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Le lecteur qui espère lire une grande et belle histoire d'amour impossible entre deux héros de confessions différentes peut passer son chemin. Quant à toi lecteur de Levy-Provençal, d'André Clot ou de Juda Halévi, grâce à ce roman de Gérard de Cortanze, déjà auteur de l'excellent le goût de Grenade, tu te perdras avec bonheur à Sefarad.
L'histoire s'ouvre sur l'amour que se portent Gâlâh la juive, fille du général Samuel Ibn Kaprun de l'armée de l'émir de Grenade et Halim le poète musulman. Lors du massacre des juifs de la ville en cette fin d'année 1066, 4000 personnes sont assassinées (le vizir juif Joseph Ibn Nagrela fut crucifié durant les émeutes). La vie relativement paisible des juifs d'Espagne sous le règne des royaumes de Taïfa se termine avec l'arrivée des Almoravides et des Almohades. Nos amoureux parviennent à s'enfuir. Commence alors une longue errance. Réfugiés dans d'autres villes, puis pourchassés à nouveau, Gâlâh et Halim ne trouvent aucun havre de paix.
Mais nous ne sommes ni dans La juive de Tolède de Feuchtwanger , ni dans La judía más hermosa de Fernando García Calderón. La relation entre nos deux héros passe rapidement au second plan, faisant place à près de mille ans d'histoire. La belle Gâlâh a en effet reçu de son père une khomsa qui lui permet de traverser le temps, qui la transforme en juive errante, à l'existence morcelée, façonnée par les fuites, les rencontres, les nouveaux apprentissages, dans un but unique, consigner l'histoire du peuple juif, de la Hollande aux Etats-Unis, de Séville à Treblinka.
le projet de Gérard de Cortanze, nourri de nombreuses et riches lectures est ambitieux, trop peut-être. La première partie centrée sur l'Espagne, de Garmata al-jawid, Grenade la juive, à l'Inquisition, de l'expulsion des non-chrétiens au destin des marranes est remarquable. L'auteur parvient à synthétiser des siècles d'histoire tout en rendant perceptible et émouvant le quotidien aliénant des juifs espagnols. Mais lorsque Gâlâh parcourt le monde à travers les âges -"S'il savait qu'elle est une foule, un peuple. S'il savait que tant de siècles l'accompagnent."- la narration se dilue dans les nombreux événements égrainés par l'auteur . On regrette qu'il se soit éloigné de la péninsule ibérique, qu'il ait si rapidement évoqué le destin des juifs portugais si proche de celui des Espagnols.
Malgré ces quelques réserves, L'an prochain à Grenade est un plaidoyer salutaire pour la tolérance et un beau roman sur l''exil, le déracinement, la volonté farouche de garder en mémoire sa terre natale. "Adiós Granada, Granada mía, yo no volveré a verte mas en la vída". Car aujourd'hui, que reste-t-il de Sefarad? Un roman à lire en écoutant Reinette l'Oranaise.
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Le 31 décembre 1066, les musulmans de Grenade, soulevés par un agitateur qui a semé les graines de la discorde depuis des mois, déferlent dans la ville dans le but d'éradiquer la population juive coupable de tous les maux. Gâlâh, fille de Samuel ibn Kaprun, Nagid et Hadjib de l'émir Abdar al-Fikri, ne doit la vie sauve qu'à sa présence dans la maison d'Halim, son amant musulman. Sentant venir le drame, son père lui a confié le livre où il consigne depuis toujours les évènements qui touchent son peuple, ainsi qu'une khomsa, pierre magique qui donne la vie éternelle. Gâlâh a 14 ans et c'est l'âge qu'elle aura pour toujours. Immortelle, dépositaire de la mémoire du peuple juif, elle va ainsi fuir les massacres, de l'Andalousie où elle est née jusqu'à la Pologne, en passant par la Turquie, les Pays-bas ou New-York.


