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Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Combien de familles souffrent de ces zones blanches, ces non-dits qui entourent certains de leurs membres au moment de la seconde guerre mondiale ? Suffisamment pour faire le sel de nombreux romanciers qui puisent là matière à récit poignant. Encore faut-il parvenir à faire d'une quête personnelle un témoignage universel.
Dominique Costermans y parvient avec brio et permet au lecteur une empathie presque immédiate avec Lucie face au silence de sa mère, Hélène sur tout ce qui touche à sa famille paternelle. Une mère qui refuse farouchement d'expliquer ce silence et c'est malgré elle que Lucie effectuera cette quête pour reconstituer tout un pan de ses racines, de ses origines sans lequel elle ne peut pas elle-même transmettre son histoire. D'où ce superbe titre, "Outre-mère".
Aux côtés de Lucie nous découvrons donc le passé et la vie de Charles Morgenstern, le père d'Hélène qui avait choisi le mauvais côté pendant la guerre, ça, nous le savons très vite. Mais ce n'est que le point de départ car il y a de nombreuses questions à élucider de nombreux morceaux à rassembler pour que le puzzle prenne forme et que l'histoire puisse enfin être racontée.
Ce premier roman est à classer aux côtés de celui de Séverine Werba, le très beau "Appartenir", "Le Carré des Allemands" de Jacques Richard ou encore plus récemment "Nous, les passeurs" de Marie Barraud. Des histoires différentes mais une même quête, ce besoin de savoir d'où l'on vient pour pouvoir continuer. La génération précédente était peut-être encore trop proche des événements, celle-ci (les petits-enfants) prend donc l'initiative avec peut-être le recul nécessaire pour cette plongée en apnée dans un passé qu'il s'agit avant tout de connaître et d'accepter comme un élément qui les constitue.
L'auteure nous offre un texte fort et poignant et apporte avec talent sa pierre à l'édifice de la nécessaire compréhension d'une époque.
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Dominique Costermans signe ici son premier roman, après avoir publié plusieurs recueils de nouvelles chez Luce Wilquin et chez Quadrature. Je découvre sa plume avec ce texte et il me faut avouer que je suis sous le charme...

J'adore le thème des secrets de famille : celui dont il est question ici, c'est l'engagement pro-nazi d'un Juif bruxellois dont la femme et les deux jeunes enfants ont lourdement payé le prix de son arrogance, c'est la "collection" de demi-soeurs et de cousins dont Charles Morgenstern a parsemé son chemin après la guerre, comme autant de souffrances et de mystères infligés à ses "proches". Celle qui dévoile petit à petit ces secrets, c'est Lucie la bien nommée, la fille d'Hélène (fille aînée de Charles).C'est le décès de la mère biologique d'Hélène qui entrouvre la porte du secret à Lucie, cela commence à mettre des mots, des formes sur un ressenti confus et oppressant depuis son enfance. A force de recherches, de patience, de questions, de rencontres avec les différents protagonistes, Lucie reconstitue les pièces du puzzle et réussit à faire parler sa mère, levant un tant soit peu le lourd fardeau que "l'auteur de ses jours" lui fait porter depuis si longtemps.

L'auteure donne la parole tantôt à Lucie, tantôt à un narrateur externe qui s'attache principalement à la jeune femme. le récit est aussi émaillé de passages en "vous", dans un registre judiciaire, directement adressés à Charles Morgenstern. Si l'on est un peu perdu dans sa lecture, un tableau généalogique (signalé dès le début du livre) permet de se repérer entre les personnages. Ainsi ce n'est pas tant l'histoire complète de ce collabo qui importe mais la manière dont le secret se révèle progressivement, les implications qu'il porte sur plusieurs générations (principalement féminines), le questionnement de Lucie face à la "nécessité" de coucher son histoire familiale par écrit. J'ai trouvé le ton de Dominique Costermans particulièrement juste, à la fois lucide et sensible. L'écriture fluide accompagne bien cette forme de résilience vécue par ses personnages.

Ce premier roman est particulièrement réussi.

Merci à Babelio et à l'éditeur pour l'envoi de ce livre.
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Editions Luce Wilquin

Tout commence avec une citation de François EMMANUEL, "L'oeuvre, une ombre plus fidèle que la biographie." semant le doute entre la fiction et la réalité. Dominique COSTERMANS s'est effectivement inspirée de faits réels pour l'écrire...

Nous sommes en mai 1969, il y a tout juste 48 ans, une petite fille, Lucie, est convoquée par ses parents pour la préparation de sa première communion, cette "première visite de Jésus dans son coeur". Sa mère lui présente une image pieuse servant de modèle. Il s'agit de celle d'Hélène Morgenstern célébrée en mai 1946. Qui est Hélène Morgenstern ? Quels liens avec sa propre famille ? Quelle influence sur sa propre vie ? Lucie, interpellée, va partir en quête du passé de cette enfant dont les premières traces apparaissent il y a une bonne vingtaine d'années. Nous étions à la fin de la seconde guerre mondiale !

Je ne vous en dis pas plus car il s'agit du sujet même de ce roman.

