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Critique de Zephirine


Aulus, c'est une petite station thermale de l'Ariège, nichée dans les Pyrénées et qui ne compte qu'une centaine d'habitants à l'année. Aulus, c'est aussi un récit écrit par Zoé Cosson et qui raconte cette ville d'eau en une petite centaine de pages.
Curieux portrait d'Aulus que nous livre cette jeune auteure qui venait y passer ses vacances dans l'hôtel désaffecté et décrépit de son père. Dans ce récit vous ne trouverez pas d'intrigue ni d'amour passionnel mais ce n'est pas pour autant un guide touristique. Alors c'est quoi ? me demanderez-vous
« Ce livre est le portrait rapiécé de ce lieu sans contour, un espace fait de calques, une sorte de cartographie qui n'élucide rien. Ce n'est ni une histoire, ni un bloc »
Il y a un côté patchwork dans ce récit qui rassemble bouts de vie, rencontres fugaces, déambulations et descriptions de cartes postales d'autrefois.
Aulus, on n'y va pas par hasard, on s'y rend car « c'est un terminus géographique ». Il y a deux rues principales, « le reste est un écheveau de ruelles sinueuses comme de l'eau » et que surmonte l'église où « l'on ne se rend que pour les enterrements ». La vie se concentre dans ses deux artères où se trouvent la boucherie et l'épicerie de Marie.
Aulus, c'est aussi la nature qui l'entoure, avec sa flore et sa faune sauvage et Zoé Cosson arpente les sentiers de montagne et apprend. Elle apprend « les chemins d'herbe écrasée », les couleurs qui changent selon les saisons, les arbres et les roches.
« J'apprends la lumière du matin qui peine, vacille, s'élève faiblement au-dessus des crêtes avant de peindre chaque brin d'herbe »
On croise aussi quelques-uns des habitants, toujours les mêmes. Il y a Paul qui veut devenir apiculteur, Nicole la dépressive et puis René, l'artiste du village. Et puis il y a le père de Zoé, homme méticuleux qui remplit les pièces de l'hôtel d'un bric-à-brac invraisemblable. Qui se protège du soleil depuis qu'une maladie de peau perfide le ronge.
Zoé Cosson dit aussi les blessures infligées à la montagne, comme la mine désaffectée, plaie ouverte qui vomit des déchets bourrés de métaux lourds, de PCB, qui vont polluer la rivière.
Dans une langue empreinte de poésie, l'auteure dit la rudesse de la vie, la beauté âpre de la nature, mais aussi la solitude et l'abandon. Dans ce village étroit, on cohabite et on se supporte dans un équilibre précaire.
C'est à travers ces histoires de rien, cette nature blessée, qu'on mesure la fragilité des choses et de la vie qui s'écoule. Et c'est émouvant.



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