'Oiseau, mais parce qu'en s'y référant, c'est peut-être à l'aspect le plus caractéristique et à l'expression la plus achevée de la mystique persane que l'on réfère.
Ici donc, les Oiseaux sont partis par milliers; ils ont voyagé des années et des années, franchissant les sommets et les abîmes; c'est presque toute leur vie qu'ils ont consumée dans ce voyage. Mais sur les milliers qu'ils étaient au départ, à écouter l'admonition de la huppe, il ne survit qu'un tout nombre pour arriver au but sublime. Presque tous disparurent, les uns submergés dans l'Océan, les autres cloués sur les hauts sommets; les uns calcinés par les ardeurs solaires, les autres dévorés par les bêtes féroces; d'autres tous simplement épuisés de fatigue dans les déserts. Plus triste encore: d'autres s'entre-tuèrent, ou bien s'arrêtèrent ensemble au même endroit, et là occupés de vanités et de plaisir, périrent après avoir oublié l'objet de leur quête.
Bref, de ces milliers d'Oiseaux qui au départ remplissaient l'univers, il n'en arriva que trente. Encore étaient-ils frappés de stupeur par l'épuisement, le coeur brisé, l'âme prostrée, le corps abîmé. Cependant ils entrevirent la Majesté qu'on ne peut décrire, celle dont l'essence échappe à toute prise de l'intelligence humaine. Comme les oiseaux du Récit d'Avicenne émerveillés par les êtres de lumière peuplant le neuvième Ciel, ils virent réunis des milliers de soleils plus resplendissants les uns que les autres, des milliers de lunes et d'étoiles toutes également belles. Alors comme le pèlerin du Mi'raj-Nâmeh, ils furent ébranlés et troublés; peut-être s'étaient-ils avancés trop loin?
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Frères de la Vérité ! Dépouillez-vous de votre peau comme se désquame le serpent. Cheminez comme chemine la fourmi, sans que personne n’entende le bruit de ses pas. Soyez comme le scorpion qui porte toujours son arme au bout de sa queue, car c’est par-derrière que le démon cherche à surprendre l’homme. Absorbez du poison, afin de vous maintenir en vie. Aimez la mort, afin de rester des vivants. Soyez toujours en vol ; ne vous choisissez pas de nid déterminé, car c’est au nid que l’on capture tous les oiseaux. Si vous n’avez pas d’ailes, dérobez, procurez-vous des ailes par ruse, s’il le faut, car le meilleur des éclaireurs c’est ce qui a la force de prendre de l’envol. Soyez comme l’autruche qui avale des pierres brûlantes. Soyez comme les vautours qui engloutissent les os les plus durs. Soyez comme la salamandre qui se laisse envelopper par le feu avec aisance et confiance. Soyez comme les chauves-souris qui ne sortent jamais pendant le jour ; oui, la chauve-souris est le meilleur des oiseaux.

Frères de la Vérité ! le plus vaillant c’est celui qui ose affronter son lendemain ; le plus lâche, c’est celui qui reste en retard sur sa propre perfection. (citation d'Avicenne, p. 233)
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Il appartient à la psychologie des symboles de vérifier dans quelles conditions se produit cette transparition de l'âme à elle-même, -de l'âme s'apercevant alors elle-même sous la forme d'un être ailé. Le symbolisme de l'aile s'impose spontanément comme un archétype (...). L'Oiseau est encore au rang d'un symbole, d'une Image par laquelle l'âme se médite et se pressent elle-même. Mais la visualisation peut devenir si intense, l'âme devenir elle-même si totalement vision, que le symbole s'efface dans l'éclat de cette transparence: c'est alors sa propre Image, son Soi-même, que l'âme soudain saisit non plus sous une espèce symbolique, mais comme une vision directe et immédiate. Tel est le cas dans un célèbre rêve du récit autobiographique de Gérard de Nerval: "Un être d'une grandeur démesurée -homme ou femme, je ne sais- voltigeait péniblement au-dessus de l'espace, et semblait se débattre parmi des nuages épais. Manquant d'haleine et de force, il tomba enfin au milieu de la cour obscure, accrochant et froissant ses ailes le long des toits et des balustres. Je pus le contempler un instant. Il était coloré de teintes vermeilles, et ses ailes brillaient de mille reflets changeants. Vêtu d'une longue robe à plis antiques, il ressemblait à l'ange de la Mélancolie, d'Albrecht Durer."
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Le symbole n'est pas un signe artificiellement construit; il éclôt spontanément dans l'âme pour annoncer quelque chose qui ne peut pas être exprimé autrement; il est l'unique expression du symbolisé comme d'une réalité qui devient ainsi transparente à l'âme, mais qui en elle-même transcende toute expression. L'allégorie est une figuration plus ou moins artificielle de généralités ou d'abstractions qui sont parfaitement connaissables ou exprimables par d'autres voies.Pénétrer le sens d'un symbole n'équivaut nullement à le rendre superflu ni à l'abolir, car il reste toujours la seule expression du signifié avec lequel il symbolise. On ne peut jamais prétendre l'avoir dépassé une fois pour toutes, à moins précisément de le dégrader en allégorie, d'en fournir des équivalences rationnelles, générales et abstraites.
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