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EAN : 9782226449313
256 pages
Albin Michel (26/02/2020)
3.06/5   33 notes
Résumé :
L'Histoire de l'ignorance est une question essentielle. Pendant des millénaires, nous, les humains, ne savions presque rien de la terre. Nous nous référions surtout à nos territoires, à nos paysages, à nos villages. Sur les cartes on pouvait lire par endroit : Terra Incognita. Ce livre raconte les incroyables erreurs auxquelles il a fallu se heurter pour découvrir les secrets de notre planète bleue.

Des erreurs parfois brillantes, souvent étranges, ma... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Le titre « Terra incognita, une histoire de l'ignorance » paraissait très ambitieux au regard de la modeste taille de l'ouvrage. de fait, le sous-titre « une histoire de l'ignorance » est trop mis en avant au regard de ce qu'est ce livre et de son contenu. Il s'agit en fait d'un état de l'évolution des connaissances humaines à propos de la Terre de 1755 à la fin du dix-neuvième siècle.

Alain Corbin rappelle qu'au dix-huitième la cartographie du globe était certes bien avancée, mais il manquait encore de vastes espaces au coeur des continents ou aux pôles. Et, si les savants de l'époque ignoraient certaines zones géographiques, les connaissances scientifiques sur ce qui a formé et continue de façonner notre Terre étaient absentes, ou résidaient dans des théories influencées par les religions plus que par l'analyse physique.

Peu à peu cette ignorance de ce qu'est notre planète a reculé. L'observation des séismes, comme celui qui a ravagé Lisbonne en 1755, a amené à s'intéresser aux forces qui conduisent aux éruptions. Les explorateurs ont commencé à étudier les volcans, les nuages ou les glaciers.

Des théories parfois farfelues ont été bâties pour expliquer les phénomènes météorologiques, les abysses ou les pôles. La datation de la création de la Terre a donné lieu à controverses, avec des écarts énormes. Pendant longtemps on a cru qu'il existait une mer libre de glace aux pôles (dans l'esprit des partisans de cette thèse, les températures auraient été plus clémentes aux pôles). L'idée de classer les nuages (cumulus, nimbus…), d'observer le sens des vents, les pressions atmosphériques, et de, de là, déduire des évolutions climatiques, n'est que très récente. Ce qui nous semble évident, comme les mouvements des glaciers sous l'effet des températures, les forces telluriques, la circulation de l'eau depuis la source des fleuves jusqu'aux océans, sont des constructions progressives datant des deux ou trois derniers siècles.

L'objet de cet essai est vaste. L'auteur présente les avancées scientifiques – et les fausses pistes – en utilisant parfois des termes précis relevant du monde scientifique. Il glisse de-ci, de-là, des références littéraires, pas toujours à propos. le choix de découper artificiellement la période et de reprendre chacun des sujets abordés à trois reprises conduit à des redites et à un manque de clarté. La lecture s'en ressent. Elle est assez ardue pour qui n'a pas un grand bagage scientifique. Des détails viennent toutefois parfois rendre le propos plus intéressant, comme les conséquences de l'éruption du volcan indonésien Tambora en 1815. Pendant presque trois ans les contemporains observèrent des « brouillard secs », qui obscurcirent le ciel, parfois pendant des jours, le climat s'en ressentit. Mais en ces temps où les nouvelles circulaient lentement, personne ne fit le lien entre un volcan lointain et des circulations de poussières en altitude. Alors que le même type d'éruption en 1883, avec le Krakatoa, pourtant bien moins importante, fut parfaitement comprise : l'information avait été diffusée en quasi temps réel.

Ce livre demande pas mal de connaissances scientifiques et d'attention pour en apprécier pleinement tous les sujets abordés.
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Une fois n'est pas coutume, je ne vais pas vous parler d'un roman cette fois. Il est vrai que c'est mon genre favori mais il m'arrive de temps en temps d'ouvrir d'autres types de livres et notamment des essais. Au moment de la sortie de ce livre, en début d'année, j'ai lu une interview d'Alain Corbin dans un magazine et je me souviens avoir trouvé ses propos particulièrement intéressants. J'ai donc acheté ce livre et il s'agit de ma première lecture de cet auteur qui semble avoir déjà rencontré un certain succès avec ses ouvrages précédents.

