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Alain Jaubert (Éditeur scientifique)
EAN : 9782070309870
352 pages
Gallimard (13/10/2005)
3.69/5   45 notes
Résumé :

Juillet 1816. Une escadre française vogue vers le Sénégal. Le principal navire, la frégate la Méduse, qui longe de trop près les côtes de Mauritanie, s'échoue sur un haut-fond. Des groupes de passagers rejoindront Saint-Louis soit par mer, soit, au prix de nombreuses pertes, à marches forcées à travers le Sahara. Mais cent quarante-sept hommes sont abandonnés sur un radeau. Ils vont dériver pendant quinze jours. Faim, soif, délires, mutineries, massacres... >Voir plus
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Un magnifique tableau dramatique de Géricault certes , mais aussi un très bon récit de mer , et de naufrage , en particulier .
Un document sur un des plus grand scandale de la Restauration ( le régime de .. ) et de l'histoire de France en général , également .

Ce texte témoigne aussi , d'une très mauvaise époque pour la marine française ( de guerre en particulier ) .
La révolution et ses soubresauts , l'empire aussi , ayant totalement bousculé son « brillo « d'ancien régime ainsi que le lustre de son éminence passée , qui reposait sur une remarquable efficacité et qui faisait d'elle une machinerie hautement fiable …

J'ai lu le radeau de la méduse dans la foulée de : Les naufragés de l'aventure de Guillaume Lesquin , qui font ensembles deux excellents récits de mer de cette époque . Disons , révolutionnaire – post révolutionnaire .

Les naufragés de l'aventure , est un tout petit roman autobiographique que je vous invite à découvrir parce que , il est excellent sur le thème du naufrage ( dans l'antarctique en l'espèce ) , et il est malheureusement connu de manière quasi confidentielle .

Mais aussi pour sa langue qui est populaire et élégante , que vous pourrez comparer à celle , de le radeau de la méduse , qui est moins jolie , et c'est choquant car : c'est la même époque .
Cette langue du radeau , qui n'est pas désagréable , ni même totalement laide , tranche pourtant nettement en tonalité avec celle du XVIII e , qui est souvent un pur délice de lecture.
Les naufragés de l'aventure , vous fera découvrir , une langue plus avenante et post XVIII e également , tout en étant confortablement installé dans une lecture de mer trépidante et passionnante des plus agréable .

Faites une visualisation du tableau et vous aurez une idée du contenu de ce livre , encore que ce récit de Savigny , précise aussi les tenants et les aboutissants de ce voyage , de son déroulement , ainsi que du pendant et de l'après naufrage sur le radeau , qui ne concerne pas tous les naufragés car tous ne subirent pas le destin du radeau .
Ils firent d'autres choix , pas moins périlleux , mais moins maritimes , comme celui de longer la cote saharienne .

Une frégate française naufrage au large des côtes de l'actuelle Mauritanie , alors qu'elle était à destination de Saint Louis du Sénégal . Cent quarante-sept personnes , vivent les pires avanies sur ce radeau , je vous laisse les découvrir ...
Cent cinquante personnes qui n'en finissent pas de mourir en désespérant comme il se doit de la nature humaine …
C'est un récit hautement tragique , légèrement teinté par la tonalité romantique qui dominait à l'époque .

D'autres naufragés se lanceront sur une autre mer , une mer de sable . Ils longeront les côtes africaines du Sahara , jusque le Sénégal . Ce ne sera pas non plus une partie de plaisir .
Un voyage haut en couleur dans des régions qui n'étaient pas encore membres de la francophonie ( sourires ) , et qui étaient pratiquement encore vierges d'influences coloniales françaises .
Ces éléments font de ce récit un document précieux sur les côtes africaines de ces régions , avant qu'elles ne deviennent des territoires français plus normalisés qui connaissent Paris et la langue française comme leurs poches . .

Je ne vous raconte pas les misères que ces coquins et ces vilains ( sourires ) feront à nos pauvres naufragés tout au long de la route .

