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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Ce ne pouvait qu'être un témoignage fort. Cornélius Nyungura fut le seul rescapé du massacre qui a exterminé sa mère, son père, ses deux frères et sa soeur, au Rwanda. Il raconte l'impact de son histoire sur l'homme et l'artiste; avec la culpabilité de celui qui est le seul à s'en être sorti… Un témoignage plutôt qu'une autobiographie.

Les Tutsies sont des "cafards" qui furent exterminés par les Hutus. Les soldats tuaient sur des critères physiques, mais lui n'est ni l'un, ni l'autre, mais un peu des deux (sa mère était Hutu et son père Tutsi est devenu Hutu sur les papiers pour obtenir une bourse d'études). Sans sa carte d'identité qui indique son appartenance ethnique, l'adolescent gonflera ses narines lors de sa fuite pour se rapprocher du physique Hutu.

Ce livre parle aussi de l'impact d'un abus sexuel : Corneille a été abusé à six ans et demi par sa tante et il en parle presque autant que de la perte de sa famille. Sa vie affective en a été perturbée, les blessures de l'enfance sont indélébiles.

C'est peu dire que les propos sont chargés émotionnellement et si la tension venait à faiblir, Corneille établit un dialogue imaginaire avec son père décédé.
Il montre comment s'est construit malgré tout l'homme au sourire touchant.

L' artiste s'est investi et pourtant sa sincérité, happée par les sirènes de la gloire, ne lui a pas permis de se réaliser dans la réussite du chanteur.
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De l'histoire de Cornélius Nyungura, dit Corneille, j'avoue ne pas en savoir davantage que ce que nous savons tous, à savoir que sa famille entière a été décimée par une nuit d'avril 1994, au Rwanda, dans ce qui allait être un des plus grands génocides du XX èm siècle. En effet, on estime à pas moins de un million, le nombre de personnes massacrées au Rwanda en l'espace de trois mois, dans un but précis qui était d'exterminer tous les "tutsis" du pays. Je ne vais pas revenir sur les causes politiques de ce génocide, Corneille ne s'y attarde d'ailleurs pas dans son récit. Ce qu'il faut savoir c'est que deux ethnies qui vivaient dans une relative quiétude ont basculé du jour au lendemain dans l'indicible.

Dans son récit et dans un but résolument cathartique mais aussi pour la mémoire, Corneille replonge dans cette tragique nuit du 15 avril 1994, lorsque deux assaillants pénètrent dans le domicile familial et exécutent ses parents, ses deux frères et sa petite soeur de trois ans. Corneille a eu le réflexe de se cacher derrière le canapé; il est le seul survivant, il a 17 ans.

Ne trouvant plus l'espace necéssaire pour s'exprimer en chanson et éprouvant le besoin d'en dire plus que dans ce "format restrictif", Corneille passe à l'écriture d'un récit dont on éprouve chaque souffrance, chaque douleur, chaque doute et on évolue en même temps que lui sur le temps long et sur le chemin d'une maturité acquise peut-être trop tôt et dans des conditions épouvantables. Nous suivons son parcours quelques années avant le génocide; Corneille a grandi en Allemagne jusqu'à l'âge de six ans, et lorsque ses parents retournent au Rwanda, c'est un pays dont il ne parle pas la langue que découvre l'enfant. Issu d'une famille dont les parents occupent des fonctions importantes, Corneille est élevé dans un environnement aisé et dans un foyer chaleureux. Il évoquera aussi dans ce récit les abus sexuels dont il a été victime par une tante dès l'âge de six ans et demi et qui laisseront des séquelles indélébiles, profondes au point d'affecter sa vie intime à l'âge adulte.

Baignant dans un environnement favorable au développement d'une sensibilité musicale, à travers les goûts musicaux de son père, il forgera sa propre culture musicale et lorsque un jour son père l'entend chanter, ce dernier lui fera la valorisante remarque que "tu as du Tracy Chapman dans ton grain de voix..." , dès cet instant, le jeune homme a su qu'il trouverait un soutien auprès de son père et de sa famille dans la réalisation de ses ambitions et il acquiert ainsi la confiance dont tout être humain a besoin pour se sentir exister et pour aller au bout de ses rêves.

Après le massacre de sa famille, s'ensuit un périple pour rejoindre le Zaïre (aujourd'hui République démocratique du Congo) voisin et ensuite l'Allemagne où vont l'accueillir "Jean-Pol et Marianne", un couple de très bons amis de Emile, le père de Corneille. Sur le chemin de sa fuite et des cent kilomètres à effectuer à pieds dans l'insécurité la plus totale, il connaîtra la faim, l'épuisement, la maladie (la malaria) et quittera finalement le Rwanda aidé par des anciens camarades devenus membres de la milice hutue.

