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Critique de beatriceferon


Le juge Dabancourt est resté un veuf inconsolable. Son épouse adorée est morte en mettant au monde leur petite Lily. Ce bébé est ce qu'il a de plus précieux. Il donnerait sa vie pour elle. Il tuerait pour elle. Ce soir-là, il rentre épuisé d'une journée infernale : affaire de harcèlement scolaire, problèmes dans la rénovation de sa nouvelle demeure, embouteillages monstres. Il est d'une humeur de dogue. Alors, quand ce type lui fait une queue de poisson, il voit rouge. Il poursuit le véhicule jusque dans un parking de la forêt de Soignes. Là, les choses se gâtent. L'autre conducteur a l'air d'un dur, avide d'en découdre. Et Aubry n'est pas de taille. Sans compter Lily qui pleure dans l'habitacle.
Ring est. Au secours! Quand je lis ce titre, d'affreux souvenirs me reviennent : ceux de trajets quotidiens, aller-retour, sur cette route diabolique, sans cesse gelée par de monstrueux bouchons. Je visualise très bien l'endroit où le juge y monte, et c'est bien vrai, très souvent des automobilistes teigneux et sans scrupules vous y jouent de sales tours.
Je découvre que le roman d'Isabelle Corlier a remporté le Prix Fintro Écritures noires 2017. Je n'ai jamais entendu parler de cette distinction littéraire. Dans la liste des jurés m'apparaissent les noms de Paul Colize, Thierry Bellefroid ou Michel Dufranne. Je pense qu'on peut leur faire confiance.
Ce roman me paraît assez original dans la mesure où, d'entrée de jeu, on connaît le coupable et qu'il ne s'agit pas du tout d'un malfrat notoire ou d'un marginal quelconque, mais bien d'une personne tout à fait respectable à laquelle on pourra parfaitement s'identifier.
La lecture se révèle très prenante, et, une fois qu'on est entré dans l'histoire, on n'a pas envie de la quitter. On est curieux de connaître le dénouement. le meurtrier sera-t-il démasqué ou arrivera-t-il à échapper à la justice ?
Mais, malgré cela, quelque chose m'a beaucoup gênée : la brutalité, la noirceur qui sont décrites avec trop de complaisance.
Des scènes affreusement dures m'ont mise mal à l'aise. Ici, pas question de pouvoir prendre de la distance en se disant que l'auteur a exagéré. Moi-même, à l'arrêt au feu rouge, j'ai assisté à une dispute entre deux automobilistes, dont l'un est sorti pour aller chercher dans son coffre un pied de biche. Par chance pour moi, le signal est passé au vert et je ne saurai jamais s'il y a eu des blessés ou des morts. Une société dans laquelle la moindre étincelle peut provoquer un déferlement de folie meurtrière m'inquiète. J'avoue que, encore pire que l'altercation entre deux mâles alpha gorgés de testostérone, c'est la cruauté innommable du type qui s'en prend à un petit animal sans défense qui me révolte.
Difficile de s'attacher aux personnages. le juge est suffisant et agressif. La façon dont il traite la famille Arslan m'a paru odieuse et révoltante. le banquier n'a aucun respect pour les femmes en général et pour la sienne en particulier. Il est violent et dangereux. le policier, lui aussi, traite les femmes comme des objets, dont il se sert à sa guise et avec lesquelles il se montre irascible et ingrat. Heureusement, il y a Stefi, la seule qui m'ait paru humaine et sympathique.
Les thèmes abordés sont, hélas, vraisemblables et d'actualité : vie ingérable entre contraintes du travail et domestiques, stress, agressivité, cruauté envers les animaux, mépris des femmes, harcèlement scolaire, justice défaillante et j'en passe. Triste portrait de la société dans laquelle on vit.
J'ai relevé quelques invraisemblances auxquelles on ne prête pas vraiment attention pendant qu'on est pris par la lecture, mais auxquelles on repense par la suite.
Je ne dirai rien de l'histoire pour ne pas déflorer le sujet et gâcher le plaisir des futurs lecteurs. Elle est haletante et il y a, à la fin, un élément auquel on ne s'attendait pas du tout et qui fait rebondir l'action.
Un livre prenant, donc, mais pas pour les coeurs (trop) tendres (comme le mien) !
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