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EAN : 9782226439765
384 pages
Albin Michel (02/01/2020)
3.42/5   18 notes
Résumé :
Emigrée à San Francisco à l'âge de 17 ans, Tina Modotti y devient très vite une actrice de théâtre et une vedette du cinéma muet. Éprise d'Edward Weston, le célèbre photographe américain, elle part vivre à México où elle intègre les milieux intellectuels d'avant-garde. Devenue à son tour photographe, elle voit son nouvel amant, le révolutionnaire cubain Julio Antonio Mella, assassiné sous ses yeux, ce qui décide de son engagement dans la lutte politique. Commence al... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (8) Voir plus Ajouter une critique
Troisième roman de Gérard de Cortanze que je lis. Après Laisse tomber les filles roman assez léger, j'ai eu le très grand plaisir de découvrir Femme qui court (Prix Historia 2019) qui retrace l'épopée de Violette Morris. Et voilà que je découvre à ma médiathèque favorite son dernier roman Moi, Tina Modotti, heureuse parce que libre, qui comme le titre l'indique, va suivre, cette fois la vie de Tina Modotti, que, grande lacune de ma part, j'avoue ne pas connaître.
Le livre débute en 1896 par un mini résumé de la situation un peu partout dans le monde, pour arriver en Italie, à Rome, au Frioul, faire escale à Udine, ville située au coeur de cette région et s'arrêter enfin au numéro 113 de la via Pracchiuso, où le 17 août 1896, une femme accouche. le bébé est le troisième enfant de Assunta et Giuseppe Modotti. Il s'agit d'une fille prénommée Assunta Adelaïde Luigia, vite surnommée Tina. La mère est couturière et le père, mécanicien, fait partie des 10 à 15 000 activistes qui répandent la théorie marxiste.
Des raisons économiques et politiques poussent la famille à partir et à s'installer à Klagenfurt, Tina est à peine âgée de deux ans. Ils y resteront jusqu'en 1905 puis la vie en Carinthie devenant de plus en plus difficile, plutôt que de souffrir loin de leur patrie, ils rentreront à Udine. Mais Giuseppe pense comme beaucoup d'autres que la solution ultime pour échapper à la misère est le départ aux Amériques, d'autant qu'il est surveillé de près par la police, eu égard à ses activités politiques.
Il décide donc de partir rejoindre son frère Francesco aux Stati Uniti, le 19 juin 1905. Ce n'est pas une fuite mais un projet. Il partira et fera venir le reste de sa famille dès qu'il aura pu réunir la somme nécessaire au voyage. En 1911, Mercedes, l'aînée sera la première à le rejoindre. Tina se retrouvera en quelque sorte soutien de famille. Elle doit quitter l'école et s'engager dans des ateliers de filatures et travailler douze heures par jour. "Cette lutte incessante contre la pauvreté va la marquer à jamais." Petite lueur d'espoir avec l'oncle Pietro, photographe réputé, qui lui apprend les rudiments du métier. C'est avec lui "qu'elle vit ses premiers contacts avec cet art si particulier." mais cela ne suffit pas au bonheur et à l'équilibre de Tina, épuisée par le travail. Elle décide, un matin de 1913, d'embarquer pour Gènes avec pour destination finale : l'Amérique.
Après une traversée infernale de deux semaines, jusqu'à New York, un voyage de huit jours en train la conduira à San Francisco où l'attendent son père et sa soeur Mercedes. Elle trouve rapidement un emploi de couturière puis de mannequin. D'une beauté légendaire, elle devient une vedette du cinéma muet puis photographe. "Tina vécut pleinement ses turbulentes années de jeunesse avec fougue et liberté." Elle devient amante du photographe Edward Weston qui la fera poser pour lui (À noter le détail d'une de ces photos, magnifique, imprimé sur le bandeau du livre : l'iris blanc).
Elle voyage, se rend au Mexique, côtoie de nombreux intellectuels et artistes dont Diego Riviera, Frida Kahlo et tombe amoureuse de Julio Antonio Mella, révolutionnaire cubain en exil, avec qui elle vivra quelques mois intenses et dont l'assassinat bouleversera sa vie. Elle deviendra alors une militante révolutionnaire à part entière. Expulsée du Mexique, elle se rendra à Berlin, Moscou, Paris, en Espagne...
J'ai été complètement époustouflée par la vie intense de cette femme inclassable, tellement forte et talentueuse, qui s'est cherchée sa vie durant et qui a connu à la fois les montées en puissance du communisme et du fascisme, fascisme qu'elle a combattu toute sa vie. Elle a par ailleurs, toujours défendu sa propre liberté et celle d'exercer son art. J'ai vraiment été fascinée par cette forte personnalité, toujours en recherche d'esthétisme et qui n'a jamais dissocié la politique de la photographie.
Gérard de Cortanze, dans ce livre formidablement documenté où les éléments de la vie de Tina font très souvent référence à des lettres ou à des citations de ses contemporains met en lumière, une fois encore une femme d'exception !
Tous les titres de chapitre sont extraits de lettres écrites ou de propos tenus par Tina Modotti, pour exemple, les deux premiers :
1 - J'aime me balancer du haut du ciel.
2 - Je sens qu'il doit exister quelque chose pour moi, mais je ne l'ai pas encore trouvé.
J'ai lu ce roman avec une grande curiosité, tant il retrace une vie trépidante, hors du commun et menée à une allure plus que soutenue.

