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Critiques filtrées sur 2 étoiles  
"Cette histoire fait partie de mon histoire mais je ne suis pas cette histoire."

Ce roman est inspiré d'une histoire réelle, celle de Charles Morgenstern, un juif bruxellois qui s'est mis aux services de la Gestapo.
Lucie appartient à une famille où il convient de ne pas poser certaines questions, ainsi elle ne sait rien de ses origines et a l'impression d'être "née de rien". Décidée à percer le secret de sa mère Hélène qui refuse de parler de son passé, elle est bouleversée d'apprendre que sa mère est juive par les femmes de sa famille et Morgenstern par les hommes. Elle va patiemment, pendant une trentaine d'années, reconstituer le puzzle de l'histoire de sa mère. "J'écris aussi cette histoire pour mes enfants. Je l'écris pour mettre à plat, comprendre, reconstituer, mettre de l'ordre. Pour transmettre."
Lucie reconstitue l'histoire de Charles, son grand-père maternel, de 1940 à 1945 à partir de son dossier militaire qu'elle parvient à consulter et à partir de témoignages de personnes qui ont croisé son chemin. Elle apprend ainsi qu'il a été condamné à mort par contumace lors de son procès en 1946. Elle comprend pourquoi sa mère s'est emmurée dans son silence avec son secret, c'est le seul moyen de survie qu'elle a trouvé face à Charles qu'elle ne peut nommer que "l'auteur de mes jours".
Lucie obsédée par sa quête de vérité, par sa volonté de savoir d'où elle vient se retrouve bouleversée par ses recherches en se découvrant la petite fille d'un traître dans lequel elle cherche désespérément une lueur d'humanité. Elle va essayer de comprendre comment il est devenu ce monstre. "Je m'étais préparée au pire. Je n'ai pas été déçue."

Dans ce récit le secret est révélé très vite, le propos du roman est de raconter la quête de Lucie et sa lutte pour faire sortir sa mère de son silence, en ce sens le titre du roman a été judicieusement choisi.

J'ai trouvé ce roman compliqué à suivre malgré l'arbre généalogique inséré dans les dernières pages car la famille de Charles est tentaculaire, sur plusieurs générations on trouve des noms usurpés, des adoptions, des changements d'identité, de plus Charles a eu quatre filles de quatre femmes différentes... J'ai trouvé que l'auteure noyait le lecteur avec de multiples détails sur des personnages périphériques dont je n'ai pas toujours vu l'intérêt et j'ai souvent eu la tentation d'abandonner ma lecture.
De plus les éléments que Lucie découvre dans le dossier militaire de son grand-père sont relatés dans un style sec digne d'un rapport de police.
Heureusement la dernière partie, nommée "La délivrance", dans laquelle Hélène accepte de se livrer à sa fille m'a réconciliée avec ce roman mais pour cela il m'a fallu attendre les 2/3 du livre... Lucie pourra enfin dire "Je suis la petite-fille de cet homme-là. Ce destin me pèse depuis cinquante ans. Mais désormais je suis aussi la petite-fille de cette femme-là".

C'est donc avec un avis bien mitigé que j'ai refermé ce roman sur le poids de l'héritage familial, sur l'impact de la collaboration sur les générations à venir et sur le silence familial et ses conséquences. Ce roman aura eu le mérite de m'apprendre que des juifs avaient intégré la Gestapo, élément historique que j'ignorais complètement.
Au final, un sujet fort intéressant mais un traitement qui m'a gênée.




