Fidèle à l'étiquette d' “héroïne de la contre-culture” que lui a attribuée le New York Times, l'auteur prétend, au travers de ce roman, poser un regard critique et politiquement incorrect sur tout ce qu'elle dépeint… Il en résulte un texte hybride qui n'est pleinement ni un roman ni un essai, et où prédomine un discours délibérément et systématiquement provocateur. Cette posture intellectuelle a peut-être valu une certaine notoriété à Corinne Maier avec “Bonjour paresse” ou “No kids”. Dans "A la conquête de l'homme rouge" - c'est-à-dire dans le cadre d'une fiction romanesque qui suppose une histoire, des personnages et un style - cela ne fonctionne tout simplement pas, faute d'autres arguments à faire valoir.
L'intrigue, ultra-mince (les tribulations improbables d'une petite bourgeoise à la conquête du coeur de son nouveau héros révolutionnaire), est totalement téléphonée et dénuée d'intérêt ; la narratrice, insupportable mélange de vanité, de snobisme, de cynisme et d'arrogance, est totalement caricaturale et les autres personnages (y compris le fameux “homme rouge”) ne sont guère que des fantômes et des stéréotypes ; l'écriture est banale et sans recherche ; quant aux situations, elles sont artificiellement plaquées dans le récit en une succession de scènes qui s'enchaînent sans aucun travail de construction narrative. Il n'y a, dans ce roman, aucune émotion, aucun vécu, aucune intériorité, aucun ressenti authentique et profond… juste la mise en scène maladroite d'éléments, humains ou contextuels, dont l'unique raison d'être est de permettre l'expression d'un discours sociologico-politique envahissant qui se veut à toute force iconoclaste et dérangeant.
Cette dérision systématique, à tout propos, à longueur de pages et sans discernement, je ne l'ai trouvée ni drôle, ni pertinente, ni même réellement choquante tant son outrance sans limite finit par la discréditer (par exemple, à la page 163 : “J'oublie très vite les réfugiés, ceux qu'on appelle des migrants, qui s'entassent sous le métro aérien. Ça n'a jamais fait de mal à personne de changer de pays ; moi aussi je suis une migrante, une sans-frontière qui voyage De Stendhal à Lénine” A quoi je vous réponds, Madame Maier : Non, on ne peut pas rire de tout, on n'en a absolument pas le droit, dès lors qu'il s'agit de la souffrance d'autrui !...)
Cette logorrhée interminable et creuse, cette ironie racoleuse et cette absence délibérée d'empathie qui confine parfois à la bêtise, je les ai surtout perçues comme la stratégie quelque peu dérisoire d'un auteur qui, à défaut d'avoir réellement quelque chose à dire et à défendre, tente de réutiliser une recette qui lui a déjà servi et utilise la provocation pour créer la polémique, attirer l'attention et “faire le buzz”... Ce n'est, malheureusement - ou heureusement -, pas suffisant pour réussir un livre.
Au final, "A la conquête de l'homme rouge" est un pamphlet déguisé en roman qui a tenté de revêtir les habits de la fiction pour gagner en épaisseur et élargir - peut-être - son lectorat. Mais la tentative est maladroite, le projet mal construit, le propos contestable, et l'essai, au moins pour moi, est totalement raté.
Un roman que j'ai absolument, totalement, détesté !
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Livre reçu via l'opération masse critique, je n'en avais jamais entendu parler avant d'être contactée par Babelio. En lisant le résumé je me suis réjouie à l'idée de découvrir un type de roman nouveau pour moi, hybride entre une romance et une satyre de la société de consommation! Etant moi-même sensible au sujet, intéressée depuis quelques années à ça, le livre tombait à pic!
Mais hélas, ce fut un flop. Les propos parfois piquants, parfois drôles, en tous cas toujours provoc' sont sympa les 50 premières pages puis on se lasse du fait que la protagoniste principale ne s'exprime QUE comme ça.
L'intrigue, tout les personnages, ne sont pas crédibles. le revirement de cap brutal du jour au lendemain politique et social opéré par la narratrice est abusif, de même que sa vision des choses, trop caricaturale et hautaine. Je ne me suis pas attachée à elle, je me suis même mise à la détester de plus en plus. La quarantaine et qui ne pense qu'avec sa libido, dommage c'est tout ce que je n'aime pas chez un homme (et comme je suis pour la parité: chez une femme non plus! ;p)
J'ai eu du mal à aller au bout du roman principalement à cause de ça et même en adhérant à certaines des idées mises en avant, je n'ai pas réussi à me défaire du sentiment désagréable d'un pamphlet déguisé de façon peu habile. Il y a trop de jugement et de violence chez Corinne à mon goût avec des idées bien trop tranchées et une bonne dose de préjugés malvenus.
Enfin si l'idée de base m'avait séduite, hélas le rendu final n'a pas été à la hauteur de mes espérances: à vouloir jouer sur deux tableaux très différents l'auteure s'est perdu en chemin. Romance ou essai politique, il aurait fallu choisir...
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Ce qui est cool, c’est que l’incertitude dans laquelle je vis me protège de tout désir d’enfanter.
Les enfants, d’abord, ça fait grossir.
En plus, je pouffe de rire quand j’entends dire que nos chères têtes blondes sont notre avenir.
L’avenir a déjà dépassé sa date de péremption, le capitalisme est en train de dévaster la planète en mettant à sac les ressources naturelles.
Alors, pourquoi mettre au monde des Kevin, Dylan, Brandon, Jennifer, Camélia Jordana ou des Cindy ?
Me voilà en train de faire le ménage pour la première fois de ma vie. Je range, j'emballe, je nettoie, je bouffe de la poussière. Déménager, c'est un vrai cauchemar pour ceux qui détestent se servir de leurs mains ; le travail manuel, c'est sale et ennuyeux.
Projections des dessins de Stéphane Manel
Festival Paris en toutes lettres
Le 18 novembre 1922, Marcel Proust rendait son dernier souffle. Cent ans plus tard, l'importance de son oeuvre ne se dément pas comme en témoigne la vivacité de la création qu'elle suscite.
Céleste Albaret a été la gouvernante de Marcel Proust pendant les huit dernières années de l'existence de l'écrivain, années durant lesquelles il achève l'écriture de son chef-d'oeuvre – Céleste est d'ailleurs une des inspirations du personnage de Françoise dans La Recherche. Jour et nuit, Céleste Albaret prend soin de Marcel Proust. Plus qu'une simple gouvernante, elle est sa confidente et son soutien dans la rédaction d'un des plus grands romans du XXe siècle. Avec cette lecture de ces souvenirs, Marianne Denicourt nous plonge dans la chambre de Proust, pièce d'écriture et de vie, en totale intimité avec l'homme et l'écrivain.
Adaptation Marianne Denicourt & Ivan Morane. D'après les entretiens de Céleste Albaret avec Georges Belmont.
À lire – Céleste Albaret, Monsieur Proust, souvenirs recueillis par Georges Belmont, adapté par Corinne Maier, illustrations par Stéphane Manel, éd. Seghers, 2022.
Lumière par Marta Bellini, son par Adrien Vicherat
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