À noter qu'une minisérie télévisée de six épisodes sur la vie de Tina Modotti est en développement, avec Monica Bellucci dans le rôle principal et que quatre pièces de théâtre sont également en préparation.

Lien : http://notre-jardin-des-livr..
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En ouvrant ce livre, je ne connaissais ni l'auteur, ni le personnage principal, tout juste aperçu dans Rien n'est noir – autant vous dire que je ne savais pas à quoi m'attendre. Et là, je me suis retrouvée dans le tourbillon d'une vie incroyable, dans les pas d'une femme admirablement forte et talentueuse, emportée par une plume d'une exactitude infinie, exprimant avec un souci de véracité méticuleux chaque détail historique à considérer. Nuancé, dense, poétique, ce récit ne pouvait que me plaire – et ça n'a pas raté.

J'ai été époustouflée par les « sept vies » de Tina Modotti, tour à tour couturière, actrice, photographe, bureaucrate, révolutionnaire, espionne infiltrée, qui a dédié sa vie à la lutte contre le fascisme sous toutes ses formes, tout en défendant au passage sa propre liberté et son droit d'exercer son art. Ayant traversé les époques, l'existence de Tina Modotti a été marquée par tous les tournants politiques du XXème siècle, notamment les montées en puissances successives du communisme et du fascisme. Toute sa vie, et ce malgré son engagement incommensurable dans une cause qui la dépassait, Tina Modotti s'est cherchée, à tel point que sa personnalité semble changer avec chaque homme qu'elle fréquente et chaque pays qu'elle habite.

Si j'ai eu quelques difficultés à entrer dans le récit au début à cause du style très documentaire employé par l'auteur, une fois habituée aux multiples références et citations dans le texte, j'ai été incapable de reposer ce livre. Ce qui constitue une petite barrière à l'entrée s'avère finalement être l'un de ses énormes points forts : grâce aux nombreuses références citées, le récit gagne en véracité et en profondeur, l'auteur invitant notre sens critique à s'associer à notre lecture pour déterminer ce que nous voulons, ou pas, croire, des témoignages des contemporains. Ça donne finalement une vision très riche du personnage principal, cette Tina Modotti pleine de complexité et de relief, qui, bien qu'elle ait existé, excite encore notre imaginaire.
Lien : https://theunamedbookshelf.c..
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Voilà une biographie classique, celle d'une femme non « classique » : Tina Mondotti italienne née au début du XXe siècle, émigra aux États-Unis, devint successivement actrice de théâtre et du cinéma muet, photographe célèbre puis militante révolutionnaire. Nous suivons cette femme aux multiples amours de son Italie natale à San Francisco, puis au Mexique où elle fréquenta les milieux artistiques et intellectuels, à Berlin, Moscou, Paris et l'Espagne en guerre.
La biographie est très factuelle, c'est un peu la règle, et manquerait de souffle si Tina Mondotti n'en était l'objet : elle apporte toute sa flamme à un livre qui manque un peu de style.
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Je ne connaissais pas Tina Modotti, et je suis bien heureuse de l'avoir découverte au travers de ce livre.
Quelle vie! Quelle femme forte!

