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EAN : 9782916207742
203 pages
Editions Ca et Là (25/08/2012)
3.53/5   59 notes
Résumé :
Dessous décrit la vie tumultueuse de deux soeurs jumelles, Esther et Fanya, issues de la communauté juive du Lower East Side new-yorkais du début du XXe siècle. Leur mère tient un atelier de confection et trompe sans vergogne son mari, un homme effacé. Peu enclines à reprendre le commerce maternel, les deux soeurs s'éloignent du giron familial dès l'adolescence. Fanya est embauchée par une sage-femme avorteuse qui fera son éducation scolaire et politique. Esther, fa... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Les dessous, ce sont ceux que vend la mère d'Esther et Fanya dans sa boutique de confection. Dessous, c'est là que leur mère les force à se placer, imposant sa volonté et l'avenir qu'elle a choisi pour elles, qui doivent forcément lui succéder pour gérer la boutique. Les dessous de l'histoire familiale paternelle, l'auteure nous les livre dans deux chapitres qui nous permettent de mieux comprendre le fonctionnement de cette famille étrange. Dessous les jupes des danseuses, c'est ce qui fascine Esther qui se laisse embarquer dans le cabaret et dans des rêves de danseuses. le dessous des cartes, c'est ce que vont découvrir les deux soeurs, Esther en comprenant que danser n'est pas suffisant pour réussir dans ce cabaret, Fanya en apprenant à écrire chez la faiseuse d'anges du quartier qui lui enseignera les bases d'un féminisme militant.

Les destins des deux soeurs si proches vont diverger et nous faire découvrir ainsi plusieurs facettes de la vie dans un quartier juif de New York au début du XXème siècle. La narration est étrangement peu linéaire, l'auteure choisissant de nous donner ponctuellement des informations éloignées dans le temps et l'espace qui éclairent parfois le récit d'un jour nouveau. Lorsque j'avais feuilleté le livre à la médiathèque, je n'avais rien compris dans l'enchaînement de certaines cases... et cela m'avait d'autant plus assuré (oui ne vous inquiétez pas, je consulte, je suis stabilisé... :p ). Lorsqu'on commence la lecture depuis le début, tout est logique, les ellipses se remplissent d'elles-même, un dialogue d'esprits s'installe entre le lecteur et l'auteure, jeu intellectuel très agréable que la forme du roman graphique permet de développer.

Le dessin est rempli de noirs sublimes qui magnifient notamment les chevelures des deux héroïnes. le travail sur les visages cabossés des nombreux personnages secondaires (notamment les "clients" du cabaret) est admirable, l'évolution physique des deux soeurs au fil des années est également particulièrement réussi.

Un roman graphique qui rend hommage à la liberté des femmes, quel que soient leurs choix de vie, véritable ode à la liberté qui nous pousse à sortir du dessous pour tutoyer les étoiles, même quand ce n'est parfois que leur reflet dans le caniveau.
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Au début du XXème siècle dans la communauté juive du Lower East Side à New York. Deux soeurs Esther et Fanya grandissent auprès de leur mère, qui tient un atelier de confection, et de leur père très peu présent. La mère aimerait que les filles reprennent son commerce mais elles sont plus intéressées par la vie à l'extérieur. Fanya se rapproche de d'une sage-femme avorteuse Bronia et on la voit militer pour l'indépendance des femmes alors que sa soeur Esther devienne bonne à tout faire dans une maison close. Deux destins très différents qui éloignent les soeurs progressivement mais la famille ne s'oublie pas si facilement. La fin est assez inattendue, mais je n'en dirai pas plus.
Un thème fort, notamment grâce au flashback sur l'immigration des parents des filles, mais aussi sur la lutte pour l'émancipation que ces deux demoiselles mènent.
Une lecture très sympathique.
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"Nous sommes deux soeurs jumelles"

