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L'alourdissement de l'effort de guerre
L'établissement de l'annone militaire
L'ensemble de ces efforts d'adaptation de l'appareil militaire, le développement de la cavalerie tout autant que la construction de fortifications, avaient un coût, qui pesa lourdement sur la monnaie et les finances de l'Empire. Or, les guerres défensives s'avéraient plus coûteuses en hommes et en argent dans la mesure où elles ne rapportaient guère de butin.
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Les anciens avaient sagement établi que la moitié des donatiua qu'on fait aux troupes fût mise en dépôt aux enseignes, de craintes que les soldats ne dissipassent tout par la débauche et les folles dépenses. La plupart des hommes, surtout les pauvres, dépensent à mesure qu'ils reçoivent ; et c'est faire le bien des soldats que de leur mettre cet argent en séquestre. Entretenus aux dépens de l'État, ils se font peu à peu de la moitié des donatiua un fonds pour leurs besoins ; ils les défendent avec plus d'ardeur, animés qu'ils sont par ce penchant du cœur humain, qui nous rend si soigneux de ce qui nous fait vivre. Les donatiua étaient partagés en dix bourses, une par cohorte : toute la légion mettait encore dans une onzième pour la sépulture commune ; et si un soldat venait à mourir, on en tirait de quoi faire ses funérailles.
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Cette retenue servait probablement de caution car les soldats n'étaient pas propriétaires de leurs armes : ils devaient au contraire les restituer en fin de service. D'ailleurs, on a pu relever les noms de trois, quatre, voire cinq usager successifs gravés sur des casques, des épées et d'autres pièces d'équipement militaire. Comme les seposita et les deposita, la caution versée en échange des armes était remise aux signiferi, d'après le même papyrus du Fayoum. À sa libération, Dionysius put ainsi récupérer la somme de trois cent trois deniers qu'il avait déposé en rendant son équipement.
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