L'esprit est un univers et peut faire un paradis de l'enfer, un enfer du paradis. Je le sais parce que je l'ai vécu. L'esprit est capable de grandes choses, de créer des mondes, d'imaginer l'inimaginable. Et pourtant, il est aussi capable de grandes ténèbres, de créer des cauchemars, d'imaginer des horreurs au-delà de l'entendement.
C'est à nous de choisir ce sur quoi nous nous concentrons, ce que nous permettons à nos esprits de créer. Nous avons le pouvoir de façonner notre propre réalité, pour le meilleur et pour le pire.
Les gargouilles me trompettent Paris
quand la pluie s’écoule de leurs gueules
Depuis des siècles le même sépulcre
pétrifié et chevrotant brame
dans l’oreille étroite de la Seine
C’est la manière dont elles sont placées
Cous tendus gargouilleurs
bouche en cri pensivité accroupie
beuglant des échos de l’âge d’or depuis des nids cathédrale
comme pour venger je suppose des Quasimodo muets
Mon oreille est différente de celle de la Seine
Dans mon oreille résonnaient surtout des oiseaux sans sépulcre
(« Gargouilles »)
Poetry is seeking the answer
Joy is in knowing there is an answer
Death is knowing the answer
(That faint glow in the belly of Enlightnment
is the dead spouting their answers)
Queen of cripples the young no longer
seem necessary
The old are secretive about their Know
They are constant additions to this big
unauthorized lie
(« Notes after Blacking Out »)
x
La poésie c’est chercher la réponse
La joie c’est savoir qu’une réponse existe
La mort c’est connaître la réponse
(Cette pâle lueur dans le ventre des Lumières
est celle des morts débitant leurs réponses)
Reine des éclopés les jeunes désormais ne semblent
plus indispensables
Les vieux gardent jalousement leur Savoir
Ils ajoutent sans cesse à cet énorme
mensonge interdit
(« Notes après syncope »)
Ô qu’est-ce que ça serait ?
C’est sûr je lui donnerais pour tétine un Tacite en caoutchouc
En guise de hochet un sac de disques de Bach cassés
Clouerais du Della Francesca tout autour de son berceau
Broderais l’alphabet grec sur son biberon
Et lui bâtirais un Parthénon sans toit pour tout parc
Non, j’en doute, je ne serais pas ce genre de père
ni campagne ni neige ni fenêtre paisible
mais New York chaude puante exiguë
au septième étage, cafards et rats dans les murs
une grosse épouse reichienne épluchant les patates et braillant
Trouve un boulot !
Et cinq mioches morveux amoureux de Batman
Et toutes les voisines édentées aux cheveux secs
telles ces foules de harpies du XVIIIe siècle
cherchant toutes à entrer pour regarder la télé
(« Mariage »)
TORTUE GÉANTE
— d’après un film de Walt Disney
Tu émerges de la mer un supplice de mer
Nuit au clair de lune tu t’alentis sur le rivage
Derrière toi tes empreintes palmées retracent ton calvaire
Une heure au bout d’une heure tu cesses ta lenteur
Pattes arrière à présent creusent creusent le sable l’humide le sable
La lune illumine la mer apaise
Ta bouche pompe tes yeux larment épais
Tu crées un trou formidable tu t’écroules à plat
Éreintement soupir effort
Œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs œufs
Œufs œufs œufs œufs œuf œuf œuf
Poussée éreintement soupir à plat
Ta matrice humide constellée de sable tu te retournes lente
Lente tu recouvres le trou les œufs lente lente
Tu cesses ta lenteur
L’aube
Et tu tombes dans la mer comme un gros rocher
……………………………………………………………………… (p.49)
...reading BOMB at Rocky Flats protest from FRIED SHOES COOKED