Elle passe de la détresse à l’euphorie, de l’excitation à l’abattement. Il lui arrive de regretter d’être sortie de l’univers cotonneux où elle vivait à l’abri des vagues de la réalité.
Elle n’en peut plus de ce chemin qu’il lui faut absolument suivre et qui ne lui évoque rien de concret. C’est comme un parcours qui n’en finit pas, qui, après chaque virage, dévoile une nouvelle ligne droite interminable.
Cruchol était une anguille comme celle que je pêchais à mains nues dans les ruisseaux, une de ces anguilles qu’il fallait coincer entre deux pierres pour pouvoir s’en rendre maître.
« Méfie-toi, quand les flics se montrent aimables, c’est juste pour mieux te piéger. »
En fin de soirée, on attaquait le sujet roi : les femmes. C’était inépuisable, sans limite ou presque. Il n’y avait qu’une règle que tous partageaient : on ne parle pas des épouses. La mère de leurs gosses, c’est sacré. Pas question que leur progéniture se transforme en fille ou fils de pute au cours de la conversation.
Pour les autres femmes, tout était permis. La moindre retenue les aurait classées du côté des prudes, des non-affranchies, ce qui aurait été fâcheux. Il était bon de surenchérir si l’on voulait se maintenir à un niveau de vulgarité de bon aloi.
Cette colère qui m’habitait m’était indispensable, vitale, elle était mon énergie, sans elle je ne tenais pas debout. La seule chose qui pourrait m’apaiser serait la vengeance.
Les remontrances, l’indifférence ou le mépris affiché glissaient sur moi comme une pluie d’orage sur les plumes d’un canard.
« Dans la vie, il y a l’agneau et le boucher, à toi de choisir. »
Toute cette histoire lui semblait trop belle pour ne pas cacher une entourloupe. L’offre venant d’un curé, en plus, il convenait de se méfier, le porteur de soutane devait bien quelque part y trouver son intérêt.
Si c’est pour faire la pute à curés, c’est non ! On n’est pas riches, mais y a des limites !