Il faut beaucoup de courage pour arriver au bout de ce pensum indigeste ! Visiblement Gérard de CORTANZE s'est documenté et il n'est pas décidé à laisser perdre le fruit de ses précieuses recherches. Elles sont donc étalées sur 400 pages sans considération pour le pauvre lecteur dupé par un titre et une 4ème de couverture alléchants. Bien sûr, on ne peut nier l'intérêt de montrer la persécution dont a été victime le peuple juif à travers les siècles. Partout ce n'est que massacres, tortures, pogroms, persécutions, exterminations. Difficile dans ces conditions pour la pauvre Gâlâh de trouver un refuge. Où qu'elle soit, les juifs tentent de s'intégrer mais au moindre souci dans la vie de la ville, ils servent de bouc émissaire. A l'origine de tous les mots, ils sont partout et toujours persécutés. Il était sûrement bon de le rappeler et de montrer que la haine et la violence dont ils sont les victimes remontent à la nuit des temps. Mais pourquoi l'avoir fait au détriment du romanesque ? Avec Gâlah, l'auteur tenait un beau personnage de femme qui méritait mieux qu'un seul rôle de témoin de tous les drames qu'elle traverse. Il n'a pas su lui donner corps, la rendre proche. C'est bien dommage, mais cette dénonciation de la barbarie, de l'intolérance, de la noirceur de l'âme humaine pêche par un manque de souffle et une accumulation d'informations. Intéressant mais trop savant.
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Un beau texte, fluide et bien écrit (après le pseudo-chef d'oeuvre que je viens de lire, on voit la différence!).
Tout commence à Grenade en 1066, Ibn Kaprun est le vizir de l'émir, il est puissant, sage et cultivé. Dans une première partie de l'ouvrage nous suivons cet éminent personnage, en coulisse, cachée, comme le sont les femmes de l'époque, sa fille Gâlâh ne fait que de brèves apparitions. Si son père est du côté du pouvoir et de la culture, la toute jeune fille, elle, n'est qu'amour et humanité.
La longue période de lumières d' Al-Andalus vit ses derniers feux. Iblis, un agitateur bouffi de haine et d'obscurantisme pousse la ville au carnage. Gâlah semble être la seule juive sortie indemne du massacre, abominable. C'est que son père lui a offert un talisman, un objet qui va lui permettre de traverser l'espace et le temps avec sa communauté. Arrivée en des temps de paix et de tolérence, cela ne dure jamais longtemps et la belle doit fuir de nouveaux massacres, jusqu'à nos jours.
En dehors des événements historiques qu'il rapporte, ce roman est un aussi un plaidoyé pour la tolérance et témoigne de ce que la communauté juive a enduré depuis la nuit des temps.
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Je crois bien que c'est la première fois que j'attribue la note de 1/5 sur Babelio… J'ai rarement eu autant l'impression de tenir un mauvais livre entre mes mains, et non simplement un ouvrage qui ne me plaisait pas ou auquel je n'étais pas sensible.

Comme l'a souligné une précédente critique, ce « roman » s'apparente en réalité à une succession de fiches Wikipédia. le premier quart de l'ouvrage (la partie la moins mauvaise) se déroule à Grenade en 1066 et, bien que focalisé sur le personnage de l'homme de confiance (juif) de l'émir, de sa fille et de son amant (un poète musulman), il comporte déjà le défaut de ne parler quasiment que du contexte historique, dans un style assez pauvre. Je pensais alors que c'était parce que l'auteur souhaitait contextualiser son récit et que cela allait s'améliorer, mais c'est tout le contraire qui s'est passé !

A travers le prétexte de la « khomsa », qui permet à son héroïne, Gâlâh, de traverser les époques, Gérard de Cortanze ne nous livre pas un roman, encore moins la grande histoire d'amour promise par la quatrième de couverture, mais une sorte de résumé de l'histoire du judaïsme en Europe. Gâlâh, qui n'a d'héroïne que le nom tant elle est plate et sans aucune psychologie ou personnalité, est la témoin de tous les grands événements ayant concerné les Juifs à travers l'histoire, des persécutions en Espagne sous les Rois catholiques aux attentats de Mohamed Merah, en passant par le Portugal du XVIIe siècle, l'affaire Dreyfus ou la guerre en Yougoslavie.