Le thème de l'ouvrage me semblait particulièrement intéressant mais néanmoins très ambitieux : une histoire de l'ignorance. Oui, oui, rien que ça ! En réalité, et cela semble logique, cette histoire de l'ignorance est ciblée sur une période de l'histoire qui va de 1755, avec pour point de départ le séisme de Lisbonne, jusqu'en 1900. Par ailleurs, l'auteur s'attache à évoquer un certain nombre de sujets et à dresser finalement un panorama du recul de l'ignorance sur ces sujets durant la période considérée. On retrouve donc par exemple les phénomènes météorologique, les volcans, les abysses ou encore les pôles.

Je vais tout de suite mettre les pieds dans le plat, j'ai été très déçu par ce livre. Je m'attendais vraiment à un propos passionnant et cela n'a pas fonctionné. Il y a plusieurs raisons à cette déception. La première, c'est la forme. Je n'aime pas trop dire ça, mais j'ai été surpris tant ce n'est pas soigné. Il y a de nombreuses répétitions, parfois des phrases identiques que l'on retrouve à 2-3 pages d'intervalle. Ce n'est vraiment pas agréable à lire. Par ailleurs, la plupart des éléments sont, à mon sens, mal amenés avec parfois des transitions brutales qui donnent l'impression d'une succession d'auteurs, de dates... C'est très rébarbatif à lire et c'est vraiment dommage.

C'est d'ailleurs d'autant plus dommage qu'il y a des éléments vraiment intéressants. On apprend des choses et on voit qu'il y a eu un travail de recherche mais comme je n'ai pas été embarqué dans le propos de l'auteur, j'ai vraiment eu du mal à avoir se plaisir de découvrir et d'apprendre. Ce roman manque clairement de "pédagogie", ce n'est pas vraiment ce mot que je voulais utiliser mais je ne trouve pas mieux.

Donc voilà, une impression plutôt négative avec un vrai blocage sur la forme et un propos qui ne m'a pas du tout embarqué alors que le sujet me paraissait vraiment intéressant et qu'il y a des éléments pouvant être clairement passionnants dans ce livre. Certains points méritaient d'ailleurs quelques développements ou éléments de contexte supplémentaires. Mais franchement, je n'aime pas utiliser ce mot là, l'ensemble m'a paru un peu bâclé.