Lucie est la narratrice. Elle explique sa démarche :

"Je l'écris pour Hélène. Je l'écrits contre son gré.

J'écris aussi cette histoire pour mes enfants. Je l'écris pour mettre à plat, comprendre, reconstituer, mettre de l'ordre. Pour transmettre." P. 19-20

Vous l'aurez compris, ce roman va alterner les passages dédiés aux recherches menées par Lucie et la vie d'Hélène découverte progressivement au gré des pièces qui vont lentement trouver leur place dans le grand puzzle familial. Il va y avoir une alternance aussi dans le temps, avec chaque fois une génération d'écart.

Et puis, il y a un mystère qui éveille tout de suite la curiosité de Lucie enfant, sa propre mère s'appelle Hélène. Y a-t-il un lien entre les deux femmes ? Un secret plutôt ? précieusement gardé ! Pourquoi cette intonation dans la voix de sa mère quand Lucie pose la question de qui est Hélène, ce ton employé comme voulant mettre un point final à l'échange, un ton qui ne semble pas laisser de discussion possible autour d'un passé de longue date resté caché. Il n'en faudra pas plus, bien sûr, pour susciter les convoitises de Lucie, les punitions dans la chambre de ses parents dont toute l'intimité semble servie sur un plateau doré ne feront que renforcer les velléités de l'enfant à découvrir l'histoire d'Hélène.

La grande Histoire va ponctuer l'itinéraire d'Hélène, voire de Lucie. Elle va laisser des traces plutôt inavouées vous l'aurez compris. Pendant la seconde guerre mondiale qui s'invite régulièrement maintenant dans la littérature contemporaine que l'action d'écrvain.e.s s'évertue à montrer, il y a eu des résistants à l'image de Jeanne Heon-Canone magnifiée sous la plume de Aude le Corff dans "L'importun", il ya eu des femmes dont l'amour supposé ou assumé pour des Allemands a été rappelé par Jacky DURAND avec "Marguerite", il y en a eu d'autres qui ont mené la vie d'ordinaires français percutée par les événements et le départ au front des maris comme Emélie et Muguette, les héroïnes du dernier roman de Valérie TONG CUONG "Par amour", il y a eu des structures pour emprisonner des êtres humains désignés comme les hommes et les femmes à exterminer comme le Camp de Gurs dénoncé par Diane DUCRET dans "Les indésirables", d'autres pour soigner comme le sanatorium d'Aincourt dont la mémoire est assurée par Valentine GOBY avec "Un paquebot dans les arbres", et puis, il y en a eu qui ont collaboré avec l'ennemi notamment dans le Nationalsozialistiche Kraftfahrkorps (NSKK), une organisation paramilitaire du parti nazi qui n'a pas recruté qu'en terres allemandes mais a aussi accueilli des volontaires étrangers.

Certains Belges y ont trouvé leur voie, c'est le cas de Charles Morgenstern. Comme d'autres juifs, il s'y est engagé pour servir l'occupant, celui dont les siens sont pourtant l'une de ses premières cibles. Mais pourquoi ?

Dominique COSTERMANS essaie d'en exposer les motifs :

"[...] par opportunisme, par naïveté, par jeunesse, pour sauver leur peau, pour manger." P. 66

Quel passé bien lourd à porter pour les générations suivantes, c'est ce que la famille de Lucie essaie de surmonter au quotidien.

"Ils savent cependant qu'ils avancent dans le passé comme des démineurs, les bras chargés de grenades dégoupillées." P. 100

La démarche de ce roman est à l'image de celle menée par Marie BARRAUD dans son 1er roman "Nous, les passeurs", publié également lors de cette rentrée littéraire de janvier 2017.

Il n'en a toutefois pas la même construction. J'avoue avoir été parfois désarçonnée par la multitude de personnages dont les destins individuels sont imbriqués les uns dans les autres. L'arbre généalogique des dernières pages est indispensable pour donner une vision globale de la famille. L'émotion y a été moins forte aussi mais il n'en reste pas moins un roman puissant.

Je voudrais saluer le devoir de mémoire auquel l'écrivaine concourt et pour cette voix donnée à

"toute une génération après la guerre, celle des rescapés, celle des revenus-de-l'enfer, celle des enfants cachés, celle des survivants. [...] Ils avaient survécu, leur souffrance était inaudible : on les priva de parole. Ou ils se résignèrent d'eux-mêmes au silence." P. 26

Avec ce roman, elle contribue aussi à offrir une certaine émancipation du passé à des générations qui en étaient privées :

"Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l'ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent." P. 110

Quant à la plume, le nombre de citations révèle une grande qualité, des mots justes. Je voudrais maintenant accéder au registre des nouvelles de Dominique COSTERMANS.
Lien : http://tlivrestarts.over-blo..
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Merci à Babelio – via sa Masse Critique – et aux Editions Luce Wilquin de m'avoir permis de découvrir cette auteur ainsi que son livre « Outre-Mère » (en librairie dès le 10 février 2017).

