Si
Cronopes et Fameux n'est pas le plus ambitieux des ouvrages de
Julio Cortázar; en revanche c'est une oeuvre très aboutie, écrite au début des années soixante, composée de courts textes servis par un style épuré et dénué d'emphase, tous révélateurs, sur un ton pourtant burlesque et sans aucun dogmatisme, de l'inquiétude de l'auteur face aux préjugés de la classe bourgeoise et aux règles oppressives de la société capitaliste (
Cortázar se rend la même année à Cuba pour soutenir la révolution castriste).
L'ouvrage est organisé selon quatre temps : Manuel d'instructions, Occupations bizarres, Matière plastique, et celle qui donne son titre à l'ouvrage :
Cronopes et Fameux, galerie d'êtres singuliers archétypaux, évoluant sans temps ni espace. Leurs comportements et leurs caractères sont des allégories d'êtres humains socialement typés, et dont l'essence est pour chacun déterminée de façon sartrienne par leur conduite.
Plus qu'une compilation de brefs récits, le livre est un tableau très original d'emblèmes, d'estampes et de vignettes placés sous le signe du surréalisme le plus ludique, jusqu'à l'absurde, accompagnés d'un langage anti-littéraire savamment léger. La forme expressive, avec son staccato de rapides métaphores, s'inspire des greguerías de Ramón Gómez de la Serna.
Outre le goût de
Cortázar pour les jeux littéraires, le livre
Cronopes et Fameux révèle de cet écrivain, exilé depuis les années 50, l'expression métaphorique du sentiment d'étrangeté propre aux déracinés.
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