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EAN : 9782900803431
224 pages
Un Autre Reg'Art (14/09/2021)
4/5   3 notes
Résumé :
À travers ce roman, dont les protagonistes ont réellement existé, Jean-Michel Cormary retrace un épisode important de l’histoire du Mazamétain : la grande grève du délainage en 1909 et ses répercussions sur la vie sociale et économique locale.

C’est l’occasion de peindre, à la manière du naturalisme cher à Émile Zola, les débuts chaotiques d’un siècle qui verra les sociétés occidentales se transformer durablement.

Un roman qui peut sédu... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
On ne remerciera jamais assez les « Masses Critiques » de Babelio. Elles nous donnent régulièrement l'occasion de sortir totalement de notre zone de confort pour aller à la découverte d'ouvrages originaux. C'est bien ce que j'ai ressenti à la lecture du Cri de la laine, « fiction romanesque » écrite par Jean-Michel Cormary, qui s'est inspiré de récits de son arrière-grand-mère, blanchisseuse au château des Reille-Soult, véritable « informatrice » d'un autre temps.

Nous sommes à Mazamet, petite ville du Tarn, capitale du massif de la Montagne Noire, au début du mois de janvier 1909. Les ouvriers délaineurs viennent de débuter une grève, leurs revendications salariales ayant été refusées.
Mazamet a de particulier qu'elle est la capitale mondiale du délainage. le délainage consiste à extraire la laine de peaux venues de l'étranger, considérées comme des déchets inexploitables, transformés sur place en un produit de qualité revendu au prix fort à l'étranger, en particulier en Angleterre.
Le délainage emploie une large main d'oeuvre qualifiée, les techniques de lavage, de peignage des laines se font grâce à des produits chimiques, mais il faut également « peler » les peaux sur des bancs de pelage, pour séparer laine et cuir. Les conditions de travail sont difficiles et dangereuses, dans une odeur effroyable.

Le roman de Jean-Michel Cormary s'intitule le cri de la laine : un western tarnais. Un western "social" ? Ce sous-titre m'a interpellée : en effet, il s'agit d'un conflit qui a réellement existé et qui est connu à Mazamet sous le nom de « la grande grève de 1909 ». Il a été particulièrement dur et a duré quatre mois. Période connue aussi par "l'exode des enfants" : les enfants ayant été confiés à des familles extérieures au conflit. Les augmentations ont fini par être reconnues justifiées et accordées. Pourquoi un western ? Jean-Michel Cormary dépeint un conflit paradoxal, une sorte de « mélange des genres » : un patronat soucieux du bien-être des ouvriers, des ouvriers qui refusent de saccager la matière première…Une opposition qui rappelle la guerre entre catholiques et protestants, les ouvriers étant catholiques et royalistes, s'opposant à des patrons majoritairement protestants et républicains. Un député, le Baron Reille, descendant du Maréchal Soult qui soutient ouvertement les ouvriers. Les syndicats qui veulent asseoir leur pouvoir coûte que coûte. Rien n'est clair, blanc ou noir, les alliances les plus improbables sont fortes, alors que Clémenceau fait envoyer l'armée, et que Jean Jaurès intervient. Mais les briseurs de grève sont à la manoeuvre, des hommes de main sans états d'âme prêts à tout, comme vendre à bas-prix des potions miraculeuses (en fait de puissants laxatifs) afin de réduire par la ruse le nombre des futurs manifestants. Mais leurs actions qui exploitent peur et crédulité ne vont bientôt plus connaître de limite, et ils iront jusqu'à commettre des actes innommables. Un western, ou les armes seront utilisées et auront quelquefois le dernier mot.

J'ai beaucoup aimé lire ce roman basé sur des faits historiques et les études du Pr Rémy Cazals. Jean-Michel Cormary a dépeint avec beaucoup de soin une époque pas si lointaine, une France industrielle en plein essor. Son grand mérite, selon moi, a été de souligner la violence, mais aussi quelque part l'absurdité du conflit. On retiendra de beaux portraits, celui de Maximilienne, jeune journaliste à l'Humanité, proche de Jean Jaurès, et de Sean O'Brien, néo-zélandais présent à Mazamet pour terminer ses études, joueur de rugby qu'il contribuera à faire connaître dans la région.

