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Pail ! Pail !, fait le cornac. Chroniques du Laos... On passe des années 30 à nos jours au gré de sagas familiales qui s'entremêlent. La carte postale a subi pas mal de tourments. le pays du million d'éléphants aussi. Et des éléphants... à part sur le drapeau, sur l'ancien drapeau, on n'en voit pas beaucoup dans l'ouvrage. En un siècle, comme pas mal de pays (et surtout dans cette partie du monde), le Laos a connu pas mal de changements radicaux. Une monarchie. La guerre. Un régime communiste dictatorial. Une fuite des populations. Des minorités brimées et massacrées. Des opposants traqués et abattus. le racisme. L'épuration ethnique. Une guerre encore et des envahisseurs. Français puis Américains. Puis le tourisme moderne. Vanyda raconte son passé. Passé qu'elle tient de son père, laotien nationalisé français. Bien sûr, on change les noms, on passe un vernis fictionnel sur l'histoire familiale. Mais on ressent ces émotions très fortement à la lecture du livre. Et comme souvent, le fait d'être proche de ce que l'on raconte, émotionnellement proche, humainement proche... cela produit un résultat fort mitigé. Il y a un joli travail de mise en couleur. On ressent les émotions de nouveau, on baigne dedans. C'est important, mais cela ne mène pas le lecteur fort loin. Car à côté de cela, la succession d'événements s'avère fort brouillonne. A de multiples reprises, je n'ai plus compris l'action ou la succession des situations. Il faut aussi avouer que le trait poétique de Vanyda m'a souvent fait confondre les personnages. Certains personnages principaux ne sont pas suffisamment distincts, reconnaissables, typés... ce qui m'a déstabilisé et perdu bien des fois. Le malaise de Vanyda et Cornette est encore fort palpable à la fin du récit et pour le cahier documentaire qui clôt le livre. La période de la guerre et celle de la répression communiste avaient déjà été traitées en demi-teinte, mais pour le présent les auteurs font preuve d'une indulgence assez incroyable. Bien sûr, on évoque la dictature, on ne pourrait faire autrement. Mais c'est soft... On peut les comprendre. Ils ont envie de retourner au Laos, pays où vivent encore de nombreux membres de leur famille, pour lesquels ils craignent peut-être des représailles. Alors, on peut s'interroger sur le sens global de la démarche... Bref, je m'attarderai simplement au ressenti, je garderai en moi l'émotion suscitée par le récit. Je laisserai de côté L Histoire et les péripéties en France, le retour au Laos. Au bout de quelques dizaines de pages, j'avais renoncé à comprendre le récit pour me laisser porté par les couleurs. Allongé dans mon howda, somnolant doucement au gré de la houle provoquée par la démarche pesante d'un éléphant, j'avance dans la jungle laotienne. Pail ! Pail ! fait le cornac. + Lire la suite |