Nous avons donc 450 pages de lecture fastidieuse, composée à 90% d'informations historiques, dans un style qui ne fait que renforcer l'ennui provoqué par le contenu : des données factuelles, un pseudo lyrisme mais sans aucune justesse pour décrire la succession de persécutions dont sont victimes les Juifs pendant mille ans, et surtout une accumulation de listes. Ces listes, qui s'allongent parfois sur plusieurs pages, sont assez insupportables et concernent tout et n'importe quoi, de la liste des produits vendus au marché de Grenade au XIe siècle à celle des attentats antisémites perpétrés dans les années 2000.

Gérard de Cortanze est peut-être un très bon historien, mais être romancier ne s'improvise pas.
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Après un titre et une quatrième de couverture qui promettaient monts et merveilles, et une première partie qui ne manquait pas d'intérêt : la présentation du père de "l'héroïne", Samuel Ibn Kaprun (seul personnage réellement consistant et charismatique), de son parcours d'homme politique devant concilier ses origines juives avec son statut de vizir d'un chef d'état musulman ; le récit nous assomme par le massacre des juifs de Grenade, où l'auteur semble prendre un plaisir sadique, voir franchement obscène, à nous décrire dans les moindres détails les exactions et sévices subis par les juifs durant cette noire journée. Après quoi, il jette le lecteur sur les routes pour le trainer à travers L Histoire et les (oh, combien !) nombreuses persécutions dont sera encore victimes le peuple hébraïque. Non pas qu'il n'y ait pas de quoi en dire, en effet ! Mais ce condensé de haine et de violence sans aucun souffle, ni véritable cohérence (on passe d'un siècle à l'autre sans même le savoir), finit par devenir lourd et indigeste.
Tout ce qu'on peut en retenir c'est : massacre, pogroms, persécutions, obscurantisme.
Et pour incarner le corps et l'âme de ce peuple opprimé : une "héroïne" aussi consistante qu'une feuille de papier vierge. Gâlah n'a pas d'âme, pas de personnalité, pas de caractère. Comment voulez-vous éprouver de la sympathie pour un personnage qui ne transmet aucune émotion ? Et n'est rien d'autre qu'un substitut au lecteur, obligé de subir encore et encore l'éternelle bêtise et méchanceté de son histoire.
Quand à "l'histoire d'amour" entre elle et son jeune poète Halim, elle tient en une ligne : ils se rencontrent, tombent amoureux instantanément, font l'amour, s'enfuient, se cachent, meurent. Et le fait qu'elle soit une juive croyante fervente et pratiquante, lui un poète ouvertement opposé à la politique du père de sa bien-aimée ne pose aucun problème, ni aucune tension. Même Twilight arrive à être plus profond (c'est dire le niveau !). de toute manière, le pseudo-Roméo est vite éliminé et sa perte ne semble pas affecter plus que ça Gâlah. Pour un "Grand roman d'amour entre une jeune fille juive et un poète musulman", c'est tout de même ballot.
Et l'aspect historique, me direz-vous ? La réflexion sur le bien et le mal ? La dualité entre l'individu et la pensée commune ? Nada ! Des massacres et des persécutions on vous dit ! Essayer d'en tirer un enseignement ou au moins un questionnement n'est clairement pas dans les ambitions de l'auteur. Témoin, cette scène où Gâlah est arrêtée et conduite devant un inquisiteur. A cette instant, on espère un dialogue entre la victime et son bourreau, un plaidoyer ou au moins une tentative de défense... Que dalle !!! Sous un prétexte vaseux, "l'héroïne" est relâchée sans que l'inquisiteur est seulement touché à un seul de ses cheveux (hautement improbable du point de vue historique).
Et c'est symptomatique de tout le livre. Tout en harcelant le lecteur avec des images et des récits insoutenables, l'auteur évite soigneusement les questions qui fâchent ou juste un embryon de débat.
Au final, s'il y a une morale à en tirer c'est que : les juifs sont de pauvres brebis tout juste bons à se faire égorger et les musulmans et les chrétiens des barbares sanguinaires qui au moindre prétexte iront les massacrés. Juste navrant.
Amoureux des récits épiques, passez votre chemin.
Si vous êtes désireux d'en savoir plus sur le judaïsme et de la place des juifs à travers l'histoire, ouvrez n'importe quel livre d'histoire (vous serez mieux informez).
Si vous voulez une histoire d'amour qui transcende les peuples et les religions, ne lisez pas ce bouquin.
Enfin, si vous voulez un vrai plaidoyer contre l'obscurantisme et l'intolérance, lisez "le juif Süss" de Lion Feuchtwanger.
N'importe quelle lecture autre que "l'an prochain à Grenade" vous comblera d'avantage.
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Le problème avec les romans historiques, c'est qu'on ne sait plus s'il faut, pour plaire et convaincre, être un historien nourri d'une somme considérable de documents, ou un romancier, en mesure d'éveiller constamment l'intérêt du lecteur par une architecture construite, un sens du rebond, la mise scène de personnages vivants et riches sur le plan psychologique, le sens du décor, de la phrase, etc...
Ici, on ne peut nier que l'auteur a fait une recherche importante (en témoigne le nombre de gens remerciés en fin de livre), a illustré son roman de multiples notations historiques qui auraient pu en faire un arrière-paysage tout à fait intéressant. Maintenant pour ce qui est du tissu narratif, de la construction du roman, de l'évocation des personnages, on reste un peu sur sa faim.
En fait, l'objectif du livre consiste essentiellement à raconter l'histoire du peuple juif, plus précisément des juifs d'Espagne les Séfarades, représentés par l'allégorie de la Mémoire sous les traits de Gâlah. le récit prend par moments des allures d'épopée mystique.