Ce roman concerne donc Charles Morgenstern dont la petite-fille, Lucie, tente de dresser le portait – et son arbre généalogique – sur base des souvenirs et confidences de sa mère, Hélène – la fille donc de Charles Morgenstern.

L'auteur spécifie en début d'ouvrage que son récit est basé sur des faits réels mais qu'il s'agit, bel et bien, d'une fiction, principalement sur fond de seconde guerre mondiale en Belgique.

Si le lourd passé de Charles Morgenstern est vite révélé au lecteur (juif, bruxellois, enrôlé dans l'armée allemande puis indicateur au service de la Gestapo), celui-ci n'en saisit tous les tenants et aboutissants qu'au fil des révélations d'Hélène distillées au compte-goutte. Ces témoignages du passé, au départ, obtenus difficilement se révèlent être, plus tard, une réelle délivrance pour la femme qui arrive enfin à mettre des mots sur cette relation si compliquée qui la lie à, comme elle le nomme, « l'auteur de mes jours ».

Le récit est intelligent et dépeint parfaitement le poids de l'héritage familial, des secrets de famille et la difficulté de se créer une identité dans de telles conditions. "Je sais que les secrets de famille se nourrissent dans l'ombre de nos inconscients, restreignant la part de liberté de ceux qui les subissent" (page 110)

L'auteur choisit une composition architecturale du roman assez compliquée ; le tout étant basé sur des souvenirs, souvent peu chronologiques, et impliquant un nombre assez élevé de personnages.

Personnellement, bien qu'un arbre généalogique en fin de roman facilite la compréhension, je me suis, malgré une lecture attentive, plusieurs fois égarée dans la famille Morgenstern. Je comprends bien qu'il s'agit là d'un choix assumé de la part de l'auteur. Néanmoins, je ne le trouve donc que partiellement maîtrisé.

Mais force est de reconnaître que j'ai dévoré le livre de la première à la dernière page.

Outre-Mère est le premier roman – après une demi-douzaine de recueils de nouvelles – de Dominique Costermans et, à mes yeux, bien prometteur quant aux suivants !

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Intéressant.
Après le héros de « Nous les passeurs » c'est le salaud.
Et si il est difficile d'être fils d'un héros combien il est encore plus dur d'être la fille d'un collabo. Mais pourquoi l'un s'est dévoué à corps perdu pour sauver des inconnus et pourquoi l'autre s'est enfoncé dans l'ignominie ?
Ici c'est encore la petite fille qui fait des recherches familiales. Elle veut comprendre les silences et le mal-être de cette mère qui tait son passé. Elle retrouve trace de ses grands-parents et patiemment entreprend de remonter le temps
Le montage du récit est assez compliqué. Dans ses courts chapitres l'auteur écrit à la première personne puis passe le relais à un autre narrateur. C'est un peu dérangeant. On se perd dans tous les ancêtres et cousins, on avance lentement, on repart en arrière mais c'est le propre de toute recherche généalogique et ça donne du cops au récit. J'aurais aimé plus de profondeur dans la psychologie des personnages mais là encore c'est un autre manque de la généalogie, on a les dates, les faits parfois la photo mais on ne saura jamais les raisons qui ont conduit tel ancêtre à faire ceci ou cela.
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"Outre-Mère" de Dominique Costermans (176P)
Ed. Luce Wilquin
Bonjour les fous de lectures
Voici une découverte d'une auteure belge.
Il s'agit d'une histoire de secret de famille.
Lucie ne connait presque rien de ses ancêtres.
A ses multiples questions, s'oppose un refus de sa mère d'aborder le sujet.
Pourquoi?
La jeune femme décide alors de faire les recherches par elle-même ( de passer "outre-mère") et découvre avec stupeur que son grand-père a eu un passé bien peu glorieux.
En effet, celui-ci, juif fut enrôlé à titre d'indicateur au sein de l'armée allemande.
A cela s'ajoute une vie sentimentale plus que complexe.
A force de ténacité, de recherche et de questionnement, qui virent à l'obsession, l'histoire familiale se dévoile et livre ses non-dits.
L'arbre généalogique prend forme.
Certaines langues se délient.
Certains comme Lucie veulent connaitre le passé ( les jeunes générations), d'autres sont plus frileux et préfèrent le silence.( les anciens pour qui le passé est trop proche ).
Ce livre est assez étrange, il se présente plus comme un rapport d'enquête, froid et sec comme un rapport de police, que comme un roman.
L'arbre généalogique en fin de volume est d'un grand secours car on a vite fait de perdre pied dans les embranchements tentaculaires qui partent un peu dans tous les sens au début de la narration.
J'ai ressenti peu d'empathie pour Lucie et ses nombreux questionnement( avec des "si", certes l'histoire aurait pu être totalement différent ).
Est-ce du à la façon dont est présentée sa quête de vérité ? Au peu de place donné aux ressentis et sentiments de chacun?
Au style assez froid et sec ?
Je ne sais pas.
Je termine ce roman avec un sentiment mitigé.
L'histoire est certes intéressante mais il manquait un petit " je ne sais quoi" pour la rendre passionnante.
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