Je crois l'avoir déjà dit dans des chroniques précédentes, je ne suis pas une grande fan des romans graphiques. Cependant, je ne suis pas totalement bornée (enfin j'aime à le croire !) et si le thème m'intéresse, je peux me laisser tenter par ce format !
C'était le cas pour Dessous, dont j'avais, en prime, lu d'excellents avis sur Babelio et ailleurs.
Alors ? Alors essais réussi !
Ce roman résolument féministe nous entraîne à New-York au début du XXème siècle, dans le quartier du Lower East Side, et plus précisément dans la communauté juive, fraichement immigrée de Russie ou de Pologne. C'est là que vivent deux soeurs jumelles Fanya et Esther avec une petite soeur « différente », un père effacé mais tendre Pologne (deux chapitres, au milieu du roman, nous emmènent en Pologne en 1895 et 1896 aux racines de la famille paternelle des deux héroïnes) et une mère dominatrice et peu affectueuse qui tient une boutique de corsets. le roman commence lorsque les fillettes ont une dizaine d'années : Fanya qui fait des courses avec sa mère est témoin de la mort d'une femme -elle l'apprendra beaucoup plus tard, des suites d'un avortement. A cette occasion, elle fait la connaissance de Bronia, une sage-femme qui est aussi une faiseuse d'anges. Bronia prendra Fanya sous son aile, l'éduquera et la formera. Esther est fascinée par les danseuses d'un théâtre burlesque et leurs dessous élégants… Embauchée comme bonne dans la maison close du quartier elle s'apercevra que ces danseuses sont aussi des prostituées… En 1917, Esther est devenue Dalila, danseuse le soir, et l'une des filles de Miss Lucille, la plus recherchée d'ailleurs…
Ce n'est qu'en 1923 que les deux soeurs se retrouveront.
Voilà pour la partie « roman », qui relate avec brio une tragédie mais qui pourtant nous fait rire à plusieurs reprises. Fanya et Esther sont si différentes et si semblables, elles ont toutes deux fait des choix impossibles pour survivre dans ce « nouveau monde » et s'affranchir des traditions culturelles et matriarcales. La trame narrative peut dérouter mais ayant lu le roman, une première fois, d'une traite, cela ne m'a pas gênée. Une seconde lecture m'a permis d'appréhender toutes les subtilités, notamment des dessins.
Les dessins, justement, j'y viens : ils sont remarquables ! En noir et blanc, les traits parfois outranciers qui peuvent sembler simples au premier regard sont totalement au service de l'histoire qu'ils parviennent à amplifier.
Douloureux et superbe.
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« Dessous décrit la vie tumultueuse de deux soeurs issues de la communauté juive dans le Lower East Side de New York du début du 20ème siècle. Esther et Fanya sont deux soeurs jumelles, nées en 1900 dans ce quartier presque exclusivement composé d'immigrants en provenance d'Europe de l'Est et fraîchement débarqués aux États-Unis. Leur mère tient un atelier de confection et trompe allègrement son mari, un homme effacé. Les deux soeurs s'éloignent du giron familial dès l'adolescence, Fanya commence à travailler pour une avorteuse qui fera son éducation scolaire et politique. Esther, fascinée par des danseuses d'un théâtre burlesque local y prend des cours de danse tout en travaillant comme bonne à tout faire dans la maison close attenante. Les chemins des deux soeurs pourtant très liées l'une à l'autre vont progressivement diverger… » (Extrait synopsis éditeur).

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Connaissant la ligne éditoriale de l'éditeur et le sujet de cet album, j'avais fait ce qu'il est de coutume d'appeler « un achat compulsif ». Je m'étais contentée de feuilleter distraitement l'ouvrage en librairie. C'est donc chez moi que j'ai découvert un graphisme que j'ai hâtivement jugé austère. Depuis le mois d'août dernier, date de la sortie (et de l'achat) de cet album, je n'ai donc eu de cesse de reporter cette lecture, sur un simple délit de « sale gueule du graphisme »… no comment…

J'ai pourtant eu beaucoup de plaisir à le lire, rechignant à interrompre ma lecture lorsque cela s'avérait nécessaire. La rencontre avec les jumelles se fait facilement et très vite, le lecteur se repère sans difficulté dans leur univers. La présence de termes yiddish tout au long du récit aide à cette immersion, comme s'il s'agissait d'une petite note exotique propice à l'installation de l'atmosphère. Ce qui m'a marqué, c'est la construction narrative qui s'affaire en premier lieu à installer les personnages féminins (principaux et secondaires) ; ce n'est que plus tard que le père des jumelles fait son apparition. En contrepartie, les deux chapitres centraux lui sont consacrés, seul flash-back du récit qui nous ramène en 1895 et 1896. Ce passage nous permet de comprendre les raisons qui ont conduit cet homme à quitter l'Europe de l'Est et à venir s'installer en Amérique aux côtés d'une femme acariâtre qui deviendra – quelques années plus tard – la mère de ses enfants. Les quatre autres chapitres s'arrêtent sur les années qui ont été décisives dans la vie des jumelles (1909, 1912, 1917, 1923).

Le trait est gras et maladroit mais il facilite grandement les choses au lecteur. On trouve naturellement notre place dans ce monde ; la place de spectateur est confortable, cela ne nous empêche aucunement de ressentir les soubresauts émotionnels du récit : ferveur, entrain, déception, douleur… tout y est. On laisse Leela Corman nous balloter tantôt aux côtés d'Esther, tantôt aux côtés de Fanya… j'ai eu beaucoup de plaisir à découvrir la destinée de ces deux soeurs indépendantes et rebelles. La petite mouche présente sur la joue gauche d'Esther écarte tout risque de confusion entre l'une et l'autre.