Je remercie les éditions Un Autre Reg'Art et Masse Critique de Babelio pour l'envoi de ce roman. J'ai consulté le blog d'Ernest Vidal dont parle Jean-PierreV dans sa critique très détaillée : merci beaucoup pour cette piste de lecture.

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"Quatre mois de grève sordide pour obtenir de patrons, richissimes comme toi, une misérable augmentation. Quatre mois d'insultes et de mépris. Quatre mois de violences. Quatre mois de haines, d'humiliations, de morts..."
Mazamet dans le Tarn était la ville du délainage des peaux de moutons.....quand le mouton ou l'agneau partent à l'abattoir, leur propriétaire, ne gaspille pas son argent en lui faisant un coupe d'été...non!
Les abattoirs du monde entier stockaient les peaux et les usines de délainage de Mazamet les recevaient, elles préparaient les peaux pour le compte des tanneurs qui en feront ces cuirs si souples et doux, qui seront transformés en beaux gants, en sac à main souples.
On ne s'imagine pas combien est sale et puante cette première transformation des peaux, une opération de décomposition de la peau. Un été de stage étudiant dans une tannerie de ma ville natale me l'a confirmé, en partie seulement!
Les usines de Mazamet quant à elles, disposaient de l'eau pure venant de la Montagne Noire. Elles faisaient macérer ces peaux crottées dans des solutions chimiques, afin que les poils et tout ce qui était attaché à ces poils, à cette laine puissent être enlevés...sang, crottin...
Les ouvriers lavaient ces peaux et les raclaient à la main, ils pouvaient aussi contracter l'Antrax avec des peaux mal nettoyées.
Aujourd'hui Mazamet poursuit sa reconversion industrielle.
Le samedi 9 janvier 1909, les ouvriers de l'usine d'Albine dirent "Stop"! et se mirent en grève, suivi par les ouvriers des autres usines.
Toute la vallée était en grève!
Cette grève s'accompagnait d'une "intimidation musclée sur les ouvriers" , d'un "chantage sur les meneurs"..
Michel Cormary a imaginé un roman ayant pour cadre ces usines de délainage, ces riches propriétaires, en mettant en scène une jeune femme, journaliste de l'Humanité également militante socialiste , mais aussi Jaurès, patron de l'Huma et son ennemi, Clémenceau...qui envoya l'armée...
Un roman qui décrit ces difficiles conditions de travail, les mentalités des hommes et femmes, de ces ouvriers, qui certes avaient arrêté leur travail, mais qui prirent le soin de sortir les peaux des bains acides dans lesquelles elles macéraient, de les sécher afin qu'elles ne pourrissent pas, ces ouvriers sans ressources, ces patrons aux belles maisons cossues sur les boulevards, sans oublier ces briseurs de grève payés par les patrons, rois des coups tordus.
C'était l'un des premiers mouvements sociaux. Un long mouvement du 9 janvier 1909 au 5 mai 1909, qui met en scène ouvriers et patrons, député et aussi un néozélandais...un des premiers All-Black ...
Il importait le football-rugby à Mazamet et dans toute la vallée et faisait chavirer les coeurs...
Clémenceau, quant à lui avait positionné 2000 soldats dans la vallée!
Roman diront certains....alors je les invite à consulter ce blog, ces mots de Ernest Vidal, ces photos anciennes qui donnent une petite idée des conditions de travail de ces hommes et femmes...
http://ernestvidal.blogspot.com/2013/12/4-lusine-de-gauthard-de-lagarrigue-et-d.html
Dommage, on ne peut percevoir ni cette humidité froide des ateliers, ni cette odeur qui imprégnait la peau et les vêtements
Merci à Babelio et à masse critique pour cette lecture
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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A travers ce roman qui est, à mon avis, plus un témoignage, on découvre (ou re-découvre) L Histoire des usines à Mazamet, les travailleurs de la laine dans des conditions déplorables au début du XXème siècle.
Les ouvriers vont entamer une grève au mois de mai 1909 pour obtenir des conditions de travail "moins" déplorables, ainsi qu'une augmentation de salaire... Vont-ils réussir ?
Des scènes sont insoutenables et si l'on découvre les devants de la scène nous découvrons également les coulisses... La lutte des pauvres gens contre les gens riches qui les exploitent, un roman bouleversant, révoltant ! Un ouvrage A LIRE !

