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EAN : 9782072625978
144 pages
Gallimard (27/08/2015)
3.05/5   30 notes
Résumé :
Durant l'Occupation, les parents et la s?ur du jeune Daniel Avner ont été arrêtés et déportés. Plusieurs mois après la Libération, le grand-père de Daniel envoie le garçon attendre le retour de sa famille au Lutetia, tout en sachant que personne ne reviendra plus. Commence alors une longue période de sévices infligés par le grand-père à son petit-fils. Pourquoi Daniel accepte-t-il sans protester de souffrir, comme si sa douleur lui permettait de revivre celle des di... >Voir plus
Que lire après Daniel Avner a disparuVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Voici un livre insolite, un peu dérangeant et résolument déprimant.

Traumatisé d'avoir perdu sa grand-mère, ses parents et sa soeur en déportation, Daniel a été un jeune garçon martyrisé par un grand-père implacable qui le battait et l'obligeait à d'interminables attentes devant le Lutetia, passage retour obligé des survivants des camps. Comment ne pas se sentir responsable de la mort de sa famille quand on vous l'assène en actes et paroles? Une violence psychologique et physique à vous casser un individu définitivement!

Espérer garder trace des absents est le seul objectif de Daniel. Vaine espérance et cruelle désillusion que porte en lui l'homme qu'il est devenu, obsessionnel dans sa quête du souvenir et dans sa culpabilité, s'auto-détruisant physiquement en s'affamant, refusant ce corps qui s'entête à vivre et à y prendre parfois du plaisir. le droit au bonheur lui est interdit. Sa honte de vivre est totale, honte de manger, honte de faire l'amour, honte du survivant. Il est en prison en lui même. Un coupable se doit d'être puni, quitte à punir aussi son entourage.

Pas gai! Pas gai du tout!
C'est la description morose d'une vie de solitude imposée qui passe, flirtant avec l'idée de mort. En dépit d'une parenthèse féminine qui lui donne un fils, l'existence de Daniel Avner sera une expiation récurrente. Sentiment accentué par une narration très descriptive d'un quotidien banal où on tourne en rond. L'écriture est aisée, fluide. Cela peut être vécu comme magnifique dans le creuset des sentiments exprimés, encore faut-il ne pas somatiser cette lecture éprouvante (dans mon cas, ce fut limite...)
Une réflexion appuyée sur la culpabilité et la fidélité familiale, dont on ressort essoré.
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Premier roman d'une jeune auteure, un roman qui ne peut laisser indifférent : On aimera ou on n'aimera pas. pour ma part j'ai attendu plusieurs jours avant d'écrire cet avis.
Un pari osé et jamais tenté (à ma connaissance) dans d'autres romans : décrire la vie de ceux qui n'ont pas été déportés en Allemagne et qui, jour après jour, ont attendu en vain le retour des leurs, déportés et tués dans les camps de la mort.
L'hôtel Lutecia est le fil conducteur de ce roman. Petit rappel : après avoir été pendant la deuxième guerre mondiale utilisé par l'armée allemande d'occupation, il a été affecté à la Libération à l'accueil des déportés à leur retour des camps de concentration nazis.
Daniel Avner, gamin, s'y rendra tous les jours et attendra train après train, le retour de ses parents, de sa soeur et de sa grand-mère, il y rencontrera son épouse...ni lui ni son grand-père n'ont été déportés....les hasards de la vie.
Il en restera traumatisé à vie, mais il ne sera pas le seul, ni le premier....Son grand-père va lui faire supporter pendant toute son enfance, son oubli, son erreur de gamin, qui a permis qu'ils soient les deux oubliés de la rafle...ce grand-père en deviendra violent, ignoble, et abject. Volontairement? Je ne pense pas qu'il naturellement était sadique, la douleur l'a rendu malade.
Et le traumatisme du gamin Daniel Avner sera, bien des années plus tard, une fois devenu lui-même père, transmis involontairement à son propre gamin. Les générations se suivent et se ressemblent
Un traumatisme qui va hanter sa vie, l'empêcher d'avoir une vie normale, des relations normales, un traumatisme qui reviendra comme un leitmotiv, jour après jour, page après page dans le livre d'Elena Costa...Des pages qui se ressemblent, qu'on a déjà lues quelques instants avant, quelques années plus tôt dans la vie de Daniel Avner...une impression lancinante que le livre n'avance pas, tourne en rond... en fait c'est la vie de ce gamin, de cet adulte et de son fils, condamnés tous deux bien malgré eux à la solitude, qui n'ont jamais avancé au cours du temps.
Une vie au cours de laquelle il n'a pu faire le pas, un traumatisme éternellement présent qui lui interdit même toute communication.
Heureusement que tous ceux qui ont eu un des leurs déporté, ne se sont pas comportés comme Daniel Avner. Mais personne, sauf eux, ne peut savoir ce qui a hanté leurs nuits et leurs vies
L'auteure décrit un cas extrême, une exception sans doute. Au moins en poussant le curseur très loin, elle a le mérite de nous permettre de nous interroger, sur ces hasards qui peuvent toucher chacun de nous dans la vie courante, sur ces hasards qui peuvent bousculer toute une vie, sur ces traumatismes auxquels chacun de nous peut être confronté.
Combien de fois nous sommes nous posé la question "Et si ...?"
Un cas extrême peut-être mais un livre qui ne pourra laisser aucun lecteur indifférent : Soit on aimera, soit on n'aimera pas...beau challenge pour un premier livre