Je ne sais pas trop si je vais tenter une nouvelle expérience avec un autre livre d'Alain Corbin. En tout cas, celui-ci n'a clairement pas fonctionné avec moi et même si j'y ai appris des choses intéressantes, je n'ai pas vraiment pris de plaisir lors de cette lecture. Dommage.
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En plus de son intérêt documentaire évident, l'une des principales qualités de l'ouvrage d'Alain Corbin est de nous faire réfléchir à notre rapport à l'ignorance. Nos ancêtres des XVIIIe et XIXe siècles étaient très ignorants en matière de sciences de la Terre. Nous le sommes moins…sur ce sujet, mais l'actualité suscite des réactions tout à fait semblables : fin de la civilisation, culpabilité, diffusion d'explications fantaisistes, confusion entre arguments scientifiques et idéologiques. le champ de notre ignorance est encore bien vaste.
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Le vrai titre, comme l'auteur le suggère dans son ouvrage, serait ‟Le recul de l'ignorance. le récit commence avec le terrible tremblement de terre de Lisbonne en 1755. Après un millénaire d'obscurantisme religieux et le retour aux sources grecques, Corbin montre les tâtonnements, les apories, les fausses explications qui ont jalonné la sortie de l'ignorance. On y visite différentes disciplines : climats, glaciers, montagnes, abysses, pôles, volcans… L'abyssale culture de l'auteur va de pair avec sa modestie intellectuelle à laquelle nous avaient habitués ses autres ouvrages. Un régal d'intelligence au regard des nouveaux obscurantismes à la mode : wokisme, religion écologique, croyances en tous genres. le combat contre l'ignorance est une tâche sans fin.
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Quelle déception que cet ouvrage ! Peut-être en partie à cause d'un malentendu quant au sous-titre "Une histoire de l'ignorance" dont une critique peu sérieuse m'avait porté à croire que cette ignorance ne se limitait pas à la Terre et ses phénomènes physiques tels les séismes, les volcans, les nuages ou les glaciers. Cela dit, même limité à ces sujets, le livre aurait pu être passionnant. Or il n'est rien de moins qu'ennuyeux en raison notamment d'une écriture terne au possible, avec en prime ce "nous" de modestie qui pourrait faire passer l'auteur pour un lycéen lambda, appliqué au point de ne pas oublier d'écrire une conclusion à sa dissertation : "C'est pourquoi j'ai conçu ce petit livre comme un plaidoyer en faveur d'une histoire de l'ignorance."
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critiques presse (1)
LeSoir
17 août 2020
Alain Corbin [...] n’est pas, loin de là, un vulgarisateur de bas étage [...] Il s’invente des espaces personnels innovants, ouvre des perspectives inattendues et réconcilie ainsi l’exigence du chercheur et une curiosité propre à titiller celle de tout individu prêt à accueillir son point de vue sur le passé.
Lire la critique sur le site : LeSoir
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Quand nous lisons Balzac, Goethe, Dickens ou Stendhal, il nous faut faire un effort de compréhension pour imaginer quelles étaient leurs représentations de la Terre, laquelle était mystérieuse et revêtait à leurs yeux des formes d'autant plus terrifiantes qu'elles étaient incompréhensibles ; une Terre dont les représentations demeuraient empreintes d'épaves de cultures ; et que dire de ceux qui n'avaient pas d'instruction. Or, à partir du XVIIIe siècle déjà, le feuilletage des ignorances allait s'élargissant entre ceux qui l'on qualifiait de "savants" - il n'était pas alors question de "scientifiques" - et la masse des individus d'Occident. Dans le même ordre d'idées, cela conduit à s'interroger sur l'histoire des dénivellations du désir de savoir, ou de ce que les philosophes, se référant à Augustin, qualifient de libido sciendi. Ce qui fait la profondeur du Bouvard et Pécuchet de Flaubert, lequel met à nu, de manière ironique, tout à la fois, la profondeur de l'ignorance et l'intensité d'un désir de savoir irréalisable qui pouvait tenailler des employés du milieu du XIXe siècle.
Le repérage du manque, qui constitue mon objet, implique donc de guetter, tout à la fois, le rythme des découvertes et celui de la vulgarisation ; c'est-à-dire la descente sociale des trouvailles scientifiques concernant la Terre, qu'il s'agisse de la géologie, de la vulcanologie, de la glaciologie, de la météorologie ou des sciences de la mer ; sans oublier les représentations de la figure de la Terre, de la profondeur de son histoire, de sa géographie, de l'effacement progressif des "taches blanches", des tentatives en vue de résoudre l'énigme des pôles. Or il nous est difficile de faire taire dans notre esprit les images de notre planète que nous portons en nous. Tel est l'objet de ce livre.
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Pour Victor Hugo, le Rhin "réunit tout" ce qui constitue un fleuve. Il est "rapide comme le Rhône, large comme la Loire, encaissé comme la Meuse, tortueux comme la Seine, limpide et vert comme la Somme, historique comme le Tibre, royal comme le Danube, mystérieux comme le Nil, pailleté d'or comme un fleuve d'Amérique, couvert de fables et de fantômes comme un fleuve d'Asie". En bref, l'évocation du Rhin est l'occasion, pour le poète, d'établir le catalogue des impressions et des merveilles des fleuves de la Terre.
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Victor Hugo s'est dit, tout au long de son existence, particulièrement torturé par l'énigme que constituait le vent, lui qui écrit avoir souvent parlé aux arbres, écouté leur discours suscité par le vent dans leurs branches, élément de la harpe éolienne des romantiques allemands.
"Pourquoi ce sifflement toujours le même ? Pourquoi ce grincement, toujours le même ? A quoi bon s'égosiller dans la nuée pour répéter sans cesse les mêmes choses ?" "Que dit le vent. A qui parle-t-il ? Quel est son interlocuteur ? A quelle oreille murmure-t-il ?".
Selon Victor Hugo, le vent et ses extravagances sont révélation privilégiée de l'Inconnu de la Création, "respiration et appel de l'abîme". L'ignorance de l'homme à son propos est souffrance.
(p. 160)
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Et si au lieu de raconter l'histoire de ce que nous connaissons, nous faisions l'histoire de ce que nous ignorons ? Une histoire de l'ignorance, en somme. Croyez-moi, la tâche est immense et très importante !
« Terra Incognita. Une histoire de l'ignorance » d'Alain Corbin, c'est aux éditions Albin Michel.
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