L'histoire se construit à partir d' un thème - prétexte bien classique : l' amour impossible entre une jeune Juive et un musulman. Gâlâh est la fille chérie du puissant Samuel ibn Kaprun, Juif élevé par son roi berbère Abddar al-Fikri au rang de hadjib, en charge de tous les problèmes du royaume, chef de guerre, responsable des finances et de l'ordre public. Un gouvernement à lui tout seul.
Elle s'éprend du jeune musulman Halim.
Nous sommes en 1066, à Grenade. Juifs, Arabes, Berbères, chrétiens vivent dans une relative harmonie. Mais ici se répète la focalisation de tous les maux sur la tête des Juifs, par la parole d'un Agitateur, orateur acharné, Iblis qui dans le Coran désigne Satan. Et c'est le massacre.

Nous allons suivre Gâlah au fil des âges, d'abord accompagnée de son amoureux, Halim, puis seule avec le souvenir de l'être aimé. Grâce à la khomsa (main de Fatma) donnée par son père, de 1066 à nos jours, elle traverse l'Europe, le Moyen-Orient, toujours à la recherche d'un lieu d'accueil pour ses coreligionnaires. Figure mythique et bouleversante, elle vit autant pour défendre son peuple séfarade que sa langue, le ladino, langue morte puisque seulement écrite, et on assiste à un formidable effort de sauvegarde des livres et textes sacrés, au fil des incendies, autodafés et destruction systématique de l'Histoire écrite des Juifs.

« Le ladino de la Bible au fond ne fait rien d'autre que reproduire au plus près la parole de Dieu. Sans les afféteries du beau style ni celles rendues nécessaires pour la communication entre les hommes. »

Quelques points de repère :
1066 : massacre des Juifs de Grenade, tour à tour par les Almohades et Almoravides .
31 juillet1492 ou 9 Av en Hébreu (c-à-d le jour où les Juifs commémorent par un jeûne la destruction des deux temples)  : décret d'expulsion des Juifs en Espagne par les Rois catholiques.
1506 : massacre de Praça de Sao Domingos à Lisbonne : des milliers de juifs et de chrétiens meurent au nom de la limpieza de sangre. le roi Manuel force les Juifs à se convertir (marranes) ou mourir, comme les musulmans en Espagne (mozarabes)
1668 : Marianne d'Autriche, veuve de Felipe IV signe le décret d'expulsion des Juifs d'Oran
1648 : le kabbaliste de Smyrne Sabbatoï Tsevi s'annonce comme le Messie. On attend la fin du monde. Vaste déplacement vers la Palestine
1834 : abolition de la Sainte Inquisition, après 400 ans de massacres et de tortures.
Années 1920 : arrivée en France , pas très massive, de Juifs séfarades et ashkénazes avec deux langues, deux accents, deux cultures : très mal accueillis par les Juifs déjà intégrés.
1938-39 : Franco sauve 367 Juifs de Salonique menacés de mort par Hitler en arguant du fait qu'ils possèdent les clés de leur maison depuis le 12ème siècle et sont donc Espagnols !
Après la guerre : massacre des juifs espagnols à Sarajevo par les Serbes. Dernier groupe parlant encore le ladino, langue juive espagnole, seulement écrite et non parlée, à ne pas confondre avec le judéo-espagnol.
14 décembre 1992 : Juan Carlos abolit le décret d'expulsion des Juifs de 1492.




