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EAN : 9782080429773
240 pages
Flammarion (23/08/2023)
3.6/5   248 notes
Résumé :
La narratrice de ce roman a promis à ses enfants et à son mari de raconter ce qui a déchiré leur vie de longs mois durant. Trois ans après les faits, Amélie Cordonnier tient parole et remonte le temps jusqu'à ce jour où tout a commencé. Il y a d'abord eu un courrier, pris pour une mauvaise plaisanterie. Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l'enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s'assurer que son fils et sa fille étaient bien... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (103) Voir plus Ajouter une critique
3,6

sur 248 notes
°°° Rentrée littéraire 2023 # 35 °°°

En garde est né d'un événement réel survenu dans la vie de l'autrice. Au sortir du premier confinement, Amélie Cordonner a été dénoncée par un appel anonyme passé au 119, à la protection de l'enfance, soupçonnée du jour au lendemain de maltraitance sur ses deux enfants. Un choc, une déflagration qu'elle raconte remarquablement dans la première partie de façon à la fois très factuelle et très intime. Elle décrit très précisément la sidération, « horde déchaînée de peurs, difficiles à tenir en laisse et impossibles à faire taire, qui aboient à la mort non-stop. », avec la prose nette et incisive que j'avais déjà appréciée dans ses romans précédents.

Mais malgré son point de départ autobiographique, En garde est pourtant bien un roman. Amélie Cordonnier s'empare du traumatisme vécu pour faire basculer son récit dans une deuxième partie fictionnelle aux airs de thriller domestique dystopique au-dessus duquel plane l'ombre de 1984.
En fait, ce n'est pas raconter sa vie qui intéresse l'autrice mais plutôt interroger sur la question de l'intimité et de la surveillance dans nos sociétés actuelles. En fait, la deuxième partie n'apparait pas si dystopique que cela, si on songe que ce qui est imaginé ressemble fort aux protocoles mis en place par la dictature chinoise pour surveiller, persécuter et faire plier la population ouïghoure.

Amélie Cordonnier cite le philosophe Michaël Foessel : « L'intime est la part de l'existence sur laquelle ni l'Etat, ni la société, ni la médecine ne devrait avoir d'autorité. » Et c'est avec beaucoup d'acuité allié à un humour acéré qu'elle pousse les curseurs dans un délire kafkaïen lui permettant de décortiquer les ressorts d'un individu, d'un couple, d'une famille face à une société paranoïaque devenant de plus en oppressante et injonctive.

« Je pense aux hommes et femmes des tableaux de Hopper, seuls, assis au bord du lit ou du canapé, tête baissée, épaules voutées, et j'envie l'abandon de leur corps qui, une fois la porte fermée, échappe à la société, se dérobe à ses regards autant qu'à ses jugements. C'est de relâchement que nous sommes privés. »

Les sentiments et émotions sont ainsi mis à nu au scalpel jusqu'à l'absurde. Je regrette toutefois une fin un peu fade par rapport au piquant du corps narratif, un peu expédié aussi. Mais si je dois apporter un vrai bémol à cette lecture, il vient de la réception du roman et de sa compréhension. Ce bémol est apparu bien après ma lecture, en lisant des chroniques de lecteurs ( assez nombreux ) qui n'ont pas perçu la dimension fictionnelle de la deuxième partie et ont cru que ce que décrivait Amélie Cordonnier, le flicage délirant de sa famille, avait réellement eu lieu.