A l'instar de nombreux lecteurs, je n'ai pu m'empêcher de faire le parallèle avec Broderies de Marjane Satrapi et ce pour deux raisons. La première tient aux styles graphiques que je trouve proches (dessin minimaliste, trait gras, expressivité des personnages). La seconde tient aux choix narratifs : des éléments autobiographiques sont présents dans les deux récits (bien que ce soit plus ténu dans Dessous), un univers qui s'installe presque exclusivement autour de personnages féminins qui s'émancipent et s'affranchissent de certaines conventions. On parle ici assez ouvertement de sexe, les personnages ont une franchise assumée, le ton est espiègle par moment… J'arrête les comparaisons en disant que j'ai eu un plaisir non dissimulé à lire ces deux albums.
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Une famille juive de petits commerçants à New-York, au tout début du XXe siècle. Isaac a fui les Pogroms russes quelques années plus tôt. N'ayant pas pu épouser la femme qu'il aimait là-bas, il s'est marié à Minna, sans la connaître, pour "passer en Amérique". C'est un homme meurtri, vieilli prématurément, qui a vu sa mère et sa soeur massacrées... Il se traîne, oisif, tandis que madame vend de la lingerie... et montre ses dessous à qui veut. Leurs fillettes, Esther et Fanya, devinent la condition féminine des quartiers défavorisés à mots couverts, dans la rue : grossesses non désirées, avortements à l'issue tragique, prostitution. le soir, elles échangent leurs interprétations sur les informations ainsi grappillées. Ces deux soeurs, à l'âge adulte, opteront chacune pour une activité liée à la sexualité, mais dans des orientations diamétralement opposées.

Album intéressant pour le contexte socio-historique, le hiatus entre les "femmes du peuple" résignées, illettrées, promises au mariage et à la maternité... et les 'intellectuelles' féministes. Intéressante aussi une telle différence de choix entre soeurs, en réaction à la condition féminine d'un même milieu.

J'ai parfois eu du mal à suivre, peinant à distinguer les personnages les uns des autres. Mais l'ouvrage mérite cet effort : le scénario est simple et captivant, le graphisme agréable, rappelant le trait de Marjane Satrapi et de Zeina Abirached.
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critiques presse (5)
Culturebox
26 août 2013
Un roman graphique sur le destin de deux sœurs juives dans le New York du début du XXème siècle. Un scénario parfaitement maîtrisé avec un dessin au trait expressif qui sublime le récit.
Lire la critique sur le site : Culturebox
Telerama
27 novembre 2012
A l'instar d'un dessin en noir et blanc très expressif, d'une virulence enjouée dans la caricature, les drames vécus par les deux héroïnes, […] sont décrits avec une éloquence abrasive.
Lire la critique sur le site : Telerama
BoDoi
08 octobre 2012
On ne garde [...] en tête qu’un joli et amer double-portrait de femmes, qui aurait mérité un peu plus de concision et de densité pour mieux porter son message politique.
Lire la critique sur le site : BoDoi
ActuaBD
14 septembre 2012
Avec un sens du drame constamment maîtrisé, Corman fait vivre son récit à grand renfort de gris et blanc, les aplats de noirs s’intégrant avec brio.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
27 août 2012
Le trait est lâché mais conserve néanmoins toute l’expressivité des personnages, allant parfois même jusqu’à la caricature sans pour autant que cela nuise à l’authenticité de l’histoire. Deux cents pages d’une rare élégance font de cette première œuvre une belle réussite.
Lire la critique sur le site : BDGest
Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
[féministe du début du XXe siècle à New-York]
"La racine du problème [des grossesses à répétition non désirées] repose dans la nature exagérément sexuelle du mâle humain. C'est très important de comprendre ça.
Tu vois, Fanya, les mâles de la plupart des espèces sont dominés par leurs pulsions sexuelles et ne sont en fait pas capables de leur résister. C'est au détriment de la Femme. Ce sont les pulsions des hommes, tu vois, qui font que la Femme se reproduit constamment, comme une vache.
L'esclavage sexuel est le sort qui attend la femme qui laisse un homme la prendre au piège, soit du mariage, soit d'une union rapide et sale dans le ruisseau. Par conséquent, je dis que la Femme fait mieux de pratiquer l'abstinence. Moi je le fais, et je te le conseille aussi."
(p. 59-60)
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Tu vois, Fanya, les mâles de la plupart des espèces sont dominés par leurs pulsions sexuelles et ne sont en fait pas capables de leur résister. C'est au détriment de la Femme. Ce sont les pulsions des hommes, tu vois, qui font que la Femme se reproduit constamment comme une vache.
L'esclavage sexuel est le sort qui attend la femme qui laisse un homme la prendre au piège, soit du mariage, soit d'une union rapide dans le ruisseau. Par conséquent, je dis que la femme fait mieux de pratiquer l'abstinence . Moi je le fais, et je te le conseille aussi.
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- Ma loi à moi, c'est qu'elle devienne une femme respectable ! Elle se mariera et reprendra la boutique. Elle n'a pas besoin du savoir des goys.
- C'est sûr que ce n'est pas vous qui risquez de le lui apprendre.
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- Tu sais, si l'on se mariait, on n'aurait pas besoin de se cacher comme ça.
- Alors tu veux que je te ponde une nichée de petits anges braillards et que je te prépare tes blintzes tous les soirs ? adorable.
- Nom de dieu, Fanya, tu es obligée d'être aussi dure ?
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- Qu'est-ce que c'était beau ! Ce que j'aimerais habiter là et porter ces robes tous les jours.
- Peuh, tu parles ! Ils ne faisaient que chanter tout le temps.
- Oh Fanya... Tu ne comprends rien à l'art.
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