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EAN : 9782262017644
365 pages
Perrin (12/04/2001)
4.09/5   11 notes
Résumé :
Elles étaient huit.
Nées entre 1727 et 1737, Mesdames de France, filles de Louis XV et Marie Leczinska, furent les témoins privilégiés des quarante dernières années de la royauté et de la magnificence de Versailles (du moins six d'entre elles, l'une étant morte à sept mois, une autre à huit ans). A Versailles, puis à Meudon, elles sont les enfants les plus courtisées du royaume avant que le cardinal de Fleury n'en expédie quatre, par souci d'économie et de bo... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Voilà une biographie qui s'attache aux filles de Louis XV, dont on ne sait pas grand-chose à part qu'elles sont toutes, sauf une, restées vieilles filles.

Grâce à cet ouvrage on en apprend un peu plus sur elles mais aussi sur les événements qui ont jalonné leur longue existence.

Acides et bourrées de principes et de préjugés, elles ont eu parfois beaucoup de lucidité sur les événements, ce qui tranche avec toutes les fois où leurs préjugés les ont aveuglées.

Pour la plupart discrètes et effacées, l'histoire n'a finalement retenue réellement que l'existence de Mme Adélaïde, la plus vindicative, de Mme infante (la seule à s'être mariée), de Mme Louise qui a voué sa vie à Dieu et enfin de Mme Henriette, célèbre plus pour sa mort prématurée qui a fortement affecté son père le roi que pour ses actes.

4 filles dont on a plus ou moins retenu les noms, alors que le couple royal a mis au monde 8 princesses.

J'ai trouvé ce livre très intéressant même si j'ai deux petits reproches à lui faire. le premier est la longueur des chapitres. Parfois 40 pages, avec peu d'aération dans le texte, pas de dialogue, c'est un peu lourd et c'est parfois difficile d'interrompre sa lecture car on a toujours l'impression d'être au milieu de quelque chose d'indivision.

Le second reproche est une certaine partialité de l'auteur. Il laisse échapper quelques remarques comme autant de jugements de valeur sur ce que les uns ou les autres auraient réellement pensés malgré leur paroles ou leurs actes (et bien sur cela va toujours en la défaveur des accusés).

Son opinion des uns et des autres, et surtout de Marie-Antoinette, qu'il accuse à mots à peine couverts d'avoir trahi la France au profit de l'Autriche, semble bien arrêtée, au point qu'on se demande parfois s'il a prit le moindre plaisir à se plonger dans l'histoire de ces personnages, pour qui il donne l'impression de ne ressentir que du mépris.

J'aurais aimé qu'il garde ses opinions personnelles pour lui.

Il y a quelques coquilles comme par exemple la mention de l'exécution de Louis XVI au 12 janvier (le roi a été assassiné le 21 janvier), mais rien de très grave pour qui connaît un minimum l'histoire de France.

Malgré ces quelques défauts, c'est un livre très intéressant que je suis contente d'avoir enfin trouvé et lu.
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Il m'est, pour une fois, impossible de reproduire ici la critique que j'ai faite sur cet excellent livre. Je ne puis donc qu'inciter mes lectrices et lecteurs à se rendre à l'adresse ci-dessous, sur mon forum Nota Bene :

http://notabene.forumactif.com/histoire-biographies-documents-f10/

Merci à celles et à ceux qui prendront cette peine. ;o)
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Citations et extraits (90) Voir plus Ajouter une citation
Passent les jours, passent les semaines, passent les mois et les années. Sous le regard complice de sa sœur Sophie, la même Madame Louise entreprenait tout ce qui était en son pouvoir pour tenter de corriger une nature qui continuait parfois d’être rebelle exagérément. L’abbé Proyart en trace le portrait suivant : « Ce qui caractérisa la jeune Louise dès sa première enfance, ce fut un principe de vivacité extraordinaire, qui se manifestait dans tout son extérieur. Bientôt on découvrit en elle un esprit pénétrant, beaucoup de discernement et une prudence qu’on admira souvent. Elle saisissait parfaitement le caractère des personnes qu’elle voyait ; et leurs ridicules, s’ils en avaient, ne lui échappaient pas. Elle aurait même eu quelque penchant à la causticité ; mais, dès qu’on lui eût fait connaître qu’on ne pouvait pas, surtout dans un rang élevé, se jouer avec cette arme sans blesser cruellement ceux qui en étaient atteints, elle ne se permit plus que des plaisanteries innocentes. »