Lien : http://mesbelleslectures.com..
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Cette lecture m'a laissée partagée, sans avis définitif. Pour ne pas avoir à trancher de manière définitive, je me contenterai, cette fois, de lister les "j'aime' et "j'aime pas".
J'ai aimé :
- le sujet, historique, qui traite d'un fait concernant la Seconde Guerre Mondiale, que je ne connaissais pas du tout : l'Hôtel Lutetia, à Paris, transformé en lieu d'accueil pour les déportés survivants.
- L'aspect psychologique et traumatique, remarquablement décrit, analysé, avec les conséquences dramatiques sur des générations
- Des héros qui n'en sont pas, juste des gens, avec leur vécu, leurs blessures, qui les transforment malgré eux.
- le style, une belle écriture, sensible, pudique
- le choix de la narration "biphonique", le père, le fils.
J'ai moins aimé :
- le fait que les deux narrateurs semblaient beaucoup trop semblables dans leur manière de ressentir, de s'exprimer, j'aurais préféré que les deux personnalités soient plus dissociées.
- L'élément qui fait que j'ai même hésité à ne mettre que trois étoiles, mais c'eût été injustifié, car peut-être est-ce moi qui me suis fixée sur ce point, non-essentiel : j'ai été perturbé par cette analyse trop précise que font les deux protagonistes eux-mêmes de leur comportement et de leurs traumatismes. je ne sais trop comment expliquer, mais tandis qu'ils décrivent leurs obsessions, les privations ou sévices qu'ils s'imposent d'eux-mêmes, ils en font une analyse plus précise que ne pourrait le faire un psychiatre. Il me semble que cela m'eût paru plus plausible, si le narrateur avait été extérieur ; peut-on vraiment être à même de s'auto-analyser aussi objectivement ? mais ce n'est qu'un ressenti personnel...
- Enfin, ce qui m'a moins plus aussi, mais que cependant je comprends tout à fait, car telle est la réalité, hélas, c'est le côté noir, définitif, sans solution, de la fin (malgré une petit lumière, concernant le fils). Cela est un peu rageant, car donne l'impression, qu'au final, ce sont les Nazis qui gagnent, quand des survivants se condamnent eux-mêmes à une non-vie...
Une lecture qu'en aucun cas je ne regrette, et qu'au contraire, je conseille à toute personne qui s'intéresse à la Seconde Guerre Mondiale, au traumatismes psychologique,...
NB : Dans d'autres critiques, j'ai pu voir que certains lecteurs avaient été lassés par les répétitions, toujours les mêmes souvenirs, les mêmes obsessions, et c'est vrai, on a l'impression de tourner en rond quelquefois, mais pour ma part, même si, comme beaucoup, j'ai trouvé cela un peu ennuyeux, je pense néanmoins que c'était nécessaire, car cela démontre justement toute la vie du père, du fils (et aussi du grand-père finalement), ce cercle infernal du souvenir, de la culpabilité, dont ils ne savent pas, ne veulent même pas, peut-être, sortir...
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« Daniel Avner a disparu » est le premier roman d'Elena Costa. Traitant d'un thème très intéressant, le traumatisme des proches de personnes qui ont disparu durant la Shoah, l'auteur nous offre un roman court et déprimant.
Daniel et son grand-père ont échappé par miracle à la déportation de la famille. Ses parents, sa soeur et sa grand-mère n'en sont pas revenus. Après la libération le grand-père lui inflige des sévices, pour qu'il ne les oublie pas et l'envoie attendre devant le Lutetia le retour des rescapés. En se privant de nourriture il espère se rapprocher de sa famille et s'identifier aux victimes du nazisme. Durant toute sa vie ces douleurs physiques et ces souvenirs angoissant l'obsèderont. le roman est un long monologue ou le personnage dépressif n'arrive pas à nous être sympathique. À aucun moment je me suis senti émue par le drame d'Avner, son mal-être en devient agaçant. J'ai trouvé le tout très ennuyeux. Dommage d'avoir gâché un si bon sujet.
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Quel curieux roman... Qui plonge le lecteur dans une sourde sensation de malaise, à la fois par rapport à l'histoire elle-même mais également par rapport aux motivations, aux influences qui ont pu pousser une si jeune femme à s'emparer d'un thème aussi terrible.

