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EAN : 9782754825252
120 pages
Futuropolis (07/10/2020)
3.64/5   48 notes
Résumé :
Hélène Jegado a tué des dizaines de ses contemporains sans aucune raison apparente avant de finir guillotinée le 26 février 1852, sur le Champ de mars de Rennes. L'histoire de cette empoisonneuse est racontée en images.
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Critiques, Analyses et Avis (11) Voir plus Ajouter une critique
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Une fois encore, Teulé écrit sur un fait divers sordide puis voit sa mouture déclinée en un pendant à bulles du plus bel effet en sus d'être particulièrement instructif.

Je connaissais Charlotte Julian et sa fleur de province, je découvre celle de tonnerre et j'ai le trouillomètre à zéro.

Hé-lène, elle s'appelle Hé-lène.
Jégado, pour être précis.
Une légende dans le domaine si concurrentiel de l'empoisonnement définitif et ce n'est pas Marie Besnard qui me contredira.
À son actif, quelques dizaines de macchabées en à peine cinq décennies, c'est dire la constance dans l'effort.
Née en juin 1803 pour finir guillotinée en février 1852, dame Jégado usera de ses connaissances si particulières pour alimenter le compteur de la Grande Faucheuse qui l'en remerciera très sèchement.
Bonjour l'ingratitude.

Cette fleur de tonnerre fascine autant qu'elle effraie.
Son récit prend sa source en Bretagne, terre de légendes.
Hélène n'a jamais accepté aucun ami sur tronchebouc excepté l'Ankou, un mec mythique aux aspirations gémellaires.

Son parcours, c'est un peu le petit poucet.
Changez les petits cailloux en cadavres et vous y êtes.
Porté par un graphisme semi-réaliste où rouge et 50 nuances de gris se taillent artistement la part du lion, ce récit déroule (de façon un peu répétitive, peut-être) le destin hors norme de cette empêcheuse d'exister en rond.
Le mal à l'état pur qui fera fi de toute CSP, ne respectant rien ni personne, tout en se jouant d'éventuelles accointances familiales.
Une petite contrariété ?
Un plat à l'arsenic et c'est déjà oublié.

Édifiant et enrichissant, ce Fleur de Tonnerre devrait marquer le coup, si ce n'est déjà fait.
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« Fleur de tonnerre » ce n'est pas l'un des jurons fleuris dont le Capitaine Haddock a le secret mais le titre d'un roman du non moins truculent Jean Teulé paru en 2013. Cette biographie romancée inspirée de l'histoire réelle d'Hélène Jegado, la plus grande tueuse en série de l'histoire de France, a bénéficié en octobre dernier d'une adaptation en bande dessinée par Jean-Luc Cornette et Jürg aux éditions Futuropolis. Ont-ils réussi à rendre le ton si caractéristique de l'artiste entre « true crime » et humour grinçant dans leur one shot de près de 120 p ?

