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Ce livre constitue le second tome des mémoires posthumes de Daniel Cordier (1920-2020) et fait suite au premier tome publié en 2009 « alias Caracalla »

Dans cet ouvrage, Daniel Cordier raconte la Résistance après l'arrestation et la disparition de Jean Moulin, il dit ses doutes, ses emportements, mais jamais les regrets de son engagement.
Bénédicte Vergez-Chaignon, l'historienne spécialiste de la Seconde guerre mondiale , qui a travaillé longuement à ses côtés, complète la narration, corrige les quelques erreurs d'une mémoire défaillante (date , lieu…) par des notes en bas de page et un avertissement dans sa préface .
J'avais remarqué ce livre en librairie mais j'en différais son achat et sa lecture, en souhaitant reprendre ces mémoires dans l'ordre chronologique et donc commencer par « Alias Caracalla . »
J'ai dit lors d'un autre commentaire que j'avais fait provision de livres durant les Journées de Lourmarin consacrées cette année à « Albert Camus et le Journalisme. » le point librairie ( Mot à Mot de Pertuis) qui offre toujours un riche assortiment des ouvrages écrits ou évoqués par les différents intervenants lors de cette manifestation présentait ce livre sur son stand . En le feuilletant j'ai découvert « le pourquoi » : quelques pages étaient consacrées à la rencontre entre Cordier et Camus, journaliste clandestin à Combat, à qui Cordier avait demandé un article destiné à être publié lors de son retour à Londres.
Lecture tout à a fois instructive et émouvante et bien sûr, encore Camus !
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Quel beau titre... Pas de triomphalisme, mais au contraire, une émotion douce-amère. Car la victoire est là, oui, la Libération est enfin arrivée. C'était l'objectif de Daniel Cordier, Alain, Caracalla, Bip W ... depuis le premier jour, depuis ce 17 juin 1940 et ce refus de l'Armistice. C'est ce désir qui le pousse à s'engager, à quitter la France pour continuer le combat, à rallier la France Libre. Il s'était engagé avec une fougue, mais aussi une naïveté d'un jeune presque encore adolescent.
Mais a-t-il vraiment participé à la victoire ? Pour lui, n'ayant pas combattu, n'ayant même pas tenu en main en fusil, il a l'impression de n'avoir eu qu'un rôle secondaire. L'armée de l'ombre n'est donc pas, dans l'opinion du jeune Daniel Cordier, une véritable armée ; ou, en tout cas, il ne se considère pas, lui, comme un véritable combattant, n'ayant exercé « que » des fonctions de secrétariat. Il n'évoque ainsi qu'en passant sa décoration de Compagnon de la Libération, comme s'il estimait de pas la mériter.
Et peut-on même parler de victoire quand elle s'obtient au prix de tant de larmes et de tant de morts ? Daniel Cordier avait prévu d'arrêter ses mémoires après le premier tome, qui se conclut à la mort du « Patron », « Rex », Jean Moulin. Comme si ce qui lui était arrivé après était de moindre importance, et même de moindre valeur pour la Résistance... Ce tome est donc un tombeau, un hommage à cet homme exceptionnel. Cordier continue à travailler pour la Résistance pour que leur travail en commun n'ait pas été vain, en séjour à Madrid, il va visiter le musée du Prado parce que Jean Moulin lui en avait parlé et il admire les mêmes tableaux que lui, il prépare un rapport sur les activités de la Résistance pour mettre en avant le rôle de son patron... On retrouve sa jeunesse naïve, il n'imagine pas le pire, pour lui Jean Moulin va revenir avec les autres prisonniers, il sera fatigué et un peu amaigri, mais c'est tout. Ces quelques phrases sur le retour des déportés des camps sont tragiques, personne n'imaginait de telles horreurs. Pour reprendre les mots de Malraux lors du transfert des cendres de Jean Moulin, comment ces hommes pourront-ils revenir à la vie, « tous ceux qui sont morts dans les caves sans avoir parlé, comme toi ; et même, ce qui est peut-être plus atroce, en ayant parlé ; tous les rayés et tous les tondus des camps de concentration, le dernier corps trébuchant des affreuses files de Nuit et Brouillard, enfin tombé sous les crosses [...] le peuple né de l'ombre et disparu avec elle – nos frères dans l'ordre de la Nuit… ». Ce tome des mémoires de Cordier est donc un tombeau à tous ses frères, tous ces résistants tombés.
Le prix à payer a été lourd, et la victoire elle-même n'est pas une libération ; Daniel Cordier pleure, il n'arrive pas à faire la fête. Car les divisions politiques sont plus fortes que jamais, la France est au bord de la guerre civile, les vichystes s'accrochent au pouvoir, une nouvelle guerre semble se profiler avec l'URSS...
Ces mémoires sont donc d'un intérêt historique et mémoriel. Mais il faut aussi les lire pour l'humanité de Daniel Cordier, sa foi en l'homme, sa culture. Son écriture est sensible, émouvante, car il retrouve les émotions, les emportements de la jeunesse, même s'il écrit déjà âgé. Ce n'est pas grave s'il y a quelques erreurs de dates ou de lieux, il n'a pas pu finaliser le texte comme il le souhaitait. Mais il y a bien tout le coeur de ses vingt ans, avec pudeur et franchise. Il nous fait rire avec lui, ressentir la beauté d'un tableau, pleurer à la mort de son père, être charmé par une pièce de théâtre... Il a la chance de rencontrer de nombreux intellectuels, Sartre, Malraux... Et il présente avec honneteté son cheminement intellectuel, ses convictions et ses doutes.