Cela m'a dérangée car cela laisse penser qu'en France l'ASE ( qui connait de vrais dysfonctionnements, certes ) peut agir de façon dictatoriale totalement folle. Cela m'a dérangée car cela signifie que l'autrice n'a pas été assez claire pour rendre son écrit lisible et éviter cet imbroglio. Et cela compte la réception d'une oeuvre au-delà de sa qualité littéraire intrinsèque. Bref, reste un certain malaise, pas totalement dissipé, après une lecture que j'ai vraiment appréciée sur le coup. Rare qu'une lecture me laisse aussi perplexe et partagée.
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Je découvre l'auteure , à travers ce le livre, si ses précédents sont dans la même lignée, je vais remédier de suite cette lacune. L'auteure a mis trois ans, pour avoir le courage de mettre par écrit, ce qu'elle, son mari , Alexandre, et ses deux enfants Gael et Lou ont vécu, Un appel anonyme au 119, aux assistantes sociale les accusant comme étant des parents maltraitants envers leurs enfants. Qui a pu faire une chose pareille. Une première lettre envoyée, leur demandant de prendre en rendez vous, auprès des services sociaux, Amelie prend cela à la légère, pense à une mauvaise plaisanterie, Une deuxième arrive plus sanglante, qui va entraîner la famille dans un véritable cauchemar. Amelie son mari et ses enfants vivaient une vie paisible sans anicroche, ont beaucoup de mal à comprendre ce qui leur arrive, Suite à cet entretien Amelie pense être sortie de ce malentendu, et rependre le cour de sa vie,
Malheureusement, une trêve, très courte , le calvaire que cette famille va vivre au quotidien est au dessus de l'impensable, Un homme alias le cousin, délégué par les services sociaux, s'installe peu à peu au sein de leur vie, des rencontres fortuites , il impose ses règles ,il régére tout et vient vivre avec eux,. Cet homme détruit peu a peu, la psychologie de cette famille, Une descente aux enfers; Pourquoi doivent-ils vivre cela? La première partie commence par une réalité de son vécu de .La deuxième partie est plus une fiction, mais qui fait froid au dos, Arriveront ils à se sortir de ce cauchemar? Attention , l'auteure ne renie pas l'appel du 119 pour la dénonciation, des enfants maltraités, bien au contraire. Il ne faut pas hésiter mais il faut agir, La plume est percutante, fluide, et visuelle, , entraînant une lecture addictive, oppressante , bouleversante, j'ai ressenti une sensation de faire partie de cette famille, Une histoire qui nous prend aux tripes, une histoire avec une tension qui monte crescendo , au fil de la lecture, On ne peut pas sortir indemne d'un tel récit, qui me laisse dans un questionnement.
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Psychose sociale

Avez-vous déjà lu une vivisection ?
C'est une expérience plus tranchante que l'autofiction, une mise à nu des sentiments et des émotions sous la lame du scalpel.
Une expérience née d'un traumatisme.
La réception d'un premier courrier de l'Aide Sociale à l'Enfance (ASE) que la narratrice ne prend pas au sérieux. Un courrier mal adressé, étrangement formulé. Une mauvaise blague.
Puis un second courrier, légèrement modifié mais toujours mal fagoté, qui reprend les termes ahurissants du premier. Quelqu'un a fait appel au 119 et dénoncé la narratrice et son époux pour des actes de maltraitance envers leurs deux enfants.
L'écriture frénétique restitue alors parfaitement la sidération qui laisse progressivement place à une situation cauchemardesque.
Plus on avance dans le récit , plus la frénésie se fait hystérie. L'air devient irrespirable, oppressant. On a une envie irrépressible d'ouvrir les fenêtres. En faire profiter la narratrice, touchée dans son intimité, qui sort de la réalité pour rejoindre les fictions dystopiques de "1984" et "Fahrenheit 451". Dénoncer les dérives d'une administration autoritaire et suspicieuse, qui sans vergogne, sous prétexte de transparence, vous dépouille de tous vos secrets.
La réalité devient absurde et le récit prend des allures Kafkaïennes. Malgré la mise en garde qui n'apparaît qu'une fois le récit terminé et qui invite le lecteur à ne pas remettre en cause l'utilité de la protection de l'enfance, on se dit tout de même que l'ASE en a pris pour son grade.
Une administration toute puissante et monstrueuse avec ses assistantes sociales (Madame Trajic et Madame Brune) au profil sanguinaire ( "L'hydre à deux têtes" ). Certes tout cela reste de la fiction, mais avec ce zeste de réalisme tout devient ambigu et me laisse finalement dubitatif après cette lecture bue comme un shot.
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Amélie Cordonnier, avec son dernier roman chez Flammarion, dépeint le cauchemar vécu suite à une dénonciation anonyme de maltraitance envers ses enfants. Une seconde lettre évoque un rendez-vous imminent à la protection de l'enfance. Qui? Pourquoi? La peur et la culpabilité s'installent. Sont-ils de mauvais parents ?