Ce qui peut frapper et interpeller à la lecture de ce récit c'est une sorte de distance avec les événements, parfois on parvient difficilement à savoir ce que les images atroces du massacre ont comme effet sur le jeune homme; la colère ne s'est manifestement pas emparée de lui et il refoulera ses larmes pour plusieurs années; jusqu'à cette renconre salvatrice avec Sofia, cette femme belle comme un soleil et douce comme la soie, sa terre d'accueil, son pays. C'est avec elle qu'il s'autorisera enfin à aller de l'avant pour réparer son âme, reconstruire son ientité, se sentir "homme"et laisser sa colère s'exprimer; pour dire aussi à son père combien il lui en veut de ne pas avoir pu empêcher ce drame alors qu'il en a vu les signes avant-coureurs.

Aujourd'hui grâce à une psychanalyse, à son courage, à l'espoir qui ne l'a jamais quitté, à sa persévérance et grâce à l'amour de son épouse, Corneille semble avoir trouvé l'apaisement, et est comblé par son rôle de papa. Quant à savoir si il remettra un jour les pieds au Rwanda, le récit s'achève sur"j'y retournerai. Un jour".  


POUR FINIR /

J'ai été une fan de la première heure lorsque Corneille a débarqué en France début des années 2000 et qu'il nous a bouleversés avec ses chansons autobiographiques et poignantes.On ne pouvait qu'être fasciné par cette homme qui a vécu l'horreur mais qui paraissait si calme, si stoïque et qui ne se séparait jamais de son sourire.
Quand en 2003, il est invité dans l'émission de Mireille Dumas et qu'elle lui demande comment il s'est sorti de cette expérience extrêmement traumatique, il répond spontanément et sans avoir au préalable fait sa psychanalyse " je m'en suis sorti simplement parce que mes parents m'ont aimé",  et lorsqu'il a été demandé au Docteur Boris Cyrulnik de commenter, il a développé sur cette notion de résilience, dont on a ici un exemple éclatant. Il poursuit son récit en disant que "l'amour de mes parents m'a préservé de ce venin qu'est la haine. L'amour de mes parents. C'est tout ce que je peux avoir de plus que d'autres".

On entre dans ce récit le coeur serré et on en sort revigoré, c'est une leçon de vie que nous donne Corneille et on ne peut ensuite que relativiser les petits tracas de notre quotidien.
Porté par une belle plume, très poétique, l'avenir de cet artiste en tant qu'écrivain me semble prometteur. Il en a les qualités. 

Lien : https://www.Instagram.com/au..
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CORNEILLE. Là où le soleil disparaît.

Cornélius Nyungura naît le 24 mars 1977 à Fribourg-en-Brisgau où son père, bénéficiant d'une bourse , accomplit une scolarité afin d'obtenir un diplôme en génie civil pour être ingénieur. Sa mère, est une hutue, son père est un tutsi ; mais il a falsifié sa carte d'identité pour obtenir une bourse d'études et suivre des études en Europe. CORNEILLE a six ans et demi lorsque avec ses père, mère, son petit frère Christian, il rentre au Rwanda.
Son père, ingénieur occupe un poste à haute responsabilité dans la distribution de l'électricité, sa mère est employée dans une banque de l'état. Une enfance dorée dans un milieu aisé, rempli d'amour par son entourage. L'enfant est scolarisé, il travaille très bien : c'est un excellent élève, toujours premier de sa classe. Élevé dans un foyer aimant, il bénéficie d'une bonne éducation à l'école belge de Kigali. En avril 1994, son destin bascule. L'avion présidentiel est abattu en plein vol.

C'est le début de l'extermination totale des tutsis. Une véritable boucherie dans la totalité du pays. Une lutte sans merci entre les deux ethnies, guerre fratricide : les hommes, femmes, enfants et même les bébés sont exécutés à coups de machette. Dans la famille de CORNEILLE, un seul survivant, notre auteur. Des jours, des nuits, il va fuir ce pays, en troupeau sur les routes, se mêlant à toute la population tentant de gagner un eldorado, poursuivi par les tueurs. Enfin, après une longue marche de 150 kms, il réussi à rejoindre un camp de réfugiés au Zaïre. Il est pris en charge et se rend en Allemagne chez un couple d'amis de ses parents. Il pratique la musique et poursuit en parallèle ses études. Quittant l'Allemagne il est hébergé par un oncle au Canada où il va continuer à créer , jouer, composer, écrire de nombreux textes de chansons pour lui et pour d'autres chanteurs, chanter du rap, se faire un nom… Une belle carrière très prometteuse pour ce jeune homme qui a assister au massacre de ses père, mère, frères et soeur.