C'est un récit plein d'adrénaline , un document historique de premier plan sur une tragédie hallucinante , et la découverte des côtes africaines de la Mauritanie au Sénégal , à l'aube du XIX e siècle comme si vous y étiez …
Un texte pour les amateurs de récits de mer , de naufrages , d'histoire , et d'adrénaline .
C'est aussi un document de premier intérêt sur la période précoloniale .
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Dans l'histoire de la marine les naufrages étaient fréquents, et le sort des marins complètement aléatoires, la plupart mourant sans que les survivants mentionnent ce léger incident, soit coulant corps et biens et sans survivants pour le raconter.
La frégate Méduse ( oui, déjà, normalement on ne devrait pas la regarder cette frégate, on serait changé en pierres)avec d'autres bâtiments part à la reconquête du Sénégal annexé par les anglais. L'esclavage vient d'être aboli en France. Et les anglais le pratiquent toujours, c'est mal et c'est une des pseudo-raisons pour les français en 1816 de récupérer les terres et donc les mines dont regorge le Sénégal.
Le commandant de Chaumareys se révèle très vite incapable de suivre la route, il s'en écarte, et de plus il est aussi incapable de faire régner l'ordre. Puis il échoue sur un banc de sable au Nord de la destination, Saint –Louis, … des canots sont remplis, et le commandant s'en va, laissant derrière lui dix sept hommes sur la frégate , rompant ainsi avec toutes les lois de la marine.
Un radeau se construit. Pour charger les victuailles, l'eau et le vin. Il serait possible de faire des allers retours entre la Méduse échouée mais pas coulée et Saint louis… mais chacun pour soi, personne ne prend les bonnes décisions. 149 personnes montent sur ce radeau, les vivres ont été prises par les canots principaux. Il reste des barils de vin et d'eau sur le radeau ingouvernable.

Chaleur, boisson, et abandon en pleine mer sans moyens de naviguer: la folie arrive, avec l'obsession de ne pas pouvoir survivre : le suicide, donc, ça va plus vite. Puis la révolte, le désespoir de ceux qui tentent de couper les liens du radeau, et de ceux qui s'attaquent aux autres, en les mordant, en les tuant, en les jetant à la mer. le vin et la chaleur provoquent des hallucinations, la « calenture », surtout la nuit.
De 149 hommes, au bout du troisième jour, il ne reste que 30 survivants.
« Bientôt aux dangers de la mer vinrent se joindre les premières menaces du danger des passions soulevées par le désespoir et dégagées de tout frein par un sentiment impérieux de la conservation personnelle. »
Heureusement, deux survivants n'ont pas l'intention de laisser l'abandon mortel du capitaine et autres impuni. Correard serait aujourd'hui un lanceur d'alerte, écrivant au Ministre de la Marine qui l'évince, ne lâchant pas l'affaire, et allant de prison en exil. ( En 1817, on n'aimait pas les lanceurs d'alerte, 2 siècles après…. C'est pareil)
L'autre, le chirurgien Savigny, a vu comme son compagnon l'abandon prémédité, les pillages et les horreurs qui s'ensuivent : mutinerie, ivresse, délires, folie meurtrière, haine, racisme, sélection des plus forts, élimination des plus faibles, lutte des classes, cannibalisme. Ainsi que le note Alain Jaubert dans son introduction, « cette sarabande de sauvagerie, de folie et de mort nous fascine au-delà du raisonnable ».

Correard ne lâche pas et il écrit. Pour des raisons politiques, le ministre est destitué et son ennemi fait publier cet écrit. Grand succès en librairie.

Miracle : Géricault apprend l'affaire, rencontre Correard et Savigny, fait de multiples croquis, fait poser Joseph, un africain qu'il place au sommet de la pyramide humaine….., et, surtout, choisit en grand peintre qu'il est le moment clé : non pas quand ils se mangent entre eux, non pas quand ils sacrifient les plus faibles…. Mais quand, au loin, une voile approche, sans qu'ils sachent s'ils ont été vus. Vont ils être sauvés ? Suspense.

Sauvés de l'oubli, grâce à Géricault, oui. Il visite l'hôpital voisin, dessine les mourants et les blessés, observe leur carnation, confectionne d'innombrables dessins. Ne garde que ce qui est « regardable ». de nos jours, Gericault peindrait sans doute un genou qui s'appesantit sur le cou d'un agonisant.

Très actuel cette mise en exergue soudain, par la force de certains, de regrettables agissements qui seraient sinon tombés dans la monotone habitude de la violence ordinaire.