J'aime la comparaison de l'auteur avec la vie d'un chat, celle de Tina Modotti y ressemble. Chaque page de sa vie se tourne pour s'ouvrir sur une nouvelle et différente page, elle aura vécu 7 vies en une, et ferait un excellent personnage de roman si on ne savait pas qu'elle a réellement vécu!

Tina est italienne de naissance, née en 1846 dans le Frioul au sein d'une famille pauvre. Elle rejoint à 17 ans son père parti tenter sa chance en Amérique.
Après avoir travaillé dans le textile, fait le mannequin pour les grands magasins, comédienne de théatre et actrice... elle trouve au Mexique son pays de coeur, et va y développer sa passion pour la photographie.
Alors qu'elle devient célèbre, elle fait grandir également son engagement politique communiste (notamment en côtoyant Diego rivera et Frida Kahlo).
Après l'assassinat de son compagnon cubain en pleine rue, elle doit s'exiler en Allemagne, à Berlin, qu'elle devra fuir peu après lors de la montée du fasciste dans les années 1930.
Après avoir servi le gouvernement soviétique Russe, à Moscou, effectué des missions notamment en Espagne lors de la guerre franquiste, elle retournera dans son pays de coeur, le Mexique, pour y finir sa vie.

Cette grande dame n'est pas connue aujourd'hui, et c'est bien dommage.

Le seul regret que j'ai, c'est qu'il aurait été super d'avoir une reproduction dans le livre des photographies de Tina ou bien d'Edward Weston, son complice de toujours. Les photos sont décrites, mais les avoir en image aurait enrichi le livre d'une manière formidable.
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Inculte en photographie je n'avais jamais entendu parler de Tina, tout juste d'Edward Weston.
L'occasion était là d'en savoir un peu plus mais je n'ai pas été convaincue et ai abandonné après 1/3 de lecture.
Première déception, la photo du bandeau, oeuvre d'Edward Weston: une photographie prise par Tina aurait davantage servi sa notoriété; j'ai dû chercher sur la toile ses clichés à elle. J'avais compris que c'était elle a l'honneur, pas un de ses amants.
Du tiers que j'ai lu elle serait heureuse et libre parce qu'elle mène comme elle l'entend sa vie sentimentale, dans une sphère intellectuelle et bohème; à part le nom de ses amants, très peu d'informations sur son travail, en tant qu'actrice ou photographe. le nom de ses amants aussi prestigieux soient ils m'importe moins que ses qualités artistiques et le cheminement de sa pensée.
Enfin les noms d'amis, de connaissances, d'artistes et de personnalités politiques se succèdent, mais je n'ai pas le bagage suffisant sur l'époque et le lieu pour suivre, et j'ai décroché.