le plus intéressant de ce roman, outre l'abondance d'informations historiques, consiste en cette réflexion menée par l'auteur sur la relation entre les communautés. Arabes et Berbères sont en opposition, le Juif les réunit contre lui, accusé de tous les péchés,, notamment de tuer des enfants chrétiens pour mélanger leur sang à la terre lors d'ignobles sacrifices.

Face à un monde difficile, avant d'être frères en humanité, ils se dressent les uns contre les autres, chacun s'arc-boutant sur ses convictions et ses connaissances du Livre. L'auteur cite d'ailleurs des passages du Coran qui traduisent une volonté d'ouverture, de tolérance et d'accueil envers ses frères non-musulmans. Il rappelle qu'il n'y a de savoir sans sagesse et qu'à la digestion plus ou moins heureuse des textes sacrés, il vaut mieux préférer un esprit de véritable sagesse. « Science sans conscience n'est que ruine de l'âme », Rabelais redira la même chose cinq siècles plus tard par la voix de Pantagruel.

De Cortanze fait par ailleurs un sort à cette douce chimère de la cohabitation pacifique des religions dans l'Espagne d'avant 1492.

Il manque un glossaire pour expliciter certains mots et expressions, plus particulièrement ceux qui sont écrits en arabe ou en espagnol.

Une vision un plus nuancée aurait été appréciée tant il apparaît que le peuple juif est exclusivement victime et les Musulmans essentiellement coupables.
Au final, un livre très riche, d'une désolante actualité.

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L'an prochain à Grenade propose une accumulation rébarbative de données historiques, incessantes énumérations de dates, de noms, de lieux, et de décomptes de morts, sans doute récoltées au prix de recherches poussées, ( je ne nie pas le travail documentaire préparatoire de l'auteur), mais qui souffrent, selon moi, de ne jamais être mis en perspective ou assimilées au sein de l'intrigue. Ce qui est regrettable, car la démarche littéraire de l'auteur en devient artificielle et dénuée de profondeur. Résultat : davantage qu'un roman, j'ai eu l'impression de lire des pages Wikipédia ou une longue et ennuyeuse prise de notes.

Alors, oui, ce roman est sans doute instructif, mais il laisse le lecteur sur le carreau, incapable de s'émouvoir de ces destinées tragiques, certes, mais narrées de manière trop clinique. Il est d'autant plus difficile de s'attacher aux personnages qu'ils restent souvent en marge des événements, en tant que simples spectateurs des horreurs commises au nom de la religion, toujours dans la fuite, jamais dans l'action.

De plus, l'auteur privilégiant les faits historiques, au détriment des personnages, ceux-ci apparaissent peu travaillés, sorte d'ombres chinoises qui s'agitent derrière l'écran de fumée que se contente d'être l'intrigue du roman, marionnettes érigées en cautions historiques, dont l'auteur tire les ficelles lorsque cela sert son propos ou sa démonstration.

Le style est au diapason et oscille entre descriptions poétiques et écriture factuelle. Combien de phrases qui commencent par Mais, Tandis, Et… ? Trop de coordinations qui, certes, apportent du rythme en favorisant les phrases courtes, mais accentuent cet aspect administratif du texte. Combien de fois, au cours de ma lecture, me suis-je sentie ainsi noyée sous la masse d'informations dispensées ? Quasiment à chaque page. Ce qui entre nous nuit beaucoup au plaisir de lecture. Autant dire que j'ai failli abandonner la lecture de ce pensum à plusieurs reprises.