Cette autobiographie révèle la plume de cet auteur, compositeur. Avec beaucoup de lucidité, il nous décrit son parcours atypique. Grâce à l'amour dont il a été bercé, par sa famille, ses amis allemands, et son union avec Sofia, la naissance de ses deux enfants, il a suivi une thérapie afin d'exorciser ses démons. Il a beaucoup souffert du viol commis par sa tante, une soeur de son père alors qu'il n'avait que six ans et demi. Puis ces meurtres lors du génocide dont il est parvenu à se sauver, ces actes barbares, il les a évacués et a construit une belle famille. Un exemple de résilience que nous devons respecter. Je félicite CORNEILLE pour son écriture. Il semble vouloir renoncer à la musique, ayant connu des désillusions dans le métier et nous promet d'écrire des romans et des albums pour les enfants. Je lui souhaite de réussir dans son nouveau projet et m'engage à le lire. Je vous recommande la lecture de son récit, un récit poignant, brut, non édulcoré, tel qu'il l'a vécu. Il faut de la volonté, du courage, de l'abnégation pour se reconstruire. La sincérité, l'humilité sont présentes à chaque page. Beaucoup d'émotion, de l'optimisme, de l'énergie, de la ténacité, une force de caractère, portent notre auteur. Bravo et merci de partager ces durs moments, de nous permettre de voir les dessous des forces en présence lors de ce génocide qui ne date même pas de trente années. C'était hier….

Je prie les puristes de bien vouloir excuser ma méconnaissance, mon ignorance des faits historiques qui se sont déroulés au Rwanda, au cours des années 1994. Je ne connais pas avec exactitude les tenants et les aboutissants de cette guerre fratricide dont l'origine me paraît fort ancienne.

( 06/08/2023) .


Lien : https://lucette.dutour@orang..
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Corneille est une personne que j'apprécie énormément. de par son histoire bien évidemment, mais aussi par son talent musical. Tout le monde connaît le passé de ce jeune homme. Les mauvaises langues diront que sans çà il n'aurait jamais percé. Moi je dis à ces gens que sans çà surtout, ce jeune homme aurait eu une vie normale.

En commençant Là où le soleil disparaît, nous faisons connaissance avec Corneille. Celui-ci va alors nous raconter sa vie, en commençant par le début. de sa naissance en Allemage et des ses premières années, on sent une vie simple, et un amour indéfectible de ses parents. Puis viens ensuite l'arrivée au Rwanda.

Je ne vais pas vous raconter l'histoire de Corneille, vous la connaissez certainement autant que moi. Je vais donc plutôt vous livrer mon ressenti en refermant cet ouvrage. Ce livre est pour moi un magnifique message d'espoir et un héritage bouleversant pour ses enfants. Corneille a su, avec ses mots, cette générosité et cette simplicité qui le caractérise, raconter le cauchemar qu'il a vécu. On n'imagine pas ce que c'est de perdre toute sa famille, d'être le seul survivant d'un massacre. Comment se construire un avenir, quand à 17 ans on se voit orphelin, sans accroches, sans familles ? Corneille a toujours utilisé ce massacre comme une force pour avancer et survivre. Pourquoi aurait-il survécu à ce drame si ce n'est pour vivre ? Jamais il ne se laissera abattre, même lorsqu'il est à bout de force, il continue de mettre un pied devant l'autre.

Alors oui bien sûr, on se dit qu'après le succès qu'il a connu, Corneille va bien. Il est marié, papa de 2 enfants. En effet, aujourd'hui il va mieux. Mais le chemin parcouru depuis a été long et semé d'embûches. Il a dû se chercher, se trouver, s'intégrer. En quête permanente d'identité, Corneille raconte également avec douceur et tendresse comment il a rencontré Sofia, l'amour de sa vie, et comment à son tour il est devenu papa. Corneille dira à de nombreuses reprises que c'est l'amour des ses parents qui l'a sauvé.

C'est un témoignage en toute simplicité que nous offre Corneille. C'est l'histoire d'une vie, d'un drame, mais également d'une réussite, et d'amour. Jamais larmoyant, ce récit autobiographique nous montre un homme qui a toujours le sourire malgré ses blessures et ses douleurs. Merci à toi l'artiste pour cette histoire qui est la tienne. Cette histoire qui nous permet de découvrir que derrière cette chanson "Parce qu'on vient de loin" il y a un homme qui s'est construit comme il a pu.

"Là où le soleil disparaît" est donc disponible aux Editions XO.

Je vous laisse quelques extraits de ce témoignage qui m'a ému à de nombreuses reprises.

"Pour survivre pendant un génocide, il faut aussi apprendre à se divertir des choses les plus insolites"

"La parole fragilise car elle rend les douleurs réelles et personne n'avait encore le luxe de pouvoir laisser s'exprimer sa sensibilité"

"Il y a des rencontres remarquables de justesse tant l'accord entre les personnes, l'espace et le temps est harmonieux."
Lien : http://aubazaardeslivres.blo..
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Extrêmement touchant.. j'ai adoré ! Merci pour ce beau moment
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Magnifique ouvrage ... bien écrit, trés touchant, vous relativisez vos problèmes aprés cette lecture, c'est un précieux témoignage que celui que nous livre Corneille, trés intimiste aussi
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C'est une excellente autobiographie, et c'est très bien écrit ! ❤️
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