Les oeuvres de Jean Teulé ont décidément la côte auprès des bédéistes. « Fleur de Tonnerre » est la septième adaptation de l'un de ses romans et deux autres sont en chantier. Sans doute parce qu'il a commencé lui -même dans le 9eme art et que ses livres sont séquencés et rythmés comme des albums et très visuels dans leur style. Il a fait du roman historique son fonds de commerce et, après le Moyen Age de « Je, François Villon » , la Renaissance de « Charly 9 » ou d' « Entrez dans la danse », le XVIIe siècle du « Montespan », il s'est intéressé à des faits divers du XIXe : le drame de Hautefaye dans « Mangez-le si vous voulez » et, ici, l'histoire d'une enfant bretonne fascinée par le personnage légendaire l'Ankou et le pouvoir des plantes et des poisons qui commence sa carrière à huit ans en assaisonnant la bouillie de blé noir de sa génitrice avec de la belladone et va durant près de quatre décennies tuer des dizaines de ses contemporains sans raison apparente.
Au départ, le duo Cornette et Jürg, qui avait déjà oeuvré sur « Ziyi » paru aux éditions Scutella en 2013, souhaitait adapter « Mangez-le si vous voulez » mais ils se heurtèrent au refus de nombreux éditeurs effrayés par la noirceur du propos. Ils reportèrent donc leur choix sur « Fleur de Tonnerre » rendu plus acceptable par la distanciation introduite par l'humour dont fait preuve le romancier au fil du texte.
On y retrouve ainsi les anachronismes langagiers à double sens chers à Teulé : Hélène conseille par exemple à ses clients de goûter son gâteau « trop mortel » et surtout le duo comique des perruquiers normands. Ces derniers croisent, au fil des décennies, le chemin de l'héroïne éponyme et ne cessent de faire sourire le lecteur grâce à leurs silhouettes de Laurel et Hardy, leurs avanies, leurs propos dignes de Bouvard et Pécuchet, et finalement grâce à leur « acculturation » car ils finissent plus bretonnants que les Bretons ! Cette dimension comique est l'une des forces de l'album car, contrairement au film homonyme de Stéphanie Pillonca, il conserve le mélange des genres. C'était d'ailleurs la seule exigence manifestée par Teulé auprès du tandem d'auteurs.
Mais comme le romancier et la réalisatrice, ils gardent également la profondeur du personnage principal. Contrairement à deux autres albums consacrés à l'empoisonneuse -« Hélène Jegado » de Berthelot et Moca paru chez L'Apart en 2013 et « La Jegado » de Keraval et Monnerais paru aux éditions Locus Solus en 2019 - qui la dépeignent come folle et laide telle qu'elle apparait à son procès, le « Fleur de Tonnerre » de Teulé, Jurg et Cornette s'attache à la fillette puis à la jeune femme. Ils arrivent à nous faire éprouver empathie et presque fascination d'abord parce que l'héroïne est dessinée comme une belle jeune femme, une « sirène » irrésistible, ensuite parce qu'elle est présentée comme une victime de son milieu socio-culturel : enfant d'une mère peu aimante qui la rabroue sans cesse et la terrorise à l'aide de légendes, elle est élevée dans la peur et dans un milieu rude. Les épisodes de Notre dame de la haine de St Yves de vérité ou des naufrageurs, si violents et invraisemblables qu'ils paraissent, sont pourtant véridiques et montrent bien comment le milieu étouffe et suscite la folie. Enfin, Hélène est également décrite comme capable de sentiments : elle tombe follement amoureuse, tente même de mettre fin à ses jours, et dans une superbe scène se montre même charitable en abrégeant les jours d'un vieil instituteur fatigué de la vie.
La couverture montre d'emblée la richesse du propos : une jeune fille blonde regarde dans notre direction avec un air sévère. Elle ne ressemble en rien à l'image traditionnelle qu'on a De La Bretonne : pas de coiffe blanche de dentelle empesée mais une épaisse jupe, un tablier de domestique et une cape noire à capuchon. Autour d'elle le paysage paraît menaçant : flots houleux, rochers abrupts, ciel rouge de tempête aux nuages noirs et menhir semblable à une pierre tombale. Quelques fleurs au premier plan pourraient donner un côté bucolique mais il s'agit de scabieuses, appelées également « fleurs des veuves » ou « fleurs de tonnerre » et réputées pour leurs vertus dangereuses. Ainsi un paysage bucolique et champêtre devient menaçant et une fillette, incarnation de l'innocence, apparaît finalement comme celle de la mort puisque son expression et sa cape évoquent la grande Faucheuse... Les pages intérieures sont tout aussi réussies on y trouve de superbes pleines pages telle la page inaugurale. le dessin peut se déployer car le gaufrier n'excède pas les six cases et on a souvent de grandes vignettes magnifiquement composées. L'oeuvre est divisée en chapitres introduits par des médaillons qui reprennent des détails bretons : calvaires, statues, village et soulignent encore une fois l'importance du milieu. Si l'héroïne est magnifiée, on y trouve également une belle galerie de tronches et de trognes qui redonnent bien le style enlevé de l'auteur. L'album est par ailleurs réalisé en tons d'ocres et de sépia ravivés de rouge par endroits. Cette bichromie évoque les gravures du XIXe et montre d'emblée la complexité de l'oeuvre et le mélange des genres : la palette est en effet à la fois sombre et lumineuse, chaleureuse et froide…