Bref, l'auteur aurait peut être gagné à vulgariser, quelque peu, son propos. Rare sera le lecteur, je pense, à posséder le bagage théologique nécessaire a la
bonne compréhension du récit.

Á mes yeux, une lecture roborative qui, hélas, tourne vite à l'indigeste.

Lien : http://ladelyrante.wordpress..
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Dans un article récent traduit dans Courrier International, on pouvait lire ces propos d'un journaliste de The Independent au sujet de l'humoriste le moins drôle de France : «Pourtant, en janvier 2014, entendre 5000 personnes brailler de colère à chaque fois qu'ils entendent prononcer le nom d'un Juif est profondément troublant».
 
Gâlâh, l'héroïne de «L'an prochain à Grenade», après son père Samuel Ibn Kaprun, aurait pu ajouter à l'immense liste des persécutions et des anathèmes ces faits trop contemporains. Elle consigne, le plus régulièrement possible, dans son «Livre du Guide», l'histoire de son peuple. Gâlâh, qui traverse l'histoire. Gâlâh, qui fuit cette nuit terrible de 1066, cette Nuit de cristal pendant laquelle son père est tué à Grenade, assassiné. Ce père bien aimé était le bras droit du vizir musulman, mais avant tout, il était Juif. Bouc-émissaire désigné.

Le roman de Gérard de Cortanze m'a beaucoup surprise. Par son ambition, forcément : traiter ainsi mille ans de judéité en aurait effrayé plus d'un. Pourtant, on est pris dans l'engrenage de ces vies renouvelées, ou dans cette vie quasi-éternelle de Gâlâh, ce personnage mystique, mythique. Gâlâh, la Juive errante. Gâlâh, qui traverse les siècles, fuyant l'Espagne, rejoignant Lisbonne, Oran, Istanbul. 

«Gâlâh est une sorte de scribe qui note les secousses sismiques de l'actualité, le mouvement du monde, son déroulement.» (p.371)

Si j'ai été impressionnée par le cours historico-romanesque que nous délivre l'auteur, j'ai été parfois tentée d'interrompre ma lecture : l'histoire de Gâlâh est une histoire terrible, les persécutions succèdent aux pogroms, lesquels sont remplacés par les lynchages. Et Gâlâh est déportée à Treblinka.

Ainsi, je ne sais si c'est ma propre impression de lecture qui a façonné cette idée ou si c'est bien la thèse de l'auteur (je le crains, au vu du destin réservé à son héroïne), mais un certain pessimisme m'a saisie : durant les premières centaines de pages, malgré les crimes inhumains, les ghettos, la haine et l'intolérance, un certain espoir perdure. Notre époque semble bannir cet espoir de voir jamais une paix stable advenir entre les grands monothéismes…

«L'an prochain à Grenade» est un livre de tolérance. On comprend bien que le «Livre du Guide» de Gâlâh est celui de Gérard de Cortanze, qui en faisant voyager dans le temps son lecteur du Portugal aux Etats-Unis en passant par la France veut nous faire sentir cette errance terrible d'un peuple martyr. A lire !
Lien : http://www.vivelaroseetlelil..
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Le massacre des Juifs de Grenade, le 31 décembre 1066 est le point de départ d'une ère d'intolérance religieuse, raciale, politique, qui dure toujours. de Cortanze réinvente le mythe du juif errant, dont il fait une jeune fille de 14 ans. Un millénaire d'histoire jalonné de tueries, où les juifs deviennent de commodes boucs émissaires... Un conte philosophique non dénué d'espoir et d'utopie, aussi.
Lien : http://appuyezsurlatouchelec..
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Une quatrième de couverture qui promettait beaucoup, mais un contenu pesant. L'auteur nous noie sous une masse de données historiques. Gérard de Cortanze signe ici un roman dont le coté "arrogant" nous éloigne des valeurs humanistes qui se veulent au coeur du récit.
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