L'annonce de ma mort est très exagérée

"Ne prenez pas la vie au sérieux ; de toute façon, vous n'en sortirez pas vivant.” Attribuée à Bernard Fontenelle, cette citation pourrait bien s'appliquer à Denis Cosnard, qui nous narre l'histoire des avis de décès, à travers l'histoire, mais aussi à travers la littérature. Si certains se désintéressent de ce qui peut se passer après leur mort et laissent l'annonce aux proches, d'autres préfèrent régler tous les détails bien à l'avance, choisissant le texte et la distribution : ce n'est pas tous les jours qu'on a le premier rôle dans un drame !

On se sent toujours un peu plus en vie après avoir lu un avis de décès. Enfin, encore faut-il que celui-ci soit réussi !

Heureusement, pour ne pas se planter au moment fatidique, il y a ce petit livre aussi drôle qu'intelligent. Car si, comme chacun sait, rien ne vaut de tourner en dérision la mort afin de la mettre à distance, la grande faucheuse finit toujours par l'emporter.

En quelques pages, l'auteur analyse avec finesse, tendresse, humour et brio l'histoire des avis de décès, un genre de littérature bien particulier, qui se doit, néanmoins, de cocher toutes les cases pour être réussi… il ne faudrait pas - par exemple - oublier de préciser la date, l'heure et le lieu de la cérémonie d'adieu.

Journaliste au Monde et auteur de plusieurs ouvrages (dont le génialissime « dans la peau de Patrick Modiano » !), Denis Cosnard rend hommage à ces petits encarts que l'on survole à la fin du journal et qui, pourtant, sont porteurs de tout un symbole et de toute une histoire de vie. Véritable traité sociologique de la mort, ce petit recueil vous fera sourire autant qu'il vous serrera le coeur.

La vie est une valse à trois temps et c'est dans ces faire-parts qu'elle mène sa dernière danse.

Subtile macabrerie, "L'annonce de ma mort..." explore l'art et la manière du faire-part de décès avec une réjouissante alacrité. Denis Cosnard, pétillant d'une verve funéraire, y dresse l'abécédaire de ces petits textes de l'"infra-ordinaire"avec une érudition confondante. Dans ce recueil de miscellanées obituaires, toujours folâtre, jamais pontifiant, on croise en effet aussi bien Raphaële/Marie Billetdoux, qu'André de Richaud ou Kurt Steiner, aussi bien Harry Potter que Paul Touvier... et c'est exquis.

En passant Denis Cosnard rend hommage à -on l'imagine- ses auteurs de prédilection au premier rang desquels Georges Perec : cette tentative d'épuisement des avis mortuaires lui doit beaucoup. L'auteur parvient même, la fine mouche, à adresser un clin d'oeil à ses lecteurs en rendant hommage dans l'un de ces chapitres à Auguste Jean-Baptiste Hommel dit Fred : d'un côté une silhouette croisée chez Modiano, de l'autre une allusion voilée à Frede, la reine des nuits mauves.

Sincères gondolances.
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