AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Le roi qui voulait voir la mer (15)

Vous n'y êtes point du tout, messieurs. Je souhaite me rendre en Normandie, sur les bords de la Manche, à Cherbourg.

⁃ En Normandie ?

⁃ Sur les bords de la Manche ?

⁃ À Cherbourg ?

⁃ Quel beau trio de perroquets ! Je sais bien que l’époque est aux singes et aux serins et que nous avons tous lu Les Voyages du Perroquet de la Visitation de Nevers de monsieur Jean-Baptiste Gresset, mais tout de même ! Messieurs, je veux aller au-devant de mon peuple. J'ai le sentiment, désagréable, qu'on ne veut me laisser voir que ma toute-puissance. Qu'on me cache le malheureux état des provinces de l'intérieur, où habite la misère, où l'impôt dévore le pain de tous ces malheureux. Qui, dans mon entourage, a donc si à craindre que quelque homme vrai ose me parler, avec franchise, et me présente les abus et les injustices qu'on perpètre en mon nom ?

⁃ Mais, Sire..., tenta de Coste.

⁃ Taisez-vous ! Tout cela doit cesser ! Un parti hostile nuit à ces retrouvailles, je le sais. Sous prétexte du bien public, il sert avant tout ses passions, ses jalousies et travaille à ses seuls intérêts.
Commenter  J’apprécie          270
On ne renonce pas à la mer, jamais.
Au début, on peut prendre ça pour un jeu, et puis, très vite, la mer et le navire font de vous leur esclave consentant.
- Il arrive un jour où vous croyez les dominer, être leur maître. Mais c'est faux, on ne possède pas la mer, on est possédé par elle.
- Oui, on a toujours à apprendre d'elle. C'est étrange pour un roi qui n'a jamais vu la mer, qui n'est jamais monté sur un bateau, cet univers vous paraît si familier ...
-Je sais. C'est sans doute mon drame et ma richesse. Vous avez la mer, j'ai le peuple de France. J'ai toujours à apprendre de lui.
Je ne le posséderai jamais. Il me possédera toujours ...
Commenter  J’apprécie          261
Observant la mine déconfite des trois hommes, Louis jouit de leur détresse qu'ils avaient tant de peine à cacher. Qu'allaient-ils bien pouvoir lui opposer pour qu'il annule ce voyage ? Les arguments ne se firent pas attendre.

- Il y a quelque chose de très pauvre et de malpropre chez ce peuple du Cotentin. Dans ses vêtements, dans ses chaumières, dans ses manières. Les peuplades qui vivent dans ces régions sont tenues à l'écart de toute civilisation. La dégradation des chemins vicinaux y est telle qu'elle apparaît comme une véritable source de misère. C'est une zone reculée, inhospitalière. Habitée par...

- Des sauvages, Ségaut, c'est cela ? Des nègres d'Afrique ? demanda le roi.
Commenter  J’apprécie          242
La mer était pour lui une chose mystérieuse, profonde, inconnue, un pays de mirages et de fantasmagories, où l'on devait sans aucun doute voir des choses qui ne sont pas, entendre des bruits que l'on ne connaît pas, où l'on devrait trembler sans trop savoir pourquoi Certains prétendent que la mer cache dans son sein d'immenses contrées bleuâtres, où les noyés roulent parmi les grands poissons, au milieu d'étranges forêts et dans des grottes de cristal Il se disait que des drames lugubres racontés par le hurlement des vaguesdevaient sans cesse y éclater
Commenter  J’apprécie          190
_ En Angleterre, la marine est fille du peuple. En France, fille de l'État. En Angleterre, la mer est question de géographie ; en France, question d'histoire.
_ Et alors, de Coste, voilà encore une de vos belles formules, que m'importe !
Commenter  J’apprécie          150
_ Je m’appuie sur une phrase de Louis XIV et en même temps vous expose le désaccord que j’ai avec lui. Cela vous trouble à ce point ? Le singe-peintre du tableau de Jean-Baptiste Deshays est plus intelligent que vous, messieurs ! Un roi est plein de contradictions. Vous devez les accepter. Donc voici mes ordres, destinés à arrêter toutes les dispositions envisagées pour ce voyage, dit Louis en leur tendant la feuille qu’il venait de noircir sous leurs yeux et sur laquelle il avait apposé sa signature.
La missive était d’une clarté redoutable, comme tout ce que Louis écrivait. Une écriture régulière, légèrement inclinée, un style simple, sans effet, disant sans détour ce qu’il avait à dire et qui ne laissait aucune marge à l’interprétation, qui n’est rien d’autre que le possibilité offerte aux divergences de se manifester.
Penchés sur le parchemin, comme de mauvaises fées sur un berceau, les trois passèrent en quelques secondes de l’euphorie à une colère d’autant plus basse et honteuse qu’ils ne pouvaient la laisser éclater.
Commenter  J’apprécie          142
Il n'en pouvait plus de Versailles, de ces eaux croupissantes qui empestaient, de ces fontaines envasées tout l'été, de ce parc infesté de mouches et de moustiques. L'hiver, ce n'était guère mieux, tout en brouillards glacés, en courants d'air sifflant dans toutes les pièces, en hautes cheminées répandant une chaleur d'enfer avant de s'éteindre.
Commenter  J’apprécie          110
- Comment trouvez-vous nos paysans ?
(...)
- Ceux que j'ai rencontrés m'ont dit que jamais ils n'avaient pu accomplir les vœux d'un de nos rois leur souhaitant morceau de lard et poule au pot chaque dimanche. Que, les jours de fête, ils servent de la bouillie de sarrasin. Que, le reste de l'année, ils se nourrissent de pain sec et de lavures. En un mot, ils meurent de faim. Quant à leurs vêtements...
- Leurs vêtements ? Car ces gueux s'habillent ? dit une vieille marquise, la tête chargée d'une perruque "maraîchère " sur laquelle était accrochée une colonie de légumes.
Commenter  J’apprécie          90
Alors que les courtisans sortaient de son bureau, le roi laissa enfin son esprit divaguer comme bon lui semblait. Après quelques minutes de ce que pour rien au monde il n'aurait appelé "méditation ", il lui apparut très clairement que trois choses étaient assurément belles dans la Création : la lumière, l'espace et l'eau. Jamais il n'avouerait à ces trois hommes la raison profonde qui lui faisait tant désirer ce voyage à Cherbourg. Certes, la rencontre avec son peuple, dont il avait été coupé depuis l'enfance, était un élément décisif dans sa décision, mais plus encore son désir de voir la, mer où, il en était sûr, la lumière vient se fondre à l'espace et à l'eau.
Commenter  J’apprécie          90
- Il y a quelque chose de très pauvre et de malpropre chez ce peuple du Cotentin. Dans ses vêtements, dans ses chaumières, dans ses manières. Les peuplades qui vivent dans ces régions sont tenues à l'écart de toute civilisation. La dégradation des chemins vicinaux y est telle qu'elle apparaît comme une véritable source de misère. C'est une zone reculée, inhospitalière. Habitée par...
- Des sauvages, Ségaut, c'est cela ? Des nègres d'Afrique ? demanda le roi.
- En quelque sorte.
Commenter  J’apprécie          60






    Lecteurs (150) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Quelle guerre ?

    Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

    la guerre hispano américaine
    la guerre d'indépendance américaine
    la guerre de sécession
    la guerre des pâtissiers

    12 questions
    3169 lecteurs ont répondu
    Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

    {* *}