Ils sont quinze à être sauvés par l'Argus. Cinq mourront à Saint Louis, après l'épreuve de ces tragiques 13 jours en mer .
Le commandant fera 3 ans de prison.
Les réflexions de Correard et Savigny méritent d'être citées : ce ne sont pas les plus forts, les plus musclés qui survivent, mais au contraire les plus chétifs… car ils font marcher leur tête : « C'est à l'éducation qu'il avaient reçue, à l'exercice de leurs facultés intellectuelles, à l'élévation de leurs sentiments, qu'ils furent redevables de cette étonnante supériorité et de leur salut. ».
Les Noirs pleurent en voyant les survivants dont la peau est délabrée par la faim et l'eau de mer. Et certains négociants français firent mine d'empathie désintéressée.

le livre de Correard et Savigny est suivi de l'expédition d'autres échoués sur les rives du Nord du Sénégal et de leurs croyances quant à la supériorité des Maures sur les Noirs., puisque ceux ci sont les esclaves de ceux là.
Au moins, nous touchons la racine du racisme : c'est parce qu'ils sont esclaves qu'ils ont moins de valeur, tous les vaincus de toutes les guerres valent moins que leurs vainqueurs.

A ce réquisitoire destiné à se venger de leur abandon par le capitaine, Correard et Savigny concluent par un appel à un autre colonialisme plus humain et tempéré. Ceux qui ont connu la folle sauvagerie humaine et qui ont mangé eux aussi de la chair humaine, rêvent d'un monde moins atroce.
Et nous, demande Alain Jaubert dans sa préface, qu'aurions nous fait dans de telles circonstances ?
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Un livre traitant de faits réels, dramatiques en l'occurrence, qui plus est écrit par les acteurs même du naufrage, est toujours une lecture à la saveur particulière, car l'on sait que derrière l'ordonnance des mots, ce sont bien des évènements qui se sont produits et que ce que notre imagination de lecteur produit, fut une réalité dramatique à laquelle il est possible de se transposer. Ecrit et publié (1817) quelque mois seulement après le malheureux naufrage de la Méduse, le récit eut autant de succès qu'il fit de scandale. de fait, parler de la soif, de la faim, des tiraillements humains, est une chose, aborder l'innommable, le cannibalisme, en est une autre... Un livre à découvrir, ne serait-ce que pour renforcer en nous les émotions qu'inspire le fabuleux tableau de Géricault. Un livre et un tableau, voilà qui donne corps à cette tragédie, incarnation parfaite du "naufrage".
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Comme pour beaucoup, pour moi "le radeau de la méduse" est un tableau. Je pensais qu'aucun évènement réel ne l'avait inspiré.
Je pensais que Gericault avait peint un naufrage et lui avait donner ce nom.
Erreur.
La meduse était bel et bien une Fregate partie de France pour les comptoirs africains à l'aube du 19ème siècle. le naufrage est reel et le radeau tout autant !

L'histoire relatée par Correard et Savigny (les auteurs) n'est pas à proprement parlé un journal de bord.
C'est en fait le récit a posteriori qu'ils font de leur 12 jours de dérive au bord de ce radeau infernal.
En effet, une fois sauvés, les rescapés raconteront leur histoire et désigneront les coupables. Car toute cette histoire n'aurait jamais du avoir lieu : tout est le résultat de bassesses humaines.
C'est uniquement le facteur humain qui plongera plus de 150 personnes dans l'enfer.

N'hésitez pas : embraquez vous aussi sur "la machine" comme l'appèlent les naufragés et suivez leur déchéance.
Vous en apprendrez beaucoup sur les regles sociales, les folies auxquelles pousse le désespoir, la force que donne l'envie vengeance etc...

