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Critique de Clem200210


C'est par hasard, d'abord, que j'ai acheté Alias Caracalla. Au détour de quelques recherches internets ou d'un documentaire, j'ai découvert ce livre, dont le titre m'a intrigué, et je me suis décidé à l'acquérir. J'étais loin de me douter de la révélation qu'il allait être pour moi.

Pour le garçon de 18 ans que je suis encore, il est intéressant de lire le récit de quelqu'un d'à peu près du même âge qui, 80 ans plus tôt, a décidé de s'engager contre ce qu'il considérait être une honte et un déshonneur pour sa patrie: la signature de l'armistice. On suit d'abord les espoirs, les illusions, les joies et les déceptions qui animent la vie de Daniel Cordier, jeune militant de l'Action Française, fervent maurassien, jeune Camelot du Roi et antisémite assumé, lorsqu'il arrive à Londres en Juin 1940. Pendant deux années, son entraînement au sein des FFL et sa formation auprès du BCRA vont rythmer sa vie. Il rêve d'action, d'aventure, de gloire peut-être, mais il est lucide: il sait qu'il s'engage dans une voie dont il ne reviendra sûrement pas.

Au final, son destin et sa guerre furent tout autres. Parachuté en France en Juillet 1942, il rencontre rapidement Rex*, alors chargé par le Général de Gaulle d'unifier les différentes Résistances qui existent en France. de cette rencontre, qui aurait pu être anodine, va naître une relation forte entre ces deux hommes puisque Rex va faire de Cordier son secrétaire personnel jusqu'à son arrestation. Daniel Cordier vient de rencontrer, comme il le dit lui-même, « l'homme qui allait hanter sa vie ». S'ensuivent dix mois de proche collaboration, de travail acharné (quatorze à seize heures par jour!), de risques permanents (venant de la Gestapo et de la Milice), de rencontres quotidiennes avec des responsables majeurs de la Résistance et de communications laborieuses. Pendant ces dix mois, le jeune homme d'extrême-droite qu'était Daniel Cordier va devenir Républicain puis un homme de gauche, rencontrer les hommes qui ont permis à la France de sauver son honneur pendant la guerre, côtoyer des intellectuels, des artistes et, surtout, gérer une bonne partie de l'argent et des communications radios de la Résistance Française. C'est le récit au jour le jour d'un homme qui, à sa façon, a contribué à la victoire finale, même si ses désirs d'action ne furent jamais satisfait. Mais par-dessus tout, c'est le récit de l'éveil d'un homme, de son changement, de sa naissance presque. le Daniel Cordier qui revient vainqueur en 1945 est bien différent du Daniel Cordier qui a quitté la France en 1940.

Plein d'humilité, d'honnêteté, et d'enseignements, Alias Caracalla est de ces livres qui vous hantent et vous accompagnent pour toute la vie, vous faisant vous questionner: « qu'aurais-je fait à sa place »? Un grand livre, écrit par un grand homme, pour raconter un des plus beaux moments de l'Histoire moderne de la France (la Résistance), et ce avec l'innocence, la naïveté et la pureté du regard d'un jeune plein d'espoir, voici Alias Caracalla. À lire absolument, surtout quand on a autour de vingt ans.
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