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Critique de Arakasi


A chaque peuple son souverain mythique : les français ont Charlemagne, les britanniques le roi Arthur. le problème du second, c'est qu'on en sait fort peu de choses, à commencer par son époque et son ascendance, ce qui rend sa vraisemblance historique pour le moins… problématique. Avec le temps, tout un courant littéraire anglo-saxon s'est développé tendant à replacer le monarque légendaire dans un contexte historique réaliste – avec plus ou moins de succès et de talent, bien sûr. Bernard Cornwell n'est donc pas le premier à revisiter ainsi la geste arthurienne, mais, à défaut d'être le premier, on peut toujours être le plus trash !

Âmes sensibles s'abstenir… Nous sommes au Ve siècle dans une Bretagne archaïque menacée à la fois par des déchirements internes et les hordes de Saxons venues des mers. Les Romains ont déserté les terres, les abandonnant à une multiplicité de petits rois claniques, plus occupés à se foutre mutuellement sur la gueule qu'à chasser les envahisseurs. le plus puissant d'entre eux, Uther Pendragon, est sur le point de mourir, laissant pour seul héritier un nourrisson, l'enfant-roi Mordred. Mais un petit bambin sera-t-il capable d'unir la Bretagne pour la préserver de ses ennemis ? Pour cela, il faudrait un homme fort, charismatique, brillant, ambitieux… Et pourquoi pas Arthur de Dumnonie, bâtard de Pendragon, dont les exploits militaires ensanglantent l'Armorique où il combat auprès des alliés de son père ?

Oubliées l'épée dans la pierre, les apparitions féériques, les merveilleuses prophéties ! A la fin de l'Antiquité, en Bretagne, c'est par la force et la ruse qu'on s'empare d'un trône. On se bat dans la boue, on patauge dans le sang, on viole, on torture et on sacrifie aux dieux. Tout cela pour atteindre une royauté malcommode, susceptible d'être renversée et piétinée par le moindre petit seigneur en mal de puissance. Sacrée ambiance, c'est moi qui vous le dit. On apprécie ou pas cette vision très sombre du monde arthurien, mais force est d'admettre que Cornwell la met en scène avec beaucoup d'efficacité. Une fois passées les cent premières pages un peu longuettes, on s'immerge avec plaisir dans son univers joyeusement sanguinaire, peuplé de féroces guerriers, de druides mystérieux, et d'implacables femmes de pouvoir.

Idée excellente : expliquer les divergences entre la légende et la réalité en faisant conter l'épopée d'Arthur par un vieux moine chrétien, ancien soldat du monarque, à une jeune reine bretonne. La belle dame, rebutée par la triste réalité, n'hésitera pas à la tordre pour lui donner un aspect plus avantageux. Lancelot, un pleutre vaniteux et beau parleur ? Il deviendra un parangon de vertus chevaleresques. Merlin, un druide cruel, insensible et moqueur ? Remplaçons-le par un vieillard sage et paternel. Quant à Arthur, homme d'exception sans cesse tiraillé entre son ambition et sa compassion, on gommera soigneusement ses faiblesses pour en faire le modèle sur lequel pourront se calquer tous les rois à venir. C'est de loin le personnage le plus intéressant de ce premier volume et je le suivrai avec plaisir dans son ascension et sa chute qui devraient faire l'objet des deux tomes suivants. A bientôt pour la suite !
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