Mon cauchemar, depuis que j’essaie d’être enceinte, ce sont les gens qui se comportent comme si les bébés étaient un dû, comme si on pouvait décider du mois de leur naissance, entre un voyage en Argentine et une promotion au boulot. C’est un manque de respect envers ceux qui seraient prêts à en accueillir un à n’importe quel moment, dans n’importe quelles conditions.
Quand on n'a plus personne et un vide dans le cœur à la place de ceux qu'on aimait, on peut faire vraiment n'importe quoi, tout ce qui nous passe par la tête, puisqu'on n'a plus à s'inquiéter des conséquences pour son entourage. C'est un des avantages que j'ai à être moi.
Quand vous êtes déjà passé à l'acte, que vous avez déjà basculé du côté obscur, qu'est-ce que ça peut bien faire que vous recommenciez?
Je suis encore à la recherche d'une bonne raison de ne pas me complaire dans l'anonymat de cette ville ; quelque chose, ou quelqu'un, qui m'aiderait à m'y sentir chez moi. J'ai quitté Chicago, ma ville natale, il y a quatre ans et je suis toujours aussi isolée à Londres. Je fais pourtant tout ce que je peux pour tisser des liens. Parfois, je me dis que quand on traîne derrière soi un passé comme le mien, on ne peut jamais vraiment être proche des autres. C'est trop risqué. Trop compromettant.
- Je suis célibataire.
Oh, ça oui, je suis on ne peut plus célibataire... Célibataire et malheureuse de l'être. Je ne m'aime pas. Je n'apprécie pas ma propre compagnie. Seule, je me sens décalée, inadaptée, incapable de prendre la bonne décision. Il me faudrait un alter ego pour atténuer mon être à cinquante pour cent. J'ai besoin qu'on me dilue, comme un sirop.
Je presse de nouveau mon oreille contre le mur, tellement fort cette fois que la peau me brûle. Mais la douleur ne m'a jamais arrêtée.
J'éteins la télévision et reporte mon attention sur mes voisins. Ils doivent faire ça sur leur canapé, parce que l'accoudoir vient cogner par intermittence contre le mur. Pardon, soyons précis : il vient cogner contre MON mur.
Parce que c'est tout simplement inconcevable de ne rien avoir à raconter. Il faut être occupée, surchargée, frénétique, "faire". Constamment. Le "rien" n'est pas permis.
La jalousie est un monstre. Ma voisine aussi.
N'est-ce pas la seule chose qui compte de nos jours ? Peu importent les failles derrière vos portes closes, du moment que votre page Facebook affiche la joie.