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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Pièce importante, car il s'agit de la première tragédie de Corneille. Elle n'arrive pas à ce moment-là par hasard : après six années pendant lesquelles aucune nouvelle tragédie n'est créée à Paris, la tragi-comédie étant le genre incontournable, la tragédie renaît de ses cendres. Une tragédie pleinement classique, attachée aux règles, mais ayant su tirer du genre concurrent de la tragi-comédie un certain nombre d'éléments qui faisaient son succès auprès du public, et en premier lieu une action plus soutenue. La saisons 1633-1634 deux tragédies marquent ce retour à un genre un moment abandonné : l'Hercule mourant de Rotrou et l'Hippolyte de la Pinelière. La saison suivante (1634-1635) les créations se multiplient. Il y a entre autres, La Sophonisbe de Mairet (considérée un peu comme la plus représentative de cette renaissance tragique), La mort de César de Scudéry et cette Médée de Corneille. La pièce a du succès, elle sera publiée en 1639, après le Cid et les remous qui ont suivis.

Il est probable que Corneille ait été inspiré, pour le choix du sujet et la façon de le traiter, par l'Hercule de Rotrou, auteur de la première tragédie régulière, et surtout auteur de grand talent, celui qui dans cette génération aurait pu être le plus grand rival de Corneille s'il n'était mort prématurément. Mais l'inspiration la plus directe de Corneille est la pièce de Sénèque, avec aussi de nombreux éléments empruntés aux Métamorphoses d'Ovide. La pièce emprunte peu à Euripide, le goût de l'époque n'étant pas très en phase avec les auteurs grecs.

Le sujet est connu. Médée a permis à Jason de conquérir la Toison d'Or, elle fuit avec lui, devient sa femme, ils ont deux enfants. Après la mort de Pélias (l'oncle de Jason) provoqué par les manigances de Médée, le couple est obligé de fuir et de se réfugier à Corinthe. La pièce de Corneille commece à ce moment. Jason a conquis le coeur de Créuse, la fille de Créon le roi de la ville. Jason veut donc répudier Médée pour convoler en secondes noces. Médée doit être bannie le lendemain. Les enfants du couple doivent rester avec leur père. Médée est ulcérée et décide de se venger. Au moyen d'une robe empoisonnée, elle va provoquer la mort de Créuse et de Créon, et va tuer ses enfants pour parfaire sa vengeance vis à vis de Jason. Elle va le narguer avant de s'envoler dans un char tiré par des dragons.

Le sujet de la pièce est tiré de la mythologie, et non pas de l'histoire, comme la plupart des pièces de Corneille qui vont suivre. La pièce, de part son sujet violent, et des éléments très paroxystiques qui s'y trouvent, s'apparente au tragique de la fureur, inspiré par Sénèque, et très présent dans le théâtre français au début du XVIIe siècle (Rotrou est l'un de ses plus notables représentants). Comme cette première tragédie de Corneille diffère de ses productions tragiques les plus célèbres, celles que l'on joue encore aujourd'hui, dans beaucoup de présentations elle est qualifiée de précornélienne. C'est tout de même un peu facile, si on regarde l'ensemble des pièces de l'auteur. Non seulement il va revenir plusieurs fois à des sujets mythologiques à grand spectacle, mais en 1661 il fera jouer La toison d'or, une tragédie qui va mettre en scène les mêmes personnages principaux que Médée. Encore une fois, il est difficile d'enfermer Corneille dans une seule typologie.

La pièce est très efficace et très bien conçue. Corneille s'en vante d'ailleurs dans les textes qui accompagnent la pièce. Jason ressemble pas mal aux personnages masculins de ses comédies, usant de ses charmes non pas pour épouser des riches héritières mais des filles de rois, cynique, pas très sympathique. Médée est une magicienne, une sorcière, qui a des pouvoirs puissants, presque sans limites, sa seule faiblesse étant son amour pour Jason, mais une fois trahie, elle n'a aucune difficulté à la vaincre. L'Asie, terre d'origine de Médée, était réputée comme le continent des magiciens. En plus de ses actions maléfiques avérées, Médée est l'étrangère, venue d'un continent ennemi, dont rien de bon ne peut venir. La situation dans laquelle elle est, lui laisse l'alternative d'être une victime ou un monstre. Être abandonnée par l'homme à qui elle a tout abandonné, et à qui elle a assuré un triomphe immortel, perdre ses enfants. Elle choisit de tuer ceux qui veulent la chasser honteusement et de tuer ses enfants pour mortifier Jason, qui de toutes les façons envisageait le même infanticide après la mort de Créuse. Au final, Corneille consacre peu de place au meurtre des enfants, qui est la partie du mythe de Médée la plus connue, la plus associée à son nom.

C'est vraiment une pièce très forte et très réussie, qui passe très bien sur la scène (pour l'avoir vue jouée), je regrette, comme pour les comédies, qu'elle n'ait pas davantage les faveurs des metteurs en scène.
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Je ne suis pas la plus grande fan de Corneille, même si j'ai aimé le Cid, Polyeucte, par exemple - et entre autres ! - m'a laissée de marbre... Pour le coup, j'ai adoré Médée !