"Je me demandais si j'avais le droit de tenir le coup, si c'était permis à une personne qui survivait à toute sa famille". La culpabilité du survivant est déjà suffisamment lourde à porter. Lorsqu'elle est entretenue par un grand-père qui fait supporter à son petit-fils tout le poids des absents, cela devient invivable. Et c'est ce qui est arrivé à Daniel Avner, En 1942, il a échappé à la rafle qui a fait disparaître ses parents, sa petite soeur et sa grand-mère. Tout comme son grand-père qui était justement allé le chercher chez l'ami où il s'amusait si bien qu'il en avait oublié l'heure de rentrer. Ensuite, le huis-clos entre Daniel et Simon Avner s'est transformé en enfer pour le petit garçon, le grand-père se défoulant physiquement et psychologiquement sur lui, l'obligeant notamment à se rendre chaque jour à partir de 1945 devant l'hôtel Lutetia où arrivaient des convois de survivants des camps pour y guetter les siens, en vain.

Pour Daniel Avner, cette absence devient une obsession. Sa culpabilité le pousse à s'infliger des privations afin de s'approcher au plus près des conditions de détention de ceux avec lesquels il aurait dû partir. Après la mort de son grand-père, dans les années 60, ses pas le mènent encore chaque jour au carrefour du boulevard Raspail et de la rue de Sèvres. C'est là qu'il croise un jour Dora, qui deviendra sa femme et la mère de son fils. Mais peut-on vivre normalement après ça ?

Elena Costa entraîne son lecteur dans une spirale d'angoisse et de malaise, par l'intermédiaire d'une écriture obsédante qui recrée parfaitement l'obsession que l'on imagine meurtrir les neurones du héros. Elle parvient à rendre l'absence présente. L'absence qui est d'ailleurs le personnage principal de ce livre et le fil conducteur de la vie de Daniel Avner. Absent à lui-même et incapable d'assumer une présence auprès de son fils. Les deux ne pouvant se rejoindre que dans l'absence.