« L’apparence du mensonge lui faisait horreur, témoigne encore l’abbé. Si elle faisait une faute, elle l’avouait sans détour : il ne lui venait pas même la pensée d’employer le déguisement. Son goût pour le vrai était si décidé, que ces romans innocents, imaginés pour fixer par le merveilleux l’imagination de l’enfance, cessaient de l’amuser et de lui plaire, dès qu’elle savait qu’ils ne contenaient que des fictions. “ Ne me racontez jamais que des histoires vraies, disait-elle à sa gouvernante ; ou bien, quand ce ne seront que des fables, avertissez-moi en commençant. ” Elle croyait tout ce qu’on lui disait, et n’imaginait pas même qu’on pût jamais chercher à la tromper... Elle disait que ceux qui mentent aux enfants lui paraissaient plus coupables encore que ceux qui le font à des personnes moins crédules. »

La peur du tonnerre — dont elle ne parviendrait jamais à se guérir — la plongeait dans un état de véritable désespoir. Les religieuses, dans la sincérité et la simplicité de leur foi, trouvèrent l’occasion d’en tirer un parti avantageux. Comme l’enfant demandait un jour d’orage :

— Est-ce que Dieu a fait aussi ce tonnerre qui me fait tant de peur ?

On lui répondit :

— Oui, Madame, Dieu tonne au-dessus de la tête des pécheurs par bonté pour eux, et pour les avertir de revenir à lui, s’ils ne veulent pas être écrasés par ses foudres. Plus on a la conscience en mauvais état, plus on doit avoir peur du tonnerre ; mais quand on aime Dieu de tout son cœur, on ne doit pas le craindre, parce que Dieu ne fait pas de mal à ses amis.

Mais des leçons si exemplaires ne mettaient que fort médiocrement la jeune princesse à l’abri de cette terreur invincible, totale. Elle s’interrogea : sa conscience était donc si noire ? Parmi son entourage, on jugea prudent d’en rabattre ; on distingua alors deux sortes de peurs causées par le tonnerre, « l’une involontaire, suite naturelle de la délicatesse de nos organes ; l’autre réfléchie et fondée sur le mauvais état de la conscience, joint à la possibilité d’être frappé de la foudre dans cet état ». L’enfant approuva du chef, rassurée, mais dès le premier orage venu, elle se terrait de nouveau au fond de son lit, les doigts enfoncés dans les oreilles. Pas le temps d’analyser de quelle sorte de peur elle était victime. C’était effrayant, voilà tout. C’était épouvantable !

Chapitre 3
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Insensiblement, mais irrémissiblement, ce poison maternel corrompait, gâtait le sang des enfants royaux. Inaptes à s’en prémunir, ils inhalaient à pleins poumons cette atmosphère viciée, rendue d’autant plus dense qu’ils continuaient de vivre et de grandir en vase hermétiquement clos. Si le monde physique dans lequel ils évoluaient ne dépassait guère le cadre du château et du parc de Versailles, l’univers moral où ils s’épanouissaient restait tout entier circonscrit à l’intérieur de l’étroit, de l’étouffant périmètre familial. Là, le dauphin régnait en demi-dieu, et ses sœurs apparaissaient comme les modestes satellites de cet astre aveuglant. Lui, le seul mâle de la descendance royale, d’autant plus sacré que la nature l’avait voulu unique, étendait, déployait son ombre sur tout ce qui l’entourait, tyran miniature et poudré, environné, cerné qu’il était de toute une cour de flatteurs invétérés rompus à tourner joliment la plus banale anecdote dont il devenait le héros. Laissait-il tomber un mot, si anodin fût-il, on se le répétait à l’envi, et les thuriféraires n’étaient jamais en peine d’y découvrir quelque chose d’admirable qu’on montrait en exemple à tout venant. Ses moindres paroles étaient des oracles, ses faits et gestes parlaient immédiatement à la postérité et statufiaient l’enfant sur un imaginaire piédestal qui l’isolait du reste des vivants. Qu’elles s’en défendissent ou non, ses sœurs se trouvaient mises en demeure, comme quiconque, de partager et d’alimenter cette adoration dont l’excès même leur laissait entrevoir par contrecoup le néant de leur propre position. A quoi d’ailleurs pouvaient-elles prétendre, sans ce frère ? N’étaient-elles point, elles, des princesses parfaitement interchangeables, dont le grand nombre précisément soulignait davantage le caractère unique du prince, et le faisait apparaître plus précieux encore, plus vénérable, plus irremplaçable ? D’un côté ce garçon, gros et gras, descendant direct de Saint Louis, dépositaire de toute la tradition monarchique, de l’autre côté cet escadron de jupes et de jupons où la mort avait déjà puisé, où elle pouvait continuer de le faire en toute impunité sans que la face du monde en fût changée. Ici, une vie lourde du poids de l’avenir de la France, là d’autres vies qui ne pesaient rien, impalpables et quasiment inexistantes.