On rencontre d'abord Jason, le "héros" de la Toison d'Or. Il vient de croiser Pollux, son ami, et lui explique qu'il va se remarier. L'autre est un peu inquiet, Médée risque de ne pas très bien le prendre... Oui bah, elle criera, comme Hypsypile, la belle affaire ! Désinvolte, le Jason. Un peu trop, car Médée n'est pas Hypsypile, ses pouvoirs - et sa détermination, sont bien plus forts. Et puis non contente de lui piquer son mari, voilà que Créüse, jeune inconsciente ! exige de porter la robe de Médée poru son mariage avec Jason ! Alors d'accord, elle est belle, la robe, mais provoquer comme ça une sorcière, n'est-ce pas un tantinet inconscient ? Bah, de toutes façons, Créon, le père de Créüse et Roi de Corinthe a décidé de bannir Médée à cause de ses forfaits passés. Forfaits dont il ne se souciait guère en les accueillant, et qui ont tous exclusivement servi Jason au passage, mais passons. Créüse, dans sa grande générosité propose à Médée de garder ses enfants en échange de la robe. Par contre, lorsque Egée, Roi d'Athènes, vient lui rappeler sa promesse de l'épouser lui, elle le traite de telle manière qu'on ne peut que conclure à son inconscience, et à sa bêtise !

Bref, Médée se venge, évidemment, et tout ça finit en bain de sang. Ce qui m'a fait plaisir au fond, c'est qu'elle s'en sorte. On ne peut pas dire que Corneille cherche à l'excuser ou à la blanchir, loin de là, mais franchement, oui Médée est capable de tout, elle l'avait déjà prouvé, qu'est-ce que ces idiots ont eu besoin de la traiter comme ça ?!

J'ai vraiment adoré cette pièce - je ne connaissais pas vraiment l'histoire de Médée, et maintenant, j'ai bien envie de découvrir la version de Jean Anouilh.
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Forcément, il n'y a pas besoin de présenter cette pièce absolument géniale de Corneille. Médée est mon personnage féminin favori, j'ai toujours aimé son histoire et pourtant, je n'avais jamais lu la pièce du grand dramaturge. Voilà désormais chose faite ! Je dois dire que je n'ai pas été déçu là non plus. Auparavant, je n'avais lu que le Cid (1637) que j'ai étudié en quatrième, ça a été la première pièce de théâtre que j'ai vraiment aimé - c'était avant que je découvre Racine... - et il était grand temps d'en lire une autre. Corneille a choisi de raconter l'épisode de l'infanticide, sans doute le plus connu aujourd'hui. L'histoire de l'infanticide est en gros la deuxième partie d'une histoire constituée de trois volets : l'épisode de la Toison d'or, l'infanticide et enfin l'exil puis le retour dans sa terre natale, en Colchide. Corneille s'est largement inspiré de la Médée d'Euripide, je ne peux pas encore dire laquelle des deux je préfère puisque je viens tout juste d'acheter la version "antique" du personnage, mais de ce que je sais, Corneille a rendu Médée bien plus humaine, Euripide, lui, en a fait plus une tueuse sanguinaire qu'autre chose.

C'est tout simplement parce que j'aime l'histoire du personnage de base, le fait qu'elle soit imparfaite, qu'elle soit magicienne et que comme tout mythe, son histoire peut être transposé à notre époque car, après tout, Médée est uniquement la figure de la femme qui refuse d'être abandonnée par son mari. Jason est d'ailleurs dépeint de façon négative, il est vu comme la personne qui las de sa femme décide d'en choisir une autre, plus jeune et sans doute plus belle - tiens, tiens. Je ne l'ai jamais aimé comme personnage de toute façon donc ça m'allait très bien je dois dire.
Pièce intemporelle, pièce mythique, Médée restera sans doute toujours l'une de mes pièces de théâtre favorite.

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Une magnifique histoire de sorcière qui fait éclater toute sa noirceur à cause d'une trahison.
Une tragédie puissante où la violence est à son paroxysme même si l'héroïne est humaine; Médée se transforme en monstre ; être délaissée est insupportable et cet état laisse place à la haine déchainée.
Une passion amoureuse destructrice .
Un chef d'oeuvre
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Cette tragédie de Pierre Corneille est un véritable chef d'oeuvre qui me plonge dans une atmosphère totalement vengeresse et sombre.
Médée est un être de fureur qui va se venger d'une manière horrible pour faire payer Jason, son marie ne voulant plus d'elle. Mais elle est aussi une femme blessé par un homme qui l'a tromper et vouloir lui retirer ses enfants. Les éléments de magies rendent d'autant plus Médée puissance pour que Jason souffre autant qu'elle. Elle évoque vraiment la catharsis de part ses actes et ce monologue qui en dit long son plan diabolique.
En faisant un infanticide, elle celé son destin pour avoir tuer ses enfants mais réussi à rendre la monnaie de sa pièce à Jason.
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Après l'avoir lu des dizaines de fois, Médée restera la plus cruelle des mère et la pire des femmes. Mais cette volonté de détruit ce qu'on lui a détruit de fait de Médée une femme extrêmement courageuse et malgré tout, mérite le respect et la loyauté.
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Chef-d'oeuvre de la litterature française, Médée est l'un de ces livres que l'on se doit de lire ne serait-ce qu'une fois dans sa vie. Que ce soit par son histoire, sa plume, ses personnages ou même par simple attrait de la mythologie, cette pièce est certainement l'oeuvre de Corneille la plus marquante qui soit.
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