On espère que cette situation se résolve rapidement, mais la procédure s'enclenche et plonge la famille dans un calvaire imprévu. Un inspecteur, Cousin, s'insinue insidieusement dans leur quotidien jusqu'à effrayer. L'injustice est palpable.

Le récit d'Amélie est glaçant et questionne tout au long de cette procédure malsaine. Elle adoucit son histoire avec l'amour porté par son mari Alexandre. Certaines scènes apportent une fraicheur nostalgique, comme celle du portable silencieux d'Alexandre devant leur appartement avec des tulipes flétries. J'ai souri.

J'ai apprécié cette lecture mordante qui dénonce les pratiques honteuses de dénonciation gratuite. En quelques mois, tout vole en éclat - c'est effrayant!

J'espère qu'après cet épisode difficile, la famille d'Amélie a retrouvé sa voie dans l'amour et l'intimité qui leur reviennent.
Lien : https://coccinelledeslivres...
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Amélie Cordonnier a la surprise de découvrir dans son courrier une lettre du service de protection de l'enfance de la ville de Paris lui demandant de se présenter à un rendez-vous. Elle pense à une erreur et n'en tient pas compte. Mais une seconde lettre arrive et, après une vérification téléphonique, aucun doute ne subsiste : il n'y a pas d'erreur, elle a été dénoncée au 119 pour maltraitance de ses enfants Lou, sept ans et Gabriel, quatorze ans. Commence alors une enquête dont elle n'imagine pas la nature et les rebondissements. ● le livre commence très bien et toute la première partie m'a paru excellente. On imagine l'angoisse de la mère devant les deux assistantes sociales toutes-puissantes. Mais peu à peu cela se gâte. ● ● Je n'avais déjà pas beaucoup apprécié Pas ce soir, je crois que c'était là le dernier opus de cette autrice que je lis.
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critiques presse (1)
Culturebox
30 octobre 2023
Stupeur et délation au temps du confinement avec "En garde", le nouveau roman glaçant d'Amélie Cordonnier. Une histoire inspirée de ce qui lui est réellement arrivé en 2020.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Séisme, explosion, incendie, j'ignore quelle image employer pour décrire la déflagration que fut cet événement, ce trou dans nos vies. Je dis cet événement et non cet accident parce qu'il n'a rien de fortuit. Nous n'en sommes pas sortis indemnes, nous n'en sommes pas revenus, pas vraiment. Une part de nous est restée là-bas, à cette époque où nous n'irions plus rire ni crier, et j'arrête pas de me demander quelles séquelles les enfants en garderont. C'est pour cette raison aussi que j'ai fini par céder et accepter de raconter ce qui nous est arrivé, il y a trois ans. Mon mari pense que cela me fera du bien. Moi j'espère juste que cela nous permettra de comprendre. Et de suturer les jours. J'ai longtemps tenté de brocanter mes souvenirs. J'ai voulu reprendre le cours de ma vie, passer à autre chose, faire table rase, tourner la page, toutes ces expressions faciles qu'on utilise comme si l'on pouvait recommencer à zéro. Mais c'est impossible évidemment. Et tant mieux. Je ne veux pas m'en remette de toute façon. Ce serait perdre la trace de ce que nous avons été et tuer ceux que nous sommes devenus, malgré nous.
Je vais narguer la honte, gratter nos plaies, extraites nos plus sales souvenirs des cellules gélatineuses de mon cerveau de les disséquer un par un. Ce ne sera pas de l'autofiction, ce sera de la vivisection. Je veux écrire cette histoire. Parce que c'est une expérience plus fervente et plus tranchante que l'oubli.
