Citations sur La Saga du roi Arthur, tome 1 : Le Roi de l'hiver (46)
Que de sang la jalousie n’a-t-elle fait couler sur notre terre ! Et à la fin de la vie, à quoi ça rime ? On se fait vieux, et les jeunes nous regardent sans jamais savoir que nous avons guerroyé pour l’amour.
Merlin, qui pouvait se métamorphoser comme aucun autre homme. Il aimait à simuler, à semer la confusion et à duper. Il pouvait être cassant, malicieux, patient ou seigneurial, mais ce jour-là il avait choisi de paraître dans toute sa majesté, raide et froid. Aucun sourire n’éclairait son visage sombre, aucune lueur de joie dans ses yeux caves, juste un air d’arrogante autorité, qui fit s’agenouiller d’instinct les hommes placés le plus près de lui. Et même le roi Gorfyddyd qui, un instant auparavant, était prêt à m’enfoncer l’épée dans le cou, baissa sa lame.
Je n'avais aucune arme, sauf à compter mon bâton et mon couteau au nombre des accoutrements d'un guerrier. J'aurais voulu emporter une épée et une lance, afin de paraître plus âgé, mais Hywel s'était moqué de moi : un homme se révèle par ses faits et gestes, non par ses fantaisies.
Arthur confond morale et pouvoir, et il aggrave le mélange en croyant que les gens sont intrinsèquement bons, même les pires d'entre eux, et c'est pourquoi, n'oublie pas ce que je te dis, il n'aura jamais la paix ! Il soupire après la paix, il parle de paix, mais parce que son âme est confiante, il aura toujours des ennemis.
(Ailleann à Derfel)
La vie est une farce des Dieux, se plaisait à affirmer Merlin, et il n'est point de justice. Apprends à rire, me dit-il un jour, sans quoi tu mourras de chagrin.
Quand quelqu'un était touché par les Dieux, les chrétiens eux-mêmes le reconnaissaient, et personne n'osa porter la main sur Nimue.
Fascinant, n'est-ce pas, de voir que même au pays des âmes perdues nous formons des hiérarchies ? Il y a des souverains ici. Il y a les forts et les faibles. Certains hommes rêvent de créer des paradis sur cette terre et la première condition de ces paradis, si je comprends bien, est qu'aucune loi ne doit plus nous entraver. Mais je soupçonne, mon ami, qu'une contrée délivrée des lois ressemblera davantage à cette île qu'à n'importe quel paradis.
"D'être marié à Ladwys ne l'a pas empêché d'épouser Norwenna, observa Bedwin avec mépris. Il a mis Ladwys sur la touche, fait trois fois le tour du rocher sacré, puis embrassé le champignon magique ou fait ce que vous faites, vous les païens, pour divorcer. Au passage, il n'est plus chrétien. Un divorce païen, il épouse Ceinwyn, lui fait un héritier et retourne aussi vite dans le lit de Ladwys. Il me semble que c'est ainsi que l'on fait les choses de nos jours."
"Je ne sais pas si tu vu du plomb ou si tu en as coupé au couteau, dit-il d'une voix lugubre. Il faut que je sache. Je vais demander à Gwlyddyn. on dirait qu'il sait tout. Savais-tu qu'il faut toujours mettre les troncs la tête en bas pour faire des piliers ?
- Non, Seigneur.
- Ça empêche l'humidité de monter, tu comprends, et ça évite au bois de pourrir. C'est ce que m'a expliqué Gwlyddyn. J'aime ce genre de savoir. C'est bien, des connaissances pratiques, ce qui font tourner le monde. [...]"
Il (Le palais) était suspendu dans le ciel comme un vaisseau céleste voguant dans les nuages, ou peut-être comme une étoile descendue sur terre ; un refuge où régnaient un roi juste et une belle reine, où les poètes chantaient et où des vieillards pouvaient étudier l'envergure des anges. Elle était si belle, Unys Trebes, si extraordinairement belle.
Et, à moins que nous ne parvenions à la sauver, absolument condamnée.