Un texte historique, mais aussi un texte humaniste d'un grand homme.
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Qui a lu 'Caracalla", retrouvera ici la même sensibilité, la même modestie.
Daniel Cordier poursuit la relation de ses mémoires après l'arrestation de Jean Moulin dont il fut le secrétaire.
Les rivalités entre groupes de résistants, entre résistants et Londres, la filière partant de France pour rejoindre Londres en passant par l'Espagne et Gibraltar, le moment de la Libération de la France, le retour et l'absence des compagnons résistants (d'où le titre du livre) et les questions politiques qui se posent sur l'organisation de la République, la fascination communiste, l'URSS apparaissant comme le principal vainqueur d'Hitler : l'auteur nous plonge dans un quotidien riche de rencontres (Malraux, Raymond Aron) avec la conscience que le passé et ses émotions sont incommunicables. Et puis toujours cette foi aveugle envers De Gaulle qui participe d'une certaine ingénuité de l'auteur.
Un livre passionnant et d'une belle sensibilité.
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Il n'est pas indispensable de lire ce second tome des mémoires de Daniel Cordier. le premier tome, écrit sous la forme de journal et consacré notamment à la période où Daniel Cordier fut le secrétaire de Jean Moulin jusqu'à son arrestation le 21 juin 1943, portait la marque d'un travail rigoureux, basé sur les biographies de Jean Moulin que l'auteur lui avait précédemment consacrées. Dans cette ultime partie, dont la chronologie est d'ailleurs largement corrigée par une historienne, les chapitres sont organisés par thèmes et par personnages : la France Libre étant décapitée par une succession d'arrestations consécutives à celle de "Rex", l'ex secrétaire de Jean Moulin, désormais isolé et "brûlé", est contraint de rejoindre Londres.
Dans cette dernière partie crépusculaire, où la joie de la Victoire est ternie par les deuils de Jean Moulin et de nombreux résistants, surnagent tout de même quelques passages émouvants : le retour des camps de concentration de plusieurs camarades, plus morts que vifs ; les retrouvailles avec la famille, emprunts de pudeur et d'incompréhension mutuelle, et la frustration de Cordier, qui peut nous sembler incompréhensible aujourd'hui, de n'avoir pas vraiment combattu comme un soldat, les armes à la main. Soldat pourtant il le fut.
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On ne peut pas lire ce livre sans avoir lu auparavant Alias Caracalla, et qui a beaucoup aimé Alias, comme moi, retrouvera avec émotion cet homme très sensible, entier, un peu ingénu, téméraire, courageux. le récit de cette époque qui suit l'arrestation de Jean Moulin, son patron vénéré, jusqu'à la démission de l'armée de Cordier en 1946 est parcouru des moments tous plus forts les uns que les autres qu'a vécus ce très jeune homme de 25 ans. Quel parcours de vie incroyable pour un si jeune homme. Qu'avais-je fait à cet âge là ? Voilà qui m'impressionne plus que tout. Pour moi, le temps le plus fort d'entre tous est celui du retour des camps de ses camarades déportés.
Daniel Cordier ne voulait pas être enterré au mont Valérien, honneur réservé au dernier membre de l'Ordre des Compagnons de la Libération. Son voeu est exaucé puisqu'il était l'avant dernier survivant de l'Ordre à sa mort…
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Un livre moins abouti que "Alias Caracalla"
Est-ce parce que l'auteur n'a pas eu le temps de le peaufiner ?
Le contenu reste passionnant mais il y a trop d'approximations et il manque des développements essentiels prévus par l'auteur.
Daniel Cordier y paraît tel qu'en lui-même dans sa juvénilité idéaliste et romantique, parfois utopique. Sa fraîcheur et sa candeur auront été à la fois un impedimenta et un atout pour traverser cette période trouble et dangereuse sans y laisser trop de plumes et d'illusions sauf morales.
Il décrit parfaitement l'accaparation de la victoire par les politiciens responsables de la défaite de la France et les résistants de la vingt-cinquième heure aux dépens des FFL sur le pont dès juin 1940.
Ce vol de la victoire entraîna le départ de ces derniers, Général de Gaulle compris) et aboutit à la catastrophique IVème République.
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"La victoire en pleurant" est loin d'être juste un nième livre sur la Résistance. Avec une force impressionnante, Daniel Cordier décrit la minutie du travail effectué par les résistants, et aussi leurs divisions, voire leurs oppositions. Une franchise qui mérite d'être saluée, et qui rend ce livre bouleversant.
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Ce livre mis en forme à partir des souvenirs de Daniel Cordier couvre la période de 1943 (après l'arrestation de Jean Moulin dont Daniel Cordier était le secrétaire) à 1945.
Les rangs des premiers engagés dans la France libre se sont considérablement éclaircis au fil des répressions sanglantes des nazis. La victoire ayant beaucoup d'enfants à la différence de la défaite, beaucoup de nouveaux résistants jouent des coudes. Ce livre retrace la réussite du Général de Gaulle pour assoir à nouveau la République avant de laisser la place. de retour dans sa belle-famille il analyse lucidement le comportement attentiste de beaucoup pendant la guerre. Il est aussi révélateur du parcours idéologique de toute une jeunesse maurrassienne avant guerre mais qui s'est orientée dès 1940 dans la résistance puis évoluera vers les idées de gauche.
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