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Il y a des livres où un doute plane quant à l'envie de les ouvrir. Ainsi, lorsque mon cousin m'a prêté celui-ci en février me disant avoir adoré ce roman terroir… Je porte toujours en moi l'ennui que me procura cette lecture obligée de Giono : Que ma joie demeure. C'est-à-dire que, la campagne, je connais. Alors adolescent, arrivé au bout d'une bonne dizaine de longues pages à la fin de la description interminable d'un sillon pour s'apercevoir, croyant la page tournée, que l'attelage repartait, après un demi-tour, au même rythme évidemment : nooon pitié ! Passèrent l'hiver, le printemps et l'été, enfin pas tout à fait, mais déjà la lumière se fait plus tendre et l'air s'emplit de douce mélancolie, alors l'âge aidant… Curieusement, c'est justement d'avoir vécu mon enfance dans un village qui m'a fait apprécier ce roman. C'est qu'il faut la connaître la mentalité d'un village où tout se sait, rien n'est secret et à force tout le devient. Je te dis mais tu répèteras pas, jure-le ! Dans ce microcosme, la rumeur tient place à la réalité. Il n'y a qu'un fil ténu entre maquignon et margoulin, c'est qu'un paysan observe autant les gens que ses terres. De jalousies féroces en rancunes tenaces aux paroles acerbes, rarement à l'après d'une malveillance, se justifiant à tout propos, voilà comme je les connais, voilà comme je les ai retrouvés. Et c'est en cela plus qu'en l'énigme un peu légère ou qu'en les paysages du Morvan que j'ai pris plaisir à ma lecture. Il y a des livres sans grande histoire ou dont l'histoire n'aura jamais vraiment de fin. « Au loin, la bête n'appelait plus. Les ombres s'allongeaient sur la vallée. Un milan tournait lentement dans le ciel, très très haut. » p.314 + Lire la suite |