L'album est donc une vraie réussite tant sur le plan du découpage que du dessin. Il restitue parfaitement le côté tragi-comique du récit initial et l'on pourrait même dire qu'il excède parfois son modèle car il est finalement plus rythmé que l'oeuvre originale dans laquelle les crimes avaient un côté répétitif. « Fleur de Tonnerre » : un roman graphique garanti sans arsenic mais plein de saveurs !
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Nous sommes en Bretagne au 19è, et voici la biographie de l'empoisonneuse Hélène Jegado : la "Brinvilliers du Morbihan".
C'est l'adaptation d'un roman (que je n'ai pas lu) du regretté Jean Teulé.
Fan de tueurs en série, cette BD est pour vous : on estime entre 60 et 80 le nombre de victimes de cette cuisinière - qui assaisonnait ses plats à l'arsenic. Alléchant, non ?
Si vous êtes juste fan d'histoires bien boutiquées, eh bien… lisez-la et faites-vous votre idée.
Pour ma part j'ai trouvé la narration très superficielle : les morts s'enchaînent sans qu'on ait vraiment de recul, de réflexion, sur les motivations ou la psychologie de la tueuse, ce qui serait un peu l'intérêt de la chose. Sinon, à quoi bon résumer sa vie à une liste de morts violentes ?
Quant aux illustrations, dans des tons un peu sépia, un peu rouillés plutôt réussis… là ça semble plutôt un prétexte pour dessiner en toute occasion des poitrines et des fesses à l'air.
Pas trop d'intérêt là non plus, donc.
Restent quelques jolies images des diverses villes de Bretagne où la Jegado a sévi, mais sans prendre le temps d'en restituer l'ambiance et c'est dommage.
Challenge Bande dessinée 2023
Challenge Départements (Manche)
LC thématique avril 2023 : "Un roman historique"
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Je ne connaissais pas ce roman de Jean Teulé, ni l'histoire de cette empoisonneuse. Nous sommes dans la Bretagne de 1805 et le portrait qui en est fait est très sordide. Tout commence par une fillette ( qui déjà n'est pas charmante) qui semble bien innocente. Sa mère lui donnera la terreur de l'Ankou, ce qui semble-t-il expliquera son parcours meurtrier. Tuant ceux avec qui elle vit, où qui l'emploie. Belladone, arsenic ... Ce seront ses armes pour faire venir l'Ankou.
On suit le parcours de Fleur de Tonnerre au fil des pages. Un parcours qui est une succession de meurtres. C'est sans doute un peu rapide mais l'histoire se lit bien. Grandes cases, bulles non surchargées, graphisme très lisible, les visages sont souvent ingrats et l'ensemble est très réaliste.
Mais j'ai du mal avec Jean Teulé, auteur du roman dont est tiré cette bande dessinée. Trop d'obscénités, comme souvent, en font une BD dérangeante. Même les femmes violent de pauvres marins affolés... Et les soeurs dans leur couvent sont toute chamboulée aussi et ridicules surtout.
Fleur de Tonnerre est un personnage étrange, habitée d'une folie qui la pousse aux extrêmes. Elle nous entraîne dans une Bretagne arriérée et sauvage qui m'a un peu bousculée. Cruelle et crue.
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Adaptation en BD d'un roman de Jean Teulé, cette BD a exercé sur moi une sordide fascination... on s'en doute, vu le sujet, mais pour le choix du code couleur principalement. Les auteurs ont opté, vu le sujet, pour une sorte de quadrichromie où les rouges dominent bien souvent. Soit ils sont vifs, soit ils sont estompés, mais ils font baigner la BD dans une atmosphère glauque et pesante... comme il se doit.

Jean Teulé aime choquer et choisit souvent des faits divers ou des personnalités "borderline" comme sujet de ses romans. Ici, Hélène Jégado, petite bretonne surnommée très tôt Fleur de Tonnerre, se transforme en tueuse en série. Empoisonneuse engagée comme cuisinière, elle va multiplier les meurtres et passer à travers les enquêtes pendant de longues années, visiblement. Elle commence à s'exercer sur sa famille et va multiplier les empoisonnements, principalement à l'arsenic mais pas seulement. Je ne spoile pas la fin... mais bon! elle se devine, fatalement.

Je n'ai pas lu le roman à l'origine de l'adaptation. Mais on sent clairement et régulièrement Jean Teulé qui affleure à de multiples reprises. Des danses macabres, du sexe pervers, des jurons en pagaille, une gouaille révolutionnaire... C'est bien Jean Teulé.

Mon bémol se trouve dans l'absence d'éléments historiques, de pages qui expliquent, mettent en perspective, racontent L Histoire derrière l'histoire. Il y a des faits historiques que l'on aimerait lire, voir, ressentir afin de mieux encore s'imprégner de cette affaire hors norme.
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critiques presse (1)
Sceneario
30 décembre 2020
La lecture de cet ouvrage complet a l’avantage d’être des plus fluides et permet de bien saisir le parcours épurateur de la tueuse au travers des séquences qui confortent peu à peu le caractère maléfique et tourmenté de celle-ci. [...] Au travers d’un découpage assurément bien inspiré, Jean-Luc Cornette fait sensation, relatant avec brio les terribles forfaits de l’empoisonneuse jusqu’à son expiation sous le couperet de la guillotine.
Lire la critique sur le site : Sceneario
Citations et extraits (2) Ajouter une citation
Tu ignores donc qu'un bruit répété trois fois prédit un malheur ? C'est ainsi que fait l'Ankou.
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- Mais Maman, pourquoi l’Ankou fait-il mourir les gens ?
- Pourquoi ? Il n’a pas besoin de raisons ! Il s’introduit chez les êtres, et les fauche, c’est tout. C’est son travail à l’ouvrier de la mort.
(dialogue entre Hélène et sa mère)
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