Pour un premier roman, c'est assez intriguant. Difficile, oppressant. Disons qu'il vaut mieux être en forme et avoir bon moral avant d'entamer cette lecture heureusement plutôt courte. Voilà en tout cas une primo-romancière qui n'a pas choisi la facilité et qui mérite d'être découverte. Je suis curieuse de connaître le thème de son prochain livre...
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Lorsque j’étais éveillé, je n’arrivais pas à reconstituer les visages de mes parents et de ma sœur. C’étaient des formes ovales où je ne distinguais ni les yeux ornés de sourcils, ni la bouche, ni le nez. On aurait dit que la peau recouvrait la totalité de leur figure. Je reconnaissais seulement le chapeau de mon père et le serre-tête de ma sœur qui maintenait ses fins cheveux noirs derrière ses oreilles.
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J'aurais été incapable d'expliquer à mon fils comment enfant, les sévices infligés par mon grand-père m'aidaient à retrouver le souvenir de mes parents et de ma sœur enfouis en moi. Chaque fois que je recevais un coup, je les faisais exister dans mon corps. Leurs visages surgissaient derrière mes yeux comme s'ils m'habitaient. J'étais heureux de souffrir pour pouvoir les comprendre, accéder à une infime partie de ce qu'ils avaient vécu. Je ne pouvais pas avouer à mon fils que, petit garçon, je me figurais que ce n'était pas mon grand-père qui déchargeait sa colère sur mon dos mais des nazis qui prenaient son apparence à la nuit tombée. J'aurais voulu les chasser de chez nous, leur parler en allemand avec fermeté pour qu'ils nous laissent tranquilles en imitant le salut nazi avec mon bras. Je redoutais plus plus que tout qu'ils finissent par blesser mon grand-père en me frappant (P. 107)
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Si je commence à écrire Auschwitz-Birkenau sur la feuille, aujourd'hui encore, je suis obligé de raturer ces mots aussitôt jusqu'à percer le papier avec la pointe du stylo. Je sais que sans cela la peur va m'envahir, que je ne pourrai pas m'empêcher d'inscrire également le prénom de mes parents et de ma soeur. Les ratures finissent par recouvrir la feuille, effaçant la signature papa qui vous embrasse au bas de la lettre, et les phrases sans intérêt que j'ai mis de longues minutes à écrire. En regardant les espaces blancs entre les lignes, je songe à mes cicatrices, aux lignes de sang que mon grand-père a dessinées sur mon dos avec la règle en fer et qui sont les barreaux de ma prison intérieure. Parfois les ratures s'immiscent dans ma tête, ma vue est brouillée par des traits noirs qui tissent devant mes yeux des toiles d'araignée. Je dois fixer l'affiche du ghetto de Venise plusieurs secondes d'affilée avant qu'elle redevienne nette sur le papier peint.
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Il ne s’agissait pas de souffrir pour souffrir, mais de souffrir pour créer une existence nouvelle, pour que ma condition de déporté se manifeste ailleurs que dans mes pensées.
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En regardant les espaces blancs entre les lignes, je songe à mes cicatrices, aux lignes de sang que mon grand-père a dessinées sur mon dos avec la règle en fer et qui sont les barreaux de ma prison intérieure (P. 75)
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Vidéo de Elena Costa
Elena Costa - Daniel Avner a disparu .Elena Costa vous présente son ouvrage "Daniel Avner a disparu" aux éditions Gallimard. Rentrée littéraire automne 2015. Retrouvez le livre : http://www.mollat.com/livres/costa-elena-daniel-avner-disparu-9782070149896.html Notes de Musique : ?Yona? (by Pharaoh's Daughter). Free Music Archives. www.mollat.com Retrouvez la librairie Mollat sur les réseaux sociaux : Facebook : https://www.facebook.com/Librairie.mo... Twitter : https://twitter.com/LibrairieMollat You Tube : https://www.youtube.com/user/Librairi... Dailymotion : http://www.dailymotion.com/user/Libra... Vimeo : https://vimeo.com/mollat Instagram : https://instagram.com/librairie_mollat/ Pinterest : https://www.pinterest.com/librairiemo... Tumblr : http://mollat-bordeaux.tumblr.com/ Soundcloud: https://soundcloud.com/librairie-mollat Blogs : http://blogs.mollat.com/
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