Chapitre 4
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Dès 1742, nous voyons apparaître auprès de Mesdames un personnage que nous avons croisé furtivement à Fontevrault : le sieur Jean-Marc Nattier. C’était un brave homme de peintre, ayant le talent facile et le cœur sur la main ; au service des princesses, il gagnerait bientôt une enviable renommée, et ce n’était que justice car son pinceau connaissait le miracle de tout embellir, lui dont la technique était toute de joliesse, un peu mièvre sans doute, mais charmante. Nattier excellant dans cet exercice, la noble société s’en était emparé et l’artiste, accablé de commandes, passait déjà pour l’un des maîtres les plus savants de son temps. Mais, assurément, la grande chance de sa vie date de sa première rencontre avec Mesdames. Il eut le bonheur de la saisir comme elle se présentait, et, bientôt, il put s’enorgueillir du titre quasi officiel de peintre des filles de Louis XV. Des années durant, il les représentera dans toutes les attitudes : nous les verrons enfants, puis jeunes filles, puis jeunes femmes, elles se montreront à nous en toute simplicité ou portant les attributs factices de quelque déesse de la mythologie, et aujourd’hui encore c’est à Versailles que ces mortes respirent, le regard arrêté sur nous, souriant à l’on ne sait quoi de doux et de mélancolique, jolies sans être belles, sérieuses sans être graves, silencieuses sans être muettes. Et si Jean-Marc Nattier a commis, sans doute, en sa vie, beaucoup d’œuvres médiocres, il a, du moins, en peignant Mesdames, réussi quelques rares chefs-d’œuvre. Grâce à lui, l’image des Filles de France qui firent si peu de bruit sur la terre survit à tout un monde. Revanches posthumes de ces princesses diaphanes à qui l’existence n’avait guère laissé espérer de place dans la postérité.

Chapitre 4
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Un nouveau cataclysme, bien plus dévastateur que tout ce qu’elles avaient subi jusqu’à présent, venait d’ébranler la conscience des princesses. Certes, on n’avait pas manqué d’attenter à leur rang, à leur sécurité, à leur dignité, on s’était appliqué à fouler systématiquement aux pieds toutes les pauvres valeurs auxquelles elles s’accrochaient encore, mais du moins, à ce carnage, elles eussent pu trouver la force de survivre. Cependant, lorsque la Révolution décida de porter atteinte au seul domaine sur lequel elles ne pouvaient souffrir de transiger — la question religieuse —, Mesdames sentirent cette fois qu’il ne leur restait d’autre parti à prendre que celui de quitter un pays ayant tout uniment déclaré la guerre à Dieu et à ses prêtres. Le jour où le roi s’était trouvé acculé à sanctionner le décret sur la constitution civile du clergé, en juillet 1790, supprimant les ordres religieux et nationalisant les biens d’Eglise, quelque chose d’essentiel, de considérable, s’était brisé dans l’âme des deux vieilles filles. Et voici qu’en cette mi-janvier 1791, on ajoutait au blasphème en exigeant des prêtres le serment constitutionnel, cette mesure qui, bientôt, déchirerait le clergé en « jureurs » et en « réfractaires », et perpétuerait le schisme jusqu’au concordat de 1801.
A cela, Mesdames ne pouvaient consentir. A leurs yeux, la Révolution, en perpétrant ce qui avait toute l’apparence d’un attentat contre la foi, devenait véritablement « diabolique »

Chapitre 10
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Lorsque la cérémonie fut terminée, Marie Leczinska et ses filles manifestèrent le désir de visiter le couvent de Grenelle. A cette occasion, Madame Louise harcela la sous-prieure de tant de questions sur la vie des carmélites que la religieuse ne manqua pas de lui faire remarquer :

— On croirait vraiment que Madame songe à devenir fille de sainte Thérèse.

— Et pourquoi pas, répondit la princesse, puisque les filles de sainte Thérèse sont si heureuses ?

Cependant, la prise d’habit de Mme de Rupelmonde avait impressionné plus vivement encore peut-être Madame Adélaïde, toujours prompte, nous la connaissons, à s’enthousiasmer au premier sentiment un peu fort. Sans réfléchir davantage, « elle alla avec vivacité demander au Roi la permission de se faire carmélite ; le Roi lui dit qu’il fallait attendre qu’elle eût vingt-cinq ans ou qu’elle fût veuve ». Cette vocation soudaine, on s’en doute, ne fut qu’un feu de paille. Madame Louise, en revanche, se garda bien de manifester ses sentiments d’une manière aussi véhémente. Elle eût été en peine, du reste, d’expliquer par des mots ce qu’elle venait d’éprouver. Mais l’empreinte demeurait en elle, profonde, secrète, ineffable. Sans qu’elle s’en doutât encore, son existence venait tout à coup de basculer. Tranquillement, sereinement, elle abordait un nouvel univers, poussée vers ces parages par elle ne savait quel vent qui l’enveloppait tout entière.

Chapitre 6
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