J'ignorais qu'en amour, les mots seuls provoquent parfois les étreintes espérées.
En chacun de nous, il y a un regret qui veille. Le mien s'appelle David. Pour d'autres, il n'y a que le nom d'une fuite sans retour.
C'est là que nous nous rejoignons tous, dans ce qu'on appelle la nostalgie.
En chacun de nous, il y a un regret qui veille. Le mien s'appelle David. Pour d'autres, il n'a que le nom d'une fuite sans retour.
Aussi chaque soir, avant de monter au dortoir, nous échangions des billets au texte identique : "viens me réveiller cette nuit, sans faute !". Le lendemain, nous n'osions pas nous regarder. Car chaque nuit, un sommeil angélique et harassé nous clouait au lit jusqu'au réveil. Afin de me tenir éveillé jusqu'au rendez-vous suprême, j'avais imaginé, un jour, de réciter des chapelets entiers ! Mais la Vierge devait condamner mes espérances puisque je m'endormais par cette nouvelle méthode plus rapidement encore que d'habitude !
Ce livre, à lui seul, possédait le pouvoir de m'arracher à mon chagrin et de briser ma solitude.
A la mi-août, revenu en Arcachon pour les vacances avec mon père, je retournai à la Librairie générale afin que Madame Gauthereau, trouve à son habitude, un dérivatif à mes problèmes, dont le plus douloureux était le regret lancinant de David. Je refusai de lire la suite des Thibault (L'été 1914) qu'elle me proposait, parce que j'étais saturé des histoires de la Grande Guerre. j'avais seize ans et elle ne m'intéressait plus. Je décidai d'acheter Mort à Crédit de Céline, qui venait de paraître, et dont elle me vanta, avec persuasion, le caractère "iconoclaste". J'en avais paraît-il besoin.
"Mais quelle vérité ? Oui, je l'aimais ! Cependant Dieu me l'interdisait. J'ignorais, à cet instant, qui aurait le dernier mot."
Je n'étais plus qu'un cadavre de pureté
Ma passion n'avait pas résisté à la brutalité de la rupture
Mais j'avais besoin de mots pour emprisonner l'éphémère dans un absolu
Mon Dieu ! Mon Dieu! Pourquoi m'as tu abandonné. Et t'eloignes tu sans me secourir , sans écouter mes plaintes ?
Nous étions toujours (mais seulement) des amis . Ce mot ne me contentais plus . Je souhaitais en prononcer un autre .