Connaissant aujourd'hui son existence je me documenterai via des moyens plus accessibles pour moi, le travail d'archiviste de G. de Cortanze nécessitant une érudition que je n'ai pas.
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Citations et extraits (13) Voir plus Ajouter une citation
L'artisanat textile avait fait la réputation du Frioul à l'époque de la République de Venise. Partout on travaillait le lin, la laine, la soie surtout. À l'aube du XXe siècle, c'est toujours la première activité frioulane : elle emploie 44 % de la main-d’œuvre. Une grande usine textile est installée dans les faubourgs d'Udine : les filatures Domenico Raiser et Fils. Tina s'y présente, elle est engagée Elle a un peu plus de dix ans... L'âge idéal ! Dans les ateliers de filature, l'agilité, la souplesse, la petite taille des enfants sont particulièrement appréciées : ils peuvent attacher les fils brisés sous les métiers à tisser en marche, nettoyer les bobines encrassées, ramasser les fils de coton. Autant de tâches harassantes, mal payées ; elle sera rouetteuse, encaneuse, moulinière, dévideuse, ourdisseuse... C'est la seule à rapporter un salaire à la maison susceptible de nourrir sa mère et ses quatre frères et sœurs. Cette lutte incessante contre la pauvreté va la marquer à jamais.
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Lorsque Maria revient de temps à autre à Madrid, c'est que le voyage est nécessaire, comme ce 1er mai 1936, où elle organise avec Mathilde, le formidable défilé. Quel espoir ! Quel triomphe ! Le parti communiste espagnol et le Secours rouge international peuvent enfin travailler main dans la main à visage découvert. Les rues de Madrid sont noires de monde. Comme ce défilé lui en rappelle d'autres ! Mais cette fois, c'est le premier qui fête une victoire, qui ne revendique pas, ne plastronne pas. Ces hommes et ces femmes qui défilent ont lutté toute leur vie pour voir cette joie immense, populaire, déferler tel un fleuve profond tout au long de la Gran Via.
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( En Amérique ) la société change, elle aussi très vite. Notamment en cette année 1920 qui voit la ratification de l'Amendement de la Prohibition qui met l'alcool hors la loi. Mais aussi par la place de plus en plus importante prise par le pouvoir combiné de l'Église catholique, des clubs féminins et des groupes de "réformateurs" qui peuvent déclencher, du jour au lendemain, un boycott puritain, capable de paralyser l'industrie cinématographique s'ils le jugent nécessaire.
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Elle (Tina Modotti) me regarda de ses grands yeux tristes, inoubliables, et me dit que pour elle il n'y avait qu'une cause pour laquelle il valait la peine de se battre : la lutte contre le fascisme. Elle ajouta qu'à ses yeux, il ne s'agissait pas d'une question théorique, mais que son engagement lui venait de tout ce qu'elle avait souffert à cause de ce même fascisme. Et que ne pouvant lutter contre lui, en Italie, son pays, il ne lui restait comme dernière tranchée où combattre que l'Espagne.
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Quand Tina monte dans le train en gare de Friedrichstrasse, en ce début d'octobre 1930, sous la protection de Vittorio, la situation en Allemagne s'est terriblement dégradée en quelques mois. De la misère galopante aux prétentions nazies de plus en plus agressives, la terreur brune est en marche.
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Videos de Gérard de Cortanze (31) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Gérard de Cortanze
Tina Modotti, photographe et militante politique italienne, a marqué l'histoire de la photographie par son engagement politique d'extrême gauche. Soucieuse des classes laborieuses et défenseuse des idées révolutionnaires et marxistes, elle a photographié toute une histoire économique, des paysans mexicains aux manifestations du 1er mai.
En quoi les photographies de Tina Modotti dénoncent-elles les conditions de vie des défavorisés et les inégalités sociales et économiques dans le Mexique du début du XXe siècle ?
Pour parler de ses travaux, Tiphaine de Rocquigny reçoit : Gérard de Cortanze, essayiste, traducteur et critique littéraire Eugénia Palieraki, maîtresse de conférences en histoire et civilisation de l'Amérique latine à Cergy Paris Université.
#photographie #mexique #economie -----------------------------------------------------
Découvrez les précédentes émissions ici https://www.youtube.com/playlist?list=PLKpTasoeXDrqogc4cP5KsCHIFIryY2f1h ou sur le site https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/entendez-vous-l-eco
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