Jean-Michel Cormary est né en 1964 à Toulouse, d'une famille tarnaise. Consultant en entreprises, il a publié plusieurs ouvrages sur le rugby aux éditions Passiflore.
Cet ouvrage, inspiré des récits de son arrière-grand-mère, est son premier roman.

Roman lu dans le cadre de la "Masse Critique Littérature Babelio" dont je vous parle ICI.
Lien : http://binchy.canalblog.com/..
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Citations et extraits (1) Ajouter une citation
Au cours du repas, Pierre expliqua sa vision de la grève à Max, démonstration qu'il développerait plus tard dans ses écrits :
- Mademoiselle, ce que je vais vous dire vous semblera paradoxal. En réalité, et même si nous sortons d'une année 1908 catastrophique pour le cours de la laine, et même si la Fédération, en ne respectant pas de préavis, nous a fait périr des milliers de ballots de peaux, nous considérons qu'une augmentation des salaires est légitime, tant le travail de nos ouvriers est pénible.
Max, manquant de s'étouffer, tenta avec maladresse de marquer sa surprise : les patrons étaient d'accord avec les grévistes ! L'Artilleur, imperturbable, continua :
- Mais nous ne l'accorderons point. Il y a six ans, en 1903, pareille grève se déclencha, toujours pour des histoires de salaires soi-disant trop faibles. Le patron de l'usine de Saint-Sauveur licencia immédiatement les grévistes, parmi lesquels Isidore Barthès. Aussitôt ce dernier créa le syndicat de la Fédération. Le mouvement prit de l'ampleur, nous cédâmes alors lâchement, les ouvriers obtinrent 20 % d'augmentation. Pire ! Ils obligèrent alors les patrons à n'embaucher que des syndiqués et infligèrent des amendes à tous les ouvriers ayant travaillé pendant la grève.
Il trempa ses lèvres dans son verre de vin, se racla la gorge avant de poursuivre, l'air grave, en fixant la journaliste dans les yeux :
- Depuis c'est la chienlit. Notre autorité est bafouée dans nos propres usines. Ce sont sans cesse plaintes et réclamations. Un jour, on demande le renvoi d'un contremaître, le lendemain, on s'oppose au licenciement d'un ouvrier : en voilà assez ! Une fois pour toutes, nous voulons rester maîtres chez nous....

.... Mademoiselle, voici le message que je souhaite vous faire passer, afin que vous en fassiez un article : "les patrons ne cherchent pas à obtenir une responsabilité d'un syndicat qui n'a pas respecté ses promesses de préavis, mais bien la responsabilité de l'ouvrier qui, sûrement, regrette profondément les actes malheureux auxquels l'a entraîné ce même syndicat".
La journaliste y vit un appel à l'examen de conscience individuel, sans passer par une "église" syndicale et ses représentants. Un appel typiquement protestant.
Tout ce que rejetaient les travailleurs catholiques.
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Videos de Jean-Michel Cormary (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jean-Michel Cormary
Retour en images sur ces 3 jours aux @escalesdulivre de Bordeaux riches en émotions !
Merci à tous nos auteurs présents : Marc Large, Johanna Turpeau, Mathilde de Télossie, Jean-Michel Cormary, Jean-Michel Lafon, Tang Loaëc, Pascale Dewambrechies et Patrick Fort
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