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Je finis tout de même par trouver le courage de lui demander la raison de sa visite. Passent quelques secondes. Il suspend sa réponse et bien sûr je flippe. Je suis la bille, lui le joueur. Beaucoup de choses se jouent déjà dans ce petit blanc de rien du tout, ce silence entre nous qu'il laisse planer assez longtemps pour me faire croire qu'il hésite. Aujourd'hui, je ne peux pas m'empêcher de penser qu'à ce moment-là il s'amuse, que cette latence lui permet d'affirmer sa toute puissance, de me signifier que c'est lui, et lui seul, qui mène la danse.
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Alors je fais comme toutes les mères du monde entier, je serre mon enfant contre moi, encore une fois, et lui dis ces phrases qu'on prononce toutes depuis des millénaires en cas de chagrin, sans avoir besoin de réfléchir ni de se concerter, ces phrases qui se transmettent de génération en génération, flambeaux grâce auxquels nos mères, nos grands-mères, les mères de nos grands-mères et nos arrière-arrière-grands-mères avant elles ont séché des milliers de larmes au point qu'on a fini par les croire magiques, je dis C'est tout, c'est tout, mon chéri, ça va aller, ne t'inquiète pas, ça va s'arranger, ce n'est rien.
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Les signalements restent anonymes. Les gens qui appellent le 119 ne sont pas tenus de décliner leur identité, et quand bien même la personne qui vous a signalés l'aurait fait, je ne vous l'aurais pas révélée. Vous voulez dire que n'importe qui peut dénoncer son voisin ? Qu'entendre suffit à faire foi, à faire accuser ?
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𝑳’𝒂𝒎𝒐𝒖𝒓 𝒔’𝒆́𝒑𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆 𝒎𝒂𝒊𝒔 𝒏𝒆 𝒔𝒆 𝒑𝒓𝒐𝒖𝒗𝒆 𝒑𝒂𝒔. 𝑷𝒂𝒔 𝒂𝒖𝒙 𝒋𝒖𝒈𝒆𝒔 𝒆𝒏 𝒕𝒐𝒖𝒕 𝒄𝒂𝒔.
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Videos de Amélie Cordonnier (21) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Amélie Cordonnier
C'est une histoire bouleversante que raconte Amélie Cordonnier dans son nouveau livre En garde, paru aux éditions Flammarion en août 2023. Il raconte l'histoire de parents qui vont tout faire pour prouver à la justice qu'ils aiment leurs enfants. Mais pour quelles raisons ? Tout commence lorsqu'ils reçoivent un courrier, ils pensent d'abord à une mauvaise blague.  Alertée par un appel pour maltraitance, la protection de l'enfance la convoquait en famille à un rendez-vous visant à s'assurer que son fils et sa fille étaient bien en sécurité dans leur foyer. Un simple coup de fil, de surcroît anonyme, pouvait donc provoquer l'envoi d'une lettre officielle vous mettant en demeure de démontrer que vous êtes de bons parents ? Oui. La machine était lancée, et rien ne semblait devoir l'arrêter. Car comment prouver qu'on aime ses enfants ? Dans En garde, Amélie Cordonnier continue d'explorer ce qui se passe - et se cache - dans l'intimité familiale. Elle met en scène l'étau qui se resserre autour d'une famille sous surveillance, dans une course aussi effrayante qu'haletante. Un roman qui ne laissera personne indifférent car ce sujet est absolument universel et il est quasi impossible de ne pas se mettre à la place de cette famille une seule seconde.
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