Ce petit livre est parfois un peu difficile à lire car truffé de termes nautiques mais les relations humaines et la psychologie de ces désespérés est très interressante.
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Juillet 1816. Une escadre française vogue vers le Sénégal. le principal navire, la frégate la Méduse, qui longe de trop près les côtes de Mauritanie, s'échoue sur un haut-fond. Des groupes de passagers rejoindront Saint-Louis soit par mer, soit, au prix de nombreuses pertes, à marches forcées à travers le Sahara. Mais cent quarante-sept hommes sont abandonnés sur un radeau. Ils vont dériver pendant quinze jours. Faim, soif, délires, mutineries, massacres, liquidation des blessés et des mourants, cannibalisme, en quelques jours cette petite société se transforme en une horde d'une sauvagerie sans égale. Lorsqu'on retrouve le radeau, il ne reste que quinze hommes à bord. Deux des rescapés livrent leur témoignage. Survivants de l'affreuse aventure, c'est avec rage qu'ils écrivent ce récit d'une des plus terribles tragédies de l'histoire maritime. Ils ne se doutent pas alors qu'ils vont déclencher une crise majeure au sommet de l'État français. Ni qu'ils vont être à la source d'un tableau géant, un des sommets de l'histoire de la peinture, le Radeau de la Méduse de Théodore Géricault.
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
L’autre, M. Danglas, lieutenant, sortant des gardes-du-corps, s’était d’abord embarqué avec nous sur le radeau, où son poste était désigné ; mais lorsqu’il vit le danger qu’il courait sur cette effrayante machine, il se hâta de la quitter, sous prétexte qu’il avait oublié quelque chose sur la frégate, et ne reparut plus. Ce fut lui que nous vîmes s’armer d’une carabine et menacer de faire feu sur le canot du gouverneur lorsqu’il commença à s’éloigner de la frégate. Ce mouvement, et quelques autres démonstrations que l’on prit pour de la folie, manquèrent de lui coûter la vie ; car pendant qu’il se livrait ainsi à une sorte d’extravagance, le capitaine prit la fuite en l’abandonnant sur la frégate, parmi les soixante-trois hommes qu’il y laissa. Lorsqu’il se vit ainsi traité, M. Danglas donna décidément des marques du plus furieux désespoir. On fut obligé de l’empêcher d’attenter à ses jours ; il invoquait à grand cris la mort qu’il croyait inévitable au milieu de périls si imminens. Il est certain que si M. Espiau, qui avait déjà sa chaloupe pleine, ne fût point revenu prendre à bord de la frégate les quarante-six hommes, du nombre desquels fut M. Danglas, celui-ci eût pu avec tous ses compagnons ne pas éprouver un meilleur sort que les dix-sept qu’on laissa définitivement sur la Méduse.
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Les infortunés que la mort avait épargnés dans la nuit désastreuse que nous venons de décrire se précipitèrent sur les cadavres dont le radeau était couvert, les coupèrent par tranches, et quelques-uns même les dévorèrent à l’instant. Beaucoup néanmoins ni touchèrent pas ; presque tous les officiers furent de ce nombre. Voyant que cette affreuse nourriture avait relevé les forces de ceux qui l’avaient employée, on proposa de la faire sécher pour la rendre un peu plus supportable au goût. Ceux qui eurent la force de s’en abstenir prirent une plus grande quantité de vin. Nous essayâmes de manger des baudriers de sabres et des gibernes ; nous parvînmes à en avaler quelques petits morceaux. Quelques-uns mangèrent du linge ; d’autres des cuirs de chapeaux sur lesquels il y avait un peu de graisse ou plutôt de crasse ; nous fûmes forcés d’abandonner ces derniers moyens. Un matelot tenta de manger des excrémens, mais il ne put y réussir.
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Il implique contradiction de demander du courage, de la générosité et ce dévouement qui commande à un cœur noble de se sacrifier pour son pays ou pour ses semblables, à des misérables, flétris, dégradés par la corruption, chez qui tout ressort moral est détruit ou éternellement comprimé par le poids de l’opprobre ineffaçable qui les rend étrangers à la patrie, qui les sépare à jamais des autres hommes.
Nous eûmes bientôt sur notre radeau une nouvelle preuve de l’impossibilité de compter sur la permanence d’aucun sentiment honnête dans le cœur de cette espèce.
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Heureux , oui mille fois heureux , celui qui jamais ne porta ses pas sur une terre étrangère !
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Mais il fallait un moyen extrême pour soutenir notre malheureuse existence : nous frémissons d'horreur, en nous voyant obligés de retracer celui que nous mîmes en usage; nous sentons notre plume s'échapper de nos mains; un froid mortel glace tous nos membres et nos cheveux se hérissent sur nos fronts. Lecteurs ! nous vous en supplions, n'ayez pas pour des hommes déjà trop infortunés, un sentiment d'indignation; mais plaignez-les, et versez quelques larmes de pitié sur leur malheureux sort.
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