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L'idée est intéressante, le parcours aussi, de cette fille qui se cherche une ascendance acceptable, qui tient absolument a retrouver les racines que sa mère lui cache. Secrets de famille lourds à porter, juifs ou collabos, traitres ou Justes, ramifications et répercussions jusque dans le présent de ces silences lourds à porter, de ce passé si dense, tout ceci est très significatif sur le besoin de recherche et de mémoire, mais l'auteur nous perd dans les méandres d'une famille tentaculaire et disparate. Bref, si j'ai par moment eu envie de connaître la suite, je n'ai pas ressenti assez d'émotions pour avoir envie de vibrer, de pleurer ou de rire avec Lucie.
Lien : https://domiclire.wordpress...
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Outre-Mère est le récit d'une quête, une quête effrénée, obsessionnelle de son histoire dans l'Histoire, de ses origines, de son identité. Lucie narratrice, fille et enquêtrice, questionne et interroge sans relâche, dans le silence de l'enfance d'abord, puis au cours de recherches administratives et d'échanges ensuite jusqu'à la parole délivrée auprès de sa mère, Hélène, au coeur de ces secrets qui pèsent.
Lucie raconte et est racontée. La première partie du roman peine et nous perd un peu à changer ainsi de voix et d'adresse, dans une logique narrative qui m'a échappé et que j'ai trouvée laborieuse. On patauge un peu dans ce dédale d'informations, dans cette généalogie aux ramifications multiples avec en personnage central et d'emblée révélé dans son horreur le grand-père, Charles Morgenstern.
« J'écris avec lourdeur. J'aligne les faits. Je les organise industrieusement. Je me sens incapable de broder, d'allonger la sauce ; incapable de faire appel à mon imagination pour décrire les contextes et les lieux, le physique des personnages. Incapable ou interdite ? de page en page ce récit me paraît plus sec qu'un rapport de police. »
Incapable ou interdite, la question est posée et le lecteur ressent avec l'auteure cet empêchement malgré ce qui l'habite, l'anime et l'obsède. Interdite par une mère, Hélène, tout à la fois emmurée et impériale, mutique et invasive car les blessures vivaces brûlent d'être tues et brillent leurs flammes de vouloir exister et crier une douleur non-dite.
De très beaux passages parlent cette mère ambivalente, défendue dans sa sévérité, dans sa plainte et son emprise, pour ne jamais dire sa peine mais la prôner en étendard afin de s'assurer le premier rôle et l'attache de ses enfants. « Il me semble parfois que ma mère n'est qu'un trou noir de souffrance (…). Mais à l'instar des trous noirs, toute consolation est immédiatement absorbée par sa force de gravité, ce qui alimente le système en énergie. Tout l'art pour moi consiste à me ternir au bord de la zone d'attraction sans y tomber ».
Hélène est centrale dans ce récit et nomme le chapitre de la deuxième partie intitulée « l'oeuvre au noir ». Première phase d'une transformation alchimiste qui changera le plomb en or : l'enrayement de la première partie, « la quête », pour arriver à « la délivrance ». L'écriture de fait s'en ressent et devient plus fluide, plus juste, respire enfin d'être consolée.
La réussite de ce récit réside selon moi dans l'écriture du secret qui asphyxie les enfants, une filiation, un arbre. La honte et le malheur se transmettent et font leur lit dans le silence ordonné, induit, menaçant, de l'indicible à confier. Lucie fait « le choix de faire la lumière sur les zones d'ombres et d'éventer les secrets » et nous embarque dans cette mission honorable et intelligente. « Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l'ombre de nos inconscients restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent ».
Par devers soi, au-delà de nos consciences, outre les mères, toutes les mères (les arrachées, les quittées, les exilées, les adoptives, les substitutives, les endeuillées) se faufile le venin du secret surtout quand il est vil, laid, effroyable et honteux.
Le premier roman de Dominique Costermans réussit à parler le poison infiltré dans nos généalogies quand on tait les douleurs et les crimes.
« Nous étions là, tous les trois figés sur le seuil de sa douleur, nous qui croyions être toute sa vie : nous n'étions qu'en marge de quelque chose de terrible, vains petits palliatifs de sa blessure ».
L'écriture est droite, directe et franche et parle très bien la souffrance d'un insondable quand on est pris dedans sans rien y comprendre, quand on porte un héritage, une culture, une identité que l'on n'a pas le droit d'adopter. Et au sujet de la judéité héritée après laquelle Lucie court, pour se raccrocher et appartenir, alors qu'elle gravite encore autour de sa généalogie qu'elle n'ose révéler, elle organise des rencontres avec les petits-enfants des familles touchées par la shoah :
« Leur destin s'est construit sur une injonction paradoxale tacite : oublie, n'oublie jamais. Oublie car être juif c'est mortel. N'oublie jamais sinon ils sont morts pour rien ».
Ce récit témoigne d'une enquête, d'un questionnement pertinent et courageux et démontre comment un pas de côté offre à éclairer autrement une histoire, la sienne, et à ouvrir d'autres possibles : un avenir soulagé.
Récit, enquête, récit d'une enquête ou roman ? Ou « pré-roman » ? Oeuvre au noir peut-être ? Pour transformer cette nécessaire recherche témoignée et déposée en un roman qui ferait revivre tous ces personnages hauts en couleur, en amour, en drames, qu'on ne fait que survoler dans ce récit alors même qu'ils semblent présenter des personnalités riches et ce même, pour certains, dans l'impassible cruauté. Après les avoir pleurés –« est-cela ma mission : pleurer pour tous ceux qui n'ont pu le faire avant moi ? »- après les avoir libérés, leur prêter une plume déjà existante et une voix pour raconter des vies et des coeurs.
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Les histoires de famille c'est toujours un peu compliqué pour qui n'en fait pas partie. Difficile de ne pas s'égarer parmi les branches maîtresses, les rameaux, les ramilles de l'arbre généalogique, de discerner les filiations, alliances et ramifications. Pour peu que des secrets, des silences, des hontes cachées, occultent une partie de la ramure et la famille devient un puzzle impossible à représenter. Et si, pour couronner le tout, les bouleversements de la guerre ont jeté un grand souffle de tempête et emmêlé ou brisé racines, tronc, feuillage et branches, les recherches généalogiques s'apparentent vite à un cauchemar labyrinthique.
C'est un peu l'impression qui subsiste après ma lecture d'"Outre-Mère" où il m'a semblé que les choix narratifs et l'écriture nuisaient finalement à un sujet et à un matériau potentiellement puissants. Obnubilée par sa quête familiale et généalogique, par son rapport à sa mère, la narratrice oublie quelque peu - me semble-t-il - le lecteur en cours de route. Plutôt que de clarifier les liens entre les différentes branches de la famille, la construction, le système des personnages et son traitement, ont embrouillé ma lecture et lassé mon intérêt. C'est un peu comme si "Outre-Mère" était l'exact inverse de "Nous, les passeurs", tant du point de vue du personnage central - ici, un héros ; là, un criminel - que de la façon de raconter les faits et d'y impliquer le lecteur. Si bien que, très rapidement, j'ai renoncé à tisser les liens qui m'auraient simplement permis de comprendre. Un sujet pourtant très fort et je regrette de n'avoir pu m'y intéresser.
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Il est des rencontres manquées sans que l'on sache en comprendre la véritable raison. Ce fut le cas entre "Outre-Mère" le premier roman de Dominique Costermans et moi : ma première grande déception dans la sélection des premiers romans.
Des secrets de famille lourds et douloureux, la recherche de soi à travers celle de ses ancêtres, un grand-père juif et pourtant enrôlé dans l'armée allemande et même recruté en qualité d'indicateur au sein de la Gestapo – je ne savais pas que c'était possible – une mère mutique sur sa jeunesse et son ascendance, une volonté affichée de devoir de mémoire : tous les ingrédients étaient réunis pour me plaire, me toucher, rendre ce récit passionnant à mes yeux. Lucie part, en effet, sur les traces de ce grand-père pour tenter d'obtenir des réponses aux questions qui toujours se heurtent à des silences pesants. Il s'agit à la fois d'une quête humaine et administrative semée d'embûches, d'attentes et de rendez-vous.
Alors, pourquoi, pourquoi n'ai-je pas réussi à entrer en empathie avec cette jeune femme, pourquoi son anxiété, son angoisse, ses espérances n'ont-elles pas réussi à me toucher, pourquoi ai-je parfois eu envie de ne pas aller au bout ? L'écriture sèche, administrative, telle celle d'un rapport ne m'a pas prise dans ses filets. Je me suis perdue dans les branchages d'une famille tentaculaire au point de revenir souvent en arrière pour tenter de déchiffrer cet arbre aux nombreuses ramifications. Plus qu'à un roman, j'ai eu l'impression d'avoir affaire à une enquête policière, rondement menée certes, mais qui ne m'a pas donné les clés pour en pénétrer les sentiments, les chagrins, les victoires.
Même si la "délivrance", à la fin du roman m'a semblé plus positive, il m'a manqué quelque chose. Il m'a manqué cette alchimie entre une histoire au sujet fort intéressant et la manière de la raconter. le style de l'auteur est, certes, clair comme le stipule la quatrième de couverture mais trop froid à mon gré.

C'est bien ce que je disais au début : ce fut une rencontre manquée.
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