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EAN : 9782916132631
64 pages
Tertium (01/03/2013)
4.67/5   3 notes
Résumé :
On fait attendre Pierre Corneille ! Mme Pulchérie de Saint-Hélion qui gère le mécénat d'un puissant aristocrate, n'est pas pressée de le recevoir. Elle ne connaît que son frère ? Thomas Corneille ? dont la nouvelle pièce vient de remporter un immense succès. La responsable du mécénat vient cependant discuter avec ?ce? Pierre, ne serait-ce que pour donner à cet écrivain tombé au bas de l'échelle quelques leçons sur l'art moderne et l'art d'écrire. «Le Solliciteur i... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Pierre Corneille ou Thomas Corneille ? A priori peu de personnes connaissent le cadet et pourtant il a bel et bien existé, il est même en héros de cette pièce de Gilles Costaz intitulée "Le solliciteur inconnu".
Ce très beau titre est le qualificatif donné à Pierre Corneille, un de nos grands dramaturges nationaux. Alors pourquoi solliciteur ? Et pourquoi inconnu?
Parce que l'auteur choisi de mettre en scène le grand Corneille à l'époque où il a été quelque peu oublié et masqué par la réussite de son jeune frère Thomas avec la tragédie qu'il vient de monter.
La scène se déroule dans la salle d'attente d'un hôtel particulier de Paris. Pierre Corneille vient solliciter le duc de V. pour financer sa dernière pièce. Il est reçu par Madame Pulcherie de Saint-Helion, conseillère artistique du mécène.
Mais cette femme ne connaît que Thomas Corneille, le frère cadet de Pierre. Elle n'a jamais entendu parler du Cid (le kid ?) et son ignorance du théâtre et à la hauteur de son admiration pour Thomas Corneille car elle vient de voir sa dernière pièce « Timocrate ». Elle pense qu'il a tiré le meilleur des lois de la tragédie, surclassant les anciens et son propre frère. le héros de cette pièce joue un double personnage : sous le nom de Timocrate, il est l'ennemi de la reine d'Argos, et sous celui de Cléomène, il est son défenseur et l'amant de sa fille. Madame Pulcherie en est bouleversée. Pourtant, malgré son immense succès bien réel, cette pièce est tombée dans un profond oubli aujourd'hui.
Madame Pulcherie est pédante et on n'a pas envie de l'aimer surtout quand on pense qu'elle parle au grand dramaturge et qu'elle veut lui faire la leçon. Elle utilise des phrases toutes faites comme « le moderne c'est l'antiquité ».
Elle ne veut pas de la nouvelle pièce de Pierre Corneille « Oedipe » car elle trouve que notre société est assez dissolue pour éviter de parler d'un homme qui couche avec sa mère. C'est dire le niveau.
Mais voilà, c'est elle qui est responsable de la communication, organise les soirées promotionnelles et décide des dossiers qui doivent être examinés par une commission. Ça rappelle quelques procédures pas toujours propices à la création artistique !
Mais ici, le ton est approprié. Nous sommes au 17ème siècle et Gilles Costaz utilise un vocabulaire d'aujourd'hui ce qui donne le comique de la pièce parfois grinçante.
Pierre Corneille va tout essayer pour convaincre Madame Pulcherie y compris d'écrire son personnage dans une pièce mais rien n'y fait. Son dédain lui ouvrira les yeux pour continuer à écrire sans se soumettre.

Avec "Le solliciteur inconnu", Gilles Costaz rend un bel hommage au théâtre et aux frères Corneille tout en proposant une satire sur la marchandisation de la culture. le critique de l'émission le masque et la plume sur France Inter est donc aussi un excellent dramaturge.

Ce livre m'a été offert par Tertium éditions dans le cadre d'une opération masse critique et je les remercie de tout coeur.


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Tout d'abord je tiens à remercier Babelio et Tertium Editions pour l'envoi de ce livre. J'ai toujours beaucoup aimé lire du théâtre. Et ce livre n'a pas fait exception! Quel plaisir de retrouver ce cher Corneille qui doit défendre ses oeuvres qui à ce moment-là ne sont pas les plus appréciées. Je me suis retrouvée au beau milieu d'une discussion des plus passionnantes entre cet auteur à succès qu'est Corneille et une certaine Mme Pulchérie. En effet, les sujets de discussions sont variés mais tournent surtout autour du théâtre, de ses finalités, de ses codes... Les dialogues sont percutants même s'ils sont courts et il est impossible de lâcher le livre avant d'en avoir lu toutes les répliques! En effet, qui quitte une conversation en plein milieu sans en savoir la fin?! L'écriture, vous l'aurez compris, m'a beaucoup plu. C'est fluide et je vous avoue que c'est aussi très drôle par moment ce qui ne gâche en rien le plaisir de cette lecture! Bref, encore une très belle découverte faite grâce à ces opérations masse critique. Merci à Babelio et aux éditeurs!
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La pièce est très simple : Pierre Corneille, qui traverse une période du désert, cherche à obtenir des financements d'un mécène, le duc de V. Il est reçu par sa "directrice des affaires culturelles" tandis que son petit frère, l'aujourd'hui oublié Thomas, est reçu à bras ouvert par le duc de V.

Derrière le faux-semblant du XVIIe siècle, Gilles Costaz s'amuse des politiques culturelles et des prétentions universalistes actuelles. Il maîtrise très bien l'ironie et les paradoxes (par exemple "Je veux un sujet moderne, c'est-à-dire qui se passe dans l'Antiquité" ou encore "Vous serez totalement libre. Mais vous me ferez lire et relire") et le dialogue entre les deux seuls personnages présents sur scène est très vivant.

Le fonds de la pièce montre bien le désarroi de la culture en France, sommée de "marcher" avant même d'exister, soumise à des indicateurs imbéciles mais prétendument "objectifs" et devant courber l'échine devant des financiers qui n'y comprennent rien.
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Corneille – Vous ne voulez pas une comédie ? Il y a longtemps que je n’aie point écrit de comédie.

Pulchérie – Non pas de comédie. Les gens de condition n’aiment pas la comédie. Nous agissons pour eux, pas pour la populace qui va se secouer de rires dans les foires.

Corneille –La comédie est un genre noble. J’en ai écrite quelques-unes !
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Corneille – Vous, le duc, vous tous, vous qui vous détournez quand j’arrive, vous me brisez le poignet depuis des années. Et je ne crie pas. J’écris. Je n’écris pas contre vous. J’écris contre votre indifférence et avec elle. Il m’aide, votre dédain. Il me fait mal mais il m’éclaire. Je souffre mais je vois mieux. Je vous en remercie.
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Pulchérie – C’est la moindre des choses de remercier son protecteur.

Corneille – Ce que j’aime, moi, c’est tout ce qui n’a pas été commandé. Tout ce qui vous échappe. Tout ce que vous ne gouvernez pas dans la tête de l’auteur. Tout ce qui ne vous obéit pas.
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