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Jean-Pierre Chauveau (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070404544
137 pages
Gallimard (23/03/1999)
3.6/5   62 notes
Résumé :

La dernière tragédie de Corneille est l'une des plus belles, tant l'action s'y mêle à l'élégie, et à la poésie. On veut faire épouser à Suréna Mandane, qu'il n'aime pas, et non Eurydice, qu'il aime ; on veut faire épouser à Eurydice Pacorus, qu'elle n'aime pas, et non Suréna, qu'elle aime. Mandane est la fille du roi des Parthes, que son lieutenant, Suréna, a rétabli sur le tr... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (9) Voir plus Ajouter une critique
Un amour impossible, voilà le grand classique de la plupart des tragédies, celles d'allant de l'Antiquité jusqu'à nos jours d'ailleurs.
Ici, Eurydice et Suréna s'aiment mais entre eux, tout est interdit puisque la première est fille de roi, donc de très haute lignée et que l'autre n'est qu'un Lieutenant et Général des Armées, ce qui fait certes de lui un héros, estimé et reconnu de tous mais néanmoins pas assez pouvoir épouser celle su'il aime puisque cette dernière est promise au prince Pacorus, le fils de son Roi.
Aussi, dans cette pièce en en cinq actes, le lecteur assiste-t-il impuissant à un amour défendu, à des déchirements et à des résignations qui resteront malheureusement vaines car l'Amour est plus fort que tout, et même de la Mort !

Une pièce agréable à lire où l'on découvre deux mondes qui m'étaient totalement étrangers, celui des Parthes et des Arméniens, des moeurs encore ancestrales mais qui ont perduré puisque, si l'on regarde bien, même si ces mariages arrangés ne se font plus en raison de la descendance et de l'argent (elle se faisait néanmoins encore au début du XXe siècle et se pratique d'ailleurs toujours dans certains pays d'Orient et dans certaines religions).
Une tragédie émouvante (c'est le rôle de toute tragédie d'ailleurs), très bien écrite (on parle tout de même de Corneille !) et dont la lecture vient un peu combler mon manque de connaissance dans les classiques de l'époque ! A lire !
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Pendant des années et des pièces, Corneille a été le VRP de la monarchie absolue : Rodrigue obtient du Roi et la gloire et l'amour, tandis qu'Horace retrouve son honneur perdu en servant Tulle... Mais la lucidité de l'âge met fin aux illusions de la jeunesse : Corneille découvre que les rois sont faibles et jaloux et que, lorsqu'ils rencontrent un héros, gênés par sa grandeur, ils le font mettre à mort.
La pièce déplut, on se demande pourquoi.
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Je crois qu'en matière de théâtre, c'est vraiment le registre que je préfère. Il y a dans la tragédie antique un côté épuré d'une grande élégance, une simplicité qui met en valeur le texte. C'est le cas de « Surena », très belle pièce de Corneille.
Comme toujours le coeur de l'intrigue est une histoire d'amour contrariée. Dans « Surena » cet amour est rendu impossible car il se heurte à la nécessité politique. La pièce est très intéressante et traite de façon pertinente ce thème de l'opposition entre amour et intérêt politique. Les personnages sont très réussis, leur psychologie est fouillée. Sans surprise, les dialogues sont superbes. Un véritable plaisir de lecture.
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La dernière pièce de Corneille, jouée en 1674, éditée en 1675, son échec pousse Corneille au silence, sa façon de concevoir le théâtre étant jugée maintenant par le public, dépassée, surclassée par celle de son ancien rival Racine, qui triomphe désormais.

Nous sommes dans les schémas bien connu chez Corneille, dans lequels un intérêt politique s'oppose à l'amour. Suréna, grand général, celui qui a su vaincre les Romains, aime une princesse arménienne, promise au fils de roi des Parthes, qu'il sert. Amour impossible, d'autant plus que le roi des Parthes pour s'assurer de sa fidélité veut lui faire épouser sa propre fille. Mais son «amante» (pour user du vocabulaire de l'époque) refuse qu'il épouse cette dernière. N'importe qui d'autre mais pas cette princesse. le roi presse Suréna, et s'inquiète de son refus, doute de sa fidélité.

Ce n'est sans doute pas la pièce de Corneille la plus réussie, Suréna semble vraiment trop soumis à la capricieuse princesse arménienne, qui elle manque vraiment de générosité, n'est pas attachante. le roi parthe est un vrai despote, qui agit au final contre ses propres intérêts, Suréna n'envisageant jamais la rébellion ni l'insoumission, sauf pour dire non au mariage royal. Mais cela reste une belle pièce, avec de beaux morceaux, et avec une sorte de refus de la facilité, de céder aux modes de l'époque, l'envie de garder sa propre voie, même si elle n'est plus empruntée par le plus grand nombre.

J'aime énormément Corneille, son sens de la formule, ses constructions quasi mathématiques, son sens du suspens, et même si c'est moins parfait dans cette dernière pièce, cela reste délectable. Dommage de ne pas pouvoir la voir jouer.
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Étrangement, Suréna est connu pour être la pièce de Corneille la moins appréciée de son oeuvre. Pourtant, elle est à mes yeux, sa plus belle et sincère composition.
Intrigue à la fois politique et sentimentale, les personnages de la pièce sont mêlés à de nombreux choix qui scelleront leur destin.Ainsi, la belle Eurydice, doit épouser le prince Pacorus afin de d'unir les deux nations dans la paix. Mais voilà, la princesse s'est éprise du célèbre général Suréna qui lui rend tout son amour. En parallèle, le roi Orode voit d'un mauvais oeil tous ses succès militaires et ordonne au soldat d'épouser sa fille, Mandane, ou il mourra. Ne pouvant voir son amant épouser une autre, Eurydice supplie Suréna de refuser le marché, tandis que cette dernière fera tout pour repousser son mariage indéfiniment. Cependant, Orode et Pacorus se doutent que quelque chose se trame au sein du palais...
Suréna est donc une pièce qui mêle une intrigue principale politique suivie d'une histoire de chaîne d'amours non-partagés. de ce fait, l'action est omniprésente et l'attente insoutenable. Les vers sont écrits d'une plume admirable, fluide et tout à fait abordable aux lecteurs.
Je conseille vivement cette pièce aux mateurs de Corneille ou du théâtre du classicisme.
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Citations et extraits (23) Voir plus Ajouter une citation
SURÉNA. Je sais ce qu’à mon cœur coûtera votre vue,
Mais qui cherche à mourir doit chercher ce qui tue.
Madame, l’heure approche, et demain votre foi
Vous fait de m’oublier une éternelle loi,
Je n’ai plus que ce jour, que ce moment de vie :
Pardonnez à l’amour qui vous la sacrifie,
Et souffrez qu’un soupir exhale à vos genoux,
Pour ma dernière joie, une âme toute à vous.
EURYDICE. Et la mienne, seigneur, la jugez-vous si forte,
Que vous ne craigniez point que ce moment l’emporte,
Que ce même soupir qui tranchera vos jours
Ne tranche aussi des miens le déplorable cours ?
Vivez, seigneur, vivez, afin que je languisse,
Qu’à vos feux ma langueur rende longtemps justice ;
Le trépas à vos yeux me semblerait trop doux,
Et je n’ai pas encore assez souffert pour vous.
Je veux qu’un noir chagrin à pas lents me consume,
Qu’il me fasse à longs traits goûter son amertume,
Je veux, sans que la mort ose me secourir,
Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir.

Acte I, Scène 3.
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Ne me l’avouez point ; en cette conjoncture,
Le soupçon m’est plus doux que la vérité sûre;
L’obscurité m’en plaît, et j’aime à n’écouter
Que ce qui laisse encor liberté d’en douter.
Cependant par mon ordre on a mis garde aux portes,
Et d’un amant suspect dispersé les escortes,
De crainte qu’un aveugle et fol emportement
N’allât, et malgré vous, jusqu’à l’enlèvement.
La vertu la plus haute alors cède à la force ;
Et pour deux cœurs unis l’amour a tant d’amorce,
Que le plus grand courroux qu’on voie y succéder
N’aspire qu’aux douceurs de se raccommoder.
Il n’est que trop aisé de juger quelle suite
Exigerait de moi l’éclat de cette fuite,
Et pour n’en pas venir à ces extrémités,
Que vous l’aimiez ou non, j’ai pris mes sûretés
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Eurydice : Il est si naturel d'estimer ce qu'on aime,
Qu'on voudrait que partout on l'estimât de même,
Et la pente est si douce à vanter ce qu'il vaut,
Que jamais on ne craint de l'élever trop haut.
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Quand on a commencé de se voir malheureuse,
Rien ne s’offre à nos yeux qui ne fasse trembler,
La fausse apparence a droit de nous troubler,
Et tout ce qu’on prévoit, tout ce qu’on s’imagine,
Forme un nouveau poison pour une âme chagrine.
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Je sais ce qu'à mon coeur coûtera votre vue ;
Mais qui cherche à mourir doit chercher ce qui tue.
Madame, l'heure approche, et demain votre foi
Vous fait de m'oublier une éternelle loi :
Je n'ai plus que ce jour, que ce moment de vie.
Pardonnez à l'amour qui vous la sacrifie,
Et souffrez qu'un soupir exhale à vos genoux,
Pour ma dernière joie, une âme toute à vous.
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Vidéo de Pierre Corneille
Lecture par l'auteur
Rencontre animée par Marie-Madeleine Rigopoulos
« Ce livre est un ensemble de nouvelles autobiographiques, classées par âge de la vie, de la petite enfance à aujourd'hui. Ces nouvelles sont souvent, pas toujours, des mésaventures dans lesquelles j'éprouve peur et honte, qui me sont assez naturelles et me donnent paradoxalement l'énergie d'écrire. Scènes de gêne ou de honte, scènes de culpabilité, scènes chargées de remords et de ridicule, mais aussi scènes, plus rares forcément, de pur bonheur, comme celle qui donne son nom au livre, Célidan disparu : personnage à la fois pusillanime et enflammé d'une pièce de Corneille que j'ai jouée à mes débuts d'acteur, dont je découvris lors de l'audition pour l'obtenir, qu'il me révélait à moi-même, et faisait de moi un acteur heureux. »
Denis Podalydès
À lire – Denis Podalydès, Célidan